Le Service de police de la Ville de Gatineau (SPVG) déplore 269 collisions en quatre ans impliquant des cyclistes. Sept sur dix ont fait au moins un blessé. Il n’y a pas eu d’accident mortel. Cette statistique est cependant loin de représenter un portrait d’ensemble des incidents qui impliquent des cyclistes sur le territoire de la Ville. Les conflits d’usage sur le réseau cyclable entraînent de plus en plus d’incidents.
Au Québec, en 2020-2021, 1199 cyclistes ont dû être hospitalisés après une blessure à vélo. Seul autre équivalent en termes d’activités sportives et récréatives générant des blessures, le hockey. À eux deux, le vélo et le hockey provoquent 50% des hospitalisations. Un rapport de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) a révélé, plus tôt cette semaine, que les hospitalisations dues à une blessure à vélo sont en hausse de 25% au Canada. Elles ont généré près de 44 000 visites à l’urgence, sans compter celles du Québec dont la compilation n’a pas été rendue disponible pour le rapport. Le nombre d’accidents ayant provoqué des lésions cérébrales est en augmentation de 20% depuis 2016.
Aménagements sécuritaires réclamés
«On peut faire la meilleure campagne de sensibilisation possible, mais en bout de ligne ce sont les aménagements qui dictent le nombre d’accidents», affirme Daniel Varin, vice-président d’Action vélo Outaouais. La Ville de Gatineau doit davantage concentrer ses efforts sur l’aspect sécuritaire des aménagements pour cyclistes, dit-il
La pratique du vélo est en nette augmentation depuis le début de la pandémie. Les gens semblent conserver cette habitude et Gatineau ne fait pas exception à ce qu’on observe ailleurs, note M. Varin. L’utilisation grandissante de nouveaux moyens de locomotion comme les vélos et les trottinettes électriques ajoute aussi une pression supplémentaire sur le réseau cyclable.
«Le réseau n’a pas été pensé pour accueillir autant de monde et autant d’usages, explique M. Varin. Il y a de plus en plus de conflits d’usage avec les vélos électriques, les trottinettes et les autres utilisateurs. On voit aussi beaucoup de nouveaux cyclistes, donc des gens qui sont un peu en période d’apprentissage sur le réseau».
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Intersections dangereuses
Action vélo Outaouais considère qu’une bonne partie du réseau cyclable de Gatineau ne peut pas être considéré comme sécuritaire. L’organisme entretient d’ailleurs «quelques inquiétudes» quant à la mise en œuvre du Plan vélo de 35 millions de dollars voté en 2019 par le conseil municipal de Gatineau. Jusqu’ici, un total de 24,4 km s’est ajouté au réseau cyclable, alors que l’objectif pour les deux premières années du plan était de 41 km. De la vingtaine de nouveaux kilomètres, seulement 3,3 peuvent être qualifiés d’infrastructures durables. Les autres kilomètres ajoutés au réseau sont des bandes peintes en bordure d’artères ou des chaussées désignés.
«La Ville semble vouloir faire beaucoup de kilomètres avec de la peinture, observe M. Varin. À notre avis, il doit y avoir une révision des priorités dans ce plan. Gatineau doit prioriser les infrastructures et leur aménagement. La Ville doit se concentrer sur des aménagements sécuritaires, sur des sentiers multifonctionnels séparés par des bordures de béton ou des bollards. Les cyclistes vont préférer que la Ville en fasse moins, mais qu’elle le fasse mieux. Il devrait y avoir moins d’énergie sur la peinture et plus de travail sur l’aménagement des intersections dangereuses. On les connaît, elles sont identifiées.»
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Trottinettes électriques
La nouvelle venue sur le réseau cyclable, la trottinette électrique, fait beaucoup jaser, cette semaine. Un article du journal La Tribune, à Sherbrooke, a révélé que ce moyen de locomotion n’est actuellement pas permis par le Code de la sécurité routière du Québec. Un Sherbrookois vient d’ailleurs de lancer une pétition pour avoir la permission d’utiliser sa trottinette sur la voie publique. Il n’est pas le seul. D’autres pétitions du genre recueillent déjà des milliers de signatures.
L’agente Andrée East de la police de Gatineau affirme que «bien que des amendes soient prévues pour diverses infractions liées à la trottinette électrique, aucun constat d’infraction n’a encore été émis» à Gatineau. Le SPVG rappelle qu’un projet-pilote de la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ) est en cours et que «seule la trottinette Geebee» est autorisée à circuler sur la voie publique au Québec actuellement.
Ceux qui souhaitent circuler en trottinette doivent cependant se plier à de nombreuses règles comme être âgé d’au moins 18 ans ou à défaut, être titulaire d’un permis de cyclomoteur et être âgé d’au moins 16 ans et avoir suivi une formation du fabricant Geebee, précise l’agente East.