Davantage de femmes qu'en 2018, peut-être quelques autochtones, plus d'élus issus de l'immigration, voire quelques représentants des minorités sexuelles. Voilà à quoi risque de ressembler l'Assemblée nationale, au lendemain de l'élection générale, selon une compilation effectuée par La Presse Canadienne, à partir des données fournies par les cinq principaux partis.
Tout indique que cette nouvelle Assemblée nationale sera plus diversifiée que par le passé, donc plus conforme à la population qu'elle est censée représenter, étant notamment plus féminine qu'en 2018, si on se fie à la proportion record de candidatures de femmes proposées par les cinq principaux partis désireux d'occuper les 125 sièges du parlement.
Mais il faudra attendre le 3 octobre pour voir dans quelle mesure la proportion record d'aspirantes parlementaires se traduira en proportion record d'élues. Trop souvent les partis peuvent être tentés de présenter des femmes dans des circonscriptions perdues d'avance, uniquement pour sauver leur image.
CAQ: 55% de femmes
Même en 2022, il demeure toujours plus difficile de recruter des femmes en politique. À ce propos, il faut souligner les efforts faits par l'entourage du chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, qui a réussi cette fois à convaincre 69 femmes de porter ses couleurs. Les femmes sont donc en majorité, comptant pour 55 % de l'équipe de candidats. La popularité immense de la CAQ et de son chef a pu certainement contribuer à faciliter le recrutement au cours des derniers mois, qu'il s'agisse d'hommes ou de femmes.
On est bien loin de l'élection de 2014, quand l'équipe de François Legault ne comptait que 21 % de femmes, se classant au dernier rang des quatre grands partis. En huit ans, à la CAQ, on aura donc fait un bond appréciable de 21 % à 55 % de candidatures féminines.
Malgré ses efforts, la CAQ est toujours devancée, mais de justesse, par Québec solidaire (QS), avec 70 candidates, soit 56 % du total. La performance est tout de même ici moins spectaculaire, puisque le parti de gauche a dans ses statuts de présenter autant de femmes que d'hommes.
Au troisième rang, on trouve le Parti québécois (PQ), avec 42 % de candidatures féminines, suivi du Parti libéral du Québec (PLQ), avec 41 %, les deux atteignant ce qu'il est convenu d'appeler la zone de parité.
On constate que même s'il est dirigé par une femme, Dominique Anglade, féministe convaincue, le PLQ recule au lieu d'avancer, en matière de présence féminine. Il a perdu 3 points (passant de 44 % à 41 %) de 2018 à 2022.
Des cinq grands partis, le Parti conservateur du Québec (PCQ), d'Éric Duhaime, ferme la marche avec 37 % de candidatures féminines. Le chef du parti, qui ne partage pas l'objectif de parité, ne s'était pas engagé à atteindre un nombre minimal.
En 2018, les quatre grands partis s'étaient tous engagés à atteindre la zone de parité, soit un minimum de 40 % de candidates dans leur équipe et tous avaient respecté leur engagement. La CAQ et QS affichaient 52 % de candidatures féminines, tandis que le PQ franchissait de justesse la barre des 40 %.
Gais, transgenres et autres
Milieu par définition conservateur, attaché aux traditions, aux rituels du passé, le parlement n'a pas été reconnu jusqu'à maintenant pour son grand nombre d'élus prêts à afficher publiquement leur homosexualité ou leur différence identitaire. Mais les temps changent.
Après les André Boisclair, Agnès Maltais et Manon Massé, notamment, d'autres pourraient bientôt faire entrer la diversité sexuelle au parlement, la tête haute.
Au PQ, on compte une candidate transgenre.
QS se démarque des autres partis avec pas moins de 22 candidats (17,6 %) prêts à s'afficher en tant que membres des diverses minorités sexuelles: gais, lesbiennes, transgenres, bisexuels, queers, personnes non binaires ou autres.
Au PLQ, on en compte cinq dans cette catégorie (4 %), dont la députée sortante Jennifer Maccarone.
De leur côté, la CAQ n'a pas recueilli cette donnée et le PCQ non plus.
Les Autochtones au Salon bleu?
Dans le passé, un seul Autochtone a franchi le seuil du Salon bleu, et brièvement: Alexis Wawanoloath, pour le Parti québécois dans Abitibi-Est, de 2007 à 2008.
QS présente cette fois six candidats (4,8 % du total) issus des Premières Nations, en misant beaucoup sur Maïtée Labrecque-Saganash, dans Ungava. Elle pourrait revendiquer le titre de première femme autochtone jamais élue à l'Assemblée nationale.
La CAQ a un candidat autochtone, tout comme le PLQ et le PQ. Le PCQ n'en a aucun.
Anglophones et minorités culturelles
C'est au PLQ qu'on trouve la plus grande proportion de candidats anglophones, immigrants ou issus des communautés culturelles, avec 15 anglophones et 39 aspirants provenant des minorités culturelles.
Le PQ et QS n'ont pas de candidats anglophones, mais QS a 32 candidats qui sont soit des immigrants, soit des membres de diverses communautés, contre 10 du côté du PQ.
Le PCQ compte 9 candidats anglophones et 27 dans la catégorie immigrants ou membres des communautés culturelles.
La CAQ compte 11 candidats qui s'identifient aux minorités culturelles.
Âge moyen: la quarantaine
C'est à la CAQ qu'on trouvera les candidats les plus âgés. Le plus vieux a 68 ans et le plus jeune 21 ans, pour un âge moyen de 49 ans pour l'équipe caquiste.
L'âge moyen des candidats est de 45 ans au PLQ, 39 ans chez QS et au PQ, tandis que cette donnée n'a pas été fournie par l'équipe du PCQ.