Cette phrase, je l’ai souvent entendue depuis que je patauge dans le monde de la bière artisanale, il y a maintenant presque 25 ans.
Et pourtant…
C’est exactement ce qui distingue la sélection des microbrasseries de celle des «bières domestiques», distribuées massivement par les producteurs industriels, que vous connaissez tous. La variété.
Et ma foi qu’elle a atteint des sommets inespérés au cours des dernières années. Pour tous les goûts, voire les palais les plus capricieux.
«Si quelqu’un rentre dans ma microbrasserie et adore toutes mes bières, je serai déçu.»
Il y a plusieurs lunes, Dominique Gosselin m’avait prononcé ces mots. J’avoue être resté stupéfait.
Le maître-brasseur et ex-propriétaire des Brasseurs du temps (BDT) a précisé son idée: il y a tellement d’extrêmes, de flaveurs (oui, oui, c’est un mot) différentes, que c’est quasi impossible d’aimer toutes les bières sur un pied d’égalité. Certains ont la dent sucrée, d’autres chérissent les amères ou encore les sûres. Et voilà ce qui reste au coeur de l’offre artisanale.
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Les macrobrasseries tentent de déplaire à moins de monde possible tandis que les microbrasseries visent à plaire à un plus grand nombre de gens.
La nuance est non négligeable.
Pour revenir à ce que «Dum Dum» disait, quelqu’un peut apprécier plusieurs styles de bières, mais nous avons tous nos préférés. Et pour ceux qui «n’aiment pas le goût de la bière», il est donc de mise de visiter une microbrasserie. Je peux presque vous assurer que vous serez agréablement surpris. Y’a même des «smoothies» maintenant…
L’éveil brassicole
À moins que vous viviez au fond d’une caverne – avant les confinements pandémiques bien sûr – tout un chacun est conscient que le monde de la bière artisanale a connu une croissance fulgurante depuis 15 ans environ.
En Ontario, on compte actuellement un peu plus de 330 microbrasseries. Au Québec, le seuil des 300 vient d’être franchi cette année. Dans la grande région d’Ottawa-Gatineau, quelque 60 adresses sont proposées aux assoiffés. Les doyens de la récente révolution locale demeurent la Brasserie Beau’s (fondée en 2006) et les BDT (2009).
De mon côté, «l’éveil brassicole» s’est produit à Louvain-La-Neuve, une ville universitaire située au sud-est de Bruxelles, en Belgique.
Nous sommes en 1998. Ne connaissant pas les élixirs locaux, des amies belges me commandent une bière. La Chimay Rouge m’a chaviré. Elle me chavire encore à ce jour. Chaque fois que je prends une gorgée de cette trappiste, je me transporte à ce moment en Belgique. On se souvient toujours de la première…
À mon retour au pays, un petit bistro se spécialisant dans les bières artisanales ouvre ses portes à Aylmer. Avis pour tous : mon affection pour L’Autre Oeil est bien connue. Néanmoins, l’éthique du métier fait en sorte que la promotion d’une entreprise est à proscrire. N’empêche que mon éducation brassicole a eu lieu entre ces quatre murs. Je pourrais vous en reparler, disons. Je dis ça, je dis rien… Je voulais juste vous avertir.
Au fil des ans, j’ai dévoré tout ce qui a été mis sous la dent en matière de bières de micros. Tellement, que ma «crise de la quarantaine» m’apportera à travailler quelques années pour Beau’s, à la surprise générale de mes collègues des médias. J’ai vécu l’autre côté de la médaille. Du simple amateur au travailleur de l’industrie. J’en ai appris des choses…
Alors voilà pour mon parcours brassicole.
Ouverture sur un univers
Cette chronique bimensuelle visera justement à vous introduire aux diverses facettes de ce monde, notamment ses réalités, ses dessous, ses acteurs locaux des deux côtés de la rivière et ainsi de suite. Évidemment, il y aura un gros penchant pour l’univers artisanal. L’objectif premier reste d’informer et non d’attaquer «big beer». Après tout, une «50 tablette» demeure le choix de prédilection des amateurs de pêche. La double dry hop IPA à 8% viendra au retour du lac peut-être.
Chaque bière en son temps.
J’ai déjà plein d’idées de textes pour démystifier le monde fascinant de la bière.
Toutefois, je n’ai aucunement l’intention de proposer ou de décrire systématiquement une bière précise, ni de parler spécifiquement d’un mariage parfait entre telle cervoise et tel fromage (désolé patronne).
Certes, j’effleurerai potentiellement le sujet, mais pas de façon courante. Plusieurs chroniques radio, podcasts ou autres existent à ce sujet. Ce qui m’interpelle, c’est de démystifier le monde de la microbrasserie et vous donner le goût de le découvrir vous-mêmes.
Après tout, les goûts et les couleurs ne se discutent pas, comme dit le vieil adage. Bon, peut-être qu’on jasera de couleurs finalement. Les bières blondes ne goûtent pas toutes pareilles par exemple...
Santé!