Techno Diesel s’est ainsi donné tous les moyens pour réussir, et le plus longtemps possible. «Mon père a même écrit une vision de ce que sera l’entreprise dans 200 ans», souligne Caroline Thuot, qui préside depuis 2016 l’entreprise fondée en 1977 par son père Marcel à laquelle s’est jointe sa mère Jacinte trois ans plus tard.
Outre la qualité de ses produits et services, cette PME de Joliette spécialisée dans l’entretien et la réparation de camions et remorques mise aussi sur une structure organisationnelle qui lui sied très bien. «Chacune de ses entités a sa propre force et utilité. Elles s’emboîtent et s’attachent ensemble pour assurer le développement de l’entreprise et sa pérennité», fait valoir Caroline Thuot.
«On rit et on pleure»
Elle dirige l’entreprise en compagnie de ses soeurs cadettes Andrée-Anne, directrice générale, et Marjorie, responsable amélioration continue et innovation. Une quatrième, Marilène, travaillait aussi au sein de l’entreprise familiale depuis près de 20 ans et était directrice des projets stratégiques avant de décider, en 2020, de créer une entreprise dans le secteur de l’immobilier et ainsi voler de ses propres ailes. Toutes les quatre sont actionnaires de l’entreprise, de même que leurs parents et un autre dirigeant qui ne fait pas partie de la famille. D’où l’importance d’avoir à la fois un conseil de famille et d’actionnaires distinct.
«Il fallait départager les rôles. Le conseil de famille a été créé par mes parents il y a environ 20 ans pour s’assurer justement que l’harmonie familiale résiste au fait de travailler tout le monde ensemble. On a déjà vu des familles se détruire à cause d’une entreprise. Le conseil de famille nous amène à nous demander chacun comment ça va, avec soi-même mais aussi en lien avec chaque membre de la famille. Ça nous permet d’aborder des questions de relations humaines, plus émotives. Ce sont des rencontres très riches où on rit et on pleure aussi», relate Mme Thuot. Le conseil de famille, qui se réunit pendant une demi-journée à tous les trimestres, profite également de l’encadrement d’un couple de thérapeutes en psychologie et relation d’aide.
Le comité consultatif, en place depuis 1987, joue aussi un rôle crucial. Ces dernières années, il a notamment contribué aux projets d’acquisition et de diversification de l’entreprise. Techno Diesel s’est en effet lancé dans un nouveau secteur d’activité, soit la fabrication, la réparation et la distribution de toiles pour véhicules lourds qui l’a amené à étendre ses activités partout au Canada. Elle a aussi fait l’acquisition d’Atelier Marco Desrosiers, une entreprise de Saint-Gabriel-de-Brandon qui offre entre autres l’installation et le remplacement de téflon et de système de toile, de même que du Centre du Camion Denis, situé à Rimouski.
Une gouvernance en évolution
«Ç’a été formidable de pouvoir profiter du bagage de connaissances et de l’expertise des membres du comité consultatif qui nous ont accompagné et guidé pour mener à bien ces projets d’acquisition», fait valoir Caroline Thuot, en précisant que le comité consultatif a toujours eu dans ses rangs un entrepreneur oeuvrant dans l’industrie du transport.
Techno Diesel est toutefois à revoir ses structures organisationnelles et envisage de transformer le conseil consultatif en conseil d’administration qui regroupera aussi des personnes de l’externe. «Une gouvernance d’entreprise, c’est vivant, ça doit aussi évoluer», explique Mme Thuot qui dit avoir besoin d’appuis au niveau décisionnel.
D’autant plus que l’entreprise a fortement progressé ces cinq dernières années, alors que ses revenus ont bondi de 15 M$ à 35 M$ et le nombre d’employés de 100 à 175. Ces changements de structure, de même que la volonté d’acquérir d’autres entreprises, s’inscrivent dans son objectif de devenir d’ici 2030 le plus grand réseau de centres de services pour véhicule lourds au Canada. Et de réaliser le rêve de son fondateur d’être encore en activité dans 200 ans!
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3 questions à Caroline Thuot
1. Qu’est-ce qui vous motive, comme entrepreneure, comme dirigeante?
«Les gens! Le bonheur de créer des liens, de voir des personnes talentueuses évoluer, se développer et progresser! Sentir la confiance de nos clients, ressentir la joie d’aider et de faire une différence. Entendre les rires, écouter les fiertés, participer à des projets en collaboration. Bref, tout ce qui m’amène à être “avec” les gens.»
2. Quel souvenir souhaitez-vous laisser de votre parcours d’entrepreneur?
«L’amour est une clé dans l’entrepreneuriat, la gestion et le leadership. Aimer ce qu’on fait, aimer ceux avec qui nous évoluons, aimer tout simplement mais totalement afin de découvrir les beautés et les talents de chacun.»
3. Que feriez-vous si vous n’aviez peur de rien?
«Je voyagerais quatre mois par année tout en collaborant à distance en étant convaincue que je ne cause pas de lourdeurs à qui que soit par mon absence physique et que je suis utile à l’organisation que j’aime.»
En collaboration avec l’École d’Entrepreneurship de Beauce