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En effet, au 363-383, avenue Daly, au cœur de la Côte-de-Sable, une magnifique série de huit habitations contiguës témoigne bien de cette réalité. Construits en 1874 et 1875, ces imposants bâtiments en belles pierres grises sont érigés par Honoré Robillard, le propriétaire d’une grande carrière de pierre dans le canton de Gloucester.

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Robillard est le fils du pionnier de la région, Antoine Robillard, venu travailler à la construction du canal Rideau entre 1826 et 1832. Ce dernier est un des rares francophones de l’époque à être tailleur de pierre, car la grande majorité d’entre eux sont d’origines écossaises.

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En 1883, Honoré Robillard (1835-1914) marque l’histoire franco-ontarienne en devenant le premier député francophone à siéger à Queens Park, à Toronto, à titre de député de la circonscription de Russell, dans l’Est ontarien. Sa riche carrière politique l’amène également à devenir député d’Ottawa à la Chambre des communes, de 1887 à 1896. Nous revendrons d’ailleurs sur cet illustre personnage de l’Ontario français dans une autre page d’histoire.

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Les attributs patrimoniaux

Ces maisons en rangée monumentales se distinguent par plusieurs attributs architecturaux, notamment leurs toits en pente percés de huit grandes lucarnes et leurs belles vérandas ornées de riches fioritures en bois. Ces vastes vérandas doubles ne sont toutefois pas d’origines, car elles datent de 1888. Cela dit, ces ajouts ne font qu’embellir les façades des habitations en rangée. Les énormes cheminées de briques attirent également le regard des passants.

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C’est toutefois la qualité de la pierre calcaire grise et des pierres d’angle provenant de la carrière de Robillard qui attire le plus l’attention. Malgré les élégantes vérandas, ces masses de pierres donnent un aspect plutôt austère à l’ensemble des maisons qui s’inspire du style géorgien.

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Fait intéressant, les habitations en rangée se distinguent également par les murs coupe-feu entre chacune d’entre elles. Notons que ces éléments sont fréquents dans les villes plus anciennes comme Québec et Montréal, mais plutôt rares à Ottawa.

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Dans les années 1890, des annexes en briques sont ajoutées à l’arrière des maisons, ce qui permet de sortir les cuisines des sous-sols.

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En 1978, la Ville d’Ottawa achète et fait restaurer les deux dernières maisons du côté est afin de leur redonner leur aspect d’origine. Depuis, les divers propriétaires tentent de respecter l’authenticité des habitations vieille de près de 150 ans.

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Le poète Archibald Lampman

Au fil du temps, les Terrasses Philomène hébergent de nombreux politiciens et fonctionnaires fédéraux, dont Honoré Robillard et sa famille. Son plus illustre fonctionnaire s’avère le poète anglophone lyrique ottavien du 19^e siècle, Archibald Lampman, décédé dans la capitale le 10 février 1898, à l’âge de seulement 37 ans.

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Pour gagner sa vie, le célèbre poète travaille de 1883 à sa mort au ministère des Postes, où il ne semble cependant pas très heureux. Lampman fait partie du groupe des poètes dit de «la Confédération».

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Le professeur Michael Gnarowski révèle dans l’Encyclopédie canadienne un volet intéressant de la vie du poète de renom: «Bien qu’il passe pour timide et solitaire, Lampman aime fréquenter un cercle d’amis issus surtout de la communauté des écrivains et des intellectuels d’Ottawa.» On peut supposer que cette communauté se rencontre dans le beau domicile d’Archibald Lampman, élu membre de la Société royale du Canada en 1895.

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Un patrimoine francophone

Une plaque bien en évidence sur la devanture des bâtiments trahit malheureusement les origines francophones du constructeur de ces habitations imposantes. En effet, l’inscription en anglais, «Philomene Terrace» fait oublier que cette série d’édifices historiques rappelle le nom de Philomène Barrette (1842-1879), la première épouse d’Honoré Robillard, qu’il avait épousé à Ottawa le 14 février 1860 et qui lui donnera cinq enfants.

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Quoi qu’il en soit, ces habitations exceptionnelles contribuent à embellir cette avenue patrimoniale au cœur de la capitale fédérale. Aujourd’hui, ces splendides maisons en rangée sont protégées pour les générations à venir grâce à Loi sur le patrimoine de l’Ontario.

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Sources: Comité consultatif local sur la conservation de l’architecture, Ottawa. Guide du patrimoine bâti, Ottawa, 2000, p. 129. Michael Gnarowski, « Archibald Lampman », dans L’Encyclopédie canadienne, https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/lampman-archibald.

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