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La cérémonie s’est déroulée dans la charmante petite église Notre-Dame-de-Lourdes à Vanier. La bâtisse au toit plus bas, dont les quatre côtés sont obliques, a été construite en 1970 suite à un incendie. Elle a été conçue pour accueillir moins de gens, en raison de la baisse de la pratique religieuse. La population n’a toutefois aucunement boudé le lieu de culte jeudi. Un dernier hommage à la sauveuse de l’Hôpital Montfort était de mise.

Médias

Lors de ses batailles, Mme Lalonde était présente dans les médias locaux chaque jour. Même les journalistes, qui ne sont pas censés avoir de parti pris, avaient un penchant pour ses revendications. C’est le cas de Michel Picard, animateur du téléjournal Ottawa-Gatineau pendant 16 ans. «Je pense que c’est avec elle que j’ai fait le plus d’entrevues à vie. Je l’ai connue quand elle était mairesse de Vanier», raconte celui qui est maintenant animateur à la radio franco-ontarienne Unique FM.

En plus d’être disponible pour des entrevues, elle parlait très bien le français, souligne le journaliste. «Elle n’avait pas la langue de bois. Je posais une question à Gisèle et elle avait une réponse. Si non, elle disait, “je ne le sais pas encore, mais je vais te revenir.\"»

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M. Picard se rappelle d’avoir mené la dernière entrevue de Gisèle Lalonde. «C’était une entrevue de 30 minutes pour une radio communautaire, sur la place des femmes en politique. C’était le 75e anniversaire du droit des femmes au Canada. C’était extraordinaire ce qu’elle m’a dit. Elle était une grande défenderesse du droit des femmes. [...] Ce qui m’impressionne aussi, c’est qu’elle a rallié des jeunes et des moins jeunes. Je pense que je n’ai jamais été neutre en entrevue!»

Politique

Mme Lalonde a aussi su inspirer de nombreuses femmes à se lancer en politique. On pense notamment à une autre rassembleuse de la communauté de Vanier, Diane Doré, qui l’a succédé comme conseillère municipale de Vanier en 1991. «Elle a tellement donné à la communauté, à l’éducation et à la francophonie. Elle était de toutes les causes, rien ne l’arrêtait. Mais il faut dire qu’elle avait un mari qui l’appuyait. Gille était toujours là pour elle. C’était un couple spécial», évoque-t-elle.

La présente députée fédérale d’Ottawa-Vanier, Mona Fortier, se dit avoir été influencée par la grande dame lorsqu’elle s’est présentée comme première députée d’Ottawa-Vanier en 2017.

«Elle nous a toutes inspirées, les femmes, à faire de la politique proactive et influencée par ses valeurs et ça va continuer à m’inspirer dans tout ce que je fais. J’ai grandi avec l’influence de Gisèle Lalonde. Pas seulement avec Montfort, mais avec L'Association française des municipalités de l'Ontario. Elle voulait non seulement s’assurer qu’on puisse vivre notre langue, mais aussi d’être bien servi et œuvré [en français], pas seulement en Ontario, mais dans tout le pays. Elle nous rassemble encore une fois aujourd’hui.»

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L'ex-sénateur et directrice fondatrice à Radio-Canada, Marie Charette-Poulin, se rappelle de la gentillesse de Gisèle Lalonde lorsqu'elle a ouvert la station de Radio-Canada pour le Nord de l’Ontario à Sudbury en 1978. «Quand j’ai ouvert tous les services de Radio-Canada dans le nord de l’Ontario. Elle a pris le temps de m’appeler pour me dire “Marie c’est important ce que tu fais”. On a besoin d’être encouragé. Qu’on ait 19 ans ou 89 ans, on a besoin de cet encouragement-là», souligne la première Franco-Ontarienne à siéger au Sénat.

«C’était le levain dans la pâte», image Jeanne Drouin, ancienne clinicienne. La Franco-ontarienne se rappelle avoir mis sur place un programme de formation clinique en français pour les étudiants en médecine, mais que la survie de l’Hôpital Montfort était primordial pour cet enseignement. «On ne pouvait pas se permettre de ne pas avoir cette ressource.»

Cette ressource est donc toujours en vie et prospère. De même que les conseils scolaires francophones en Ontario, la langue française en Ontario et les représentantes politiques. Tout ça, grâce à Gisèle Lalonde.

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Bon nombre de gens ont convergé vers l’église Notre-Dame-de-Lourdes à Vanier afin de dire un dernier adieu à la figure de proue franco-ontarienne, dans «son église», où elle se recueillait souvent.

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«Sa vie, elle l’a mise au service de la langue française et des services sociaux pour les Franco-Ontariens.», a affirmé le célébrant, monseigneur Gilles Côté.

Célèbre pour sa lutte pour la sauvegarde de l’Hôpital Montfort, M^me Lalonde a également marqué les domaines scolaire, municipal et provincial.

«Bien sûr, on lui doit la victoire de S.O.S. Montfort, c’est énorme […] Cette lutte fut difficile pour elle, émotionnellement et physiquement. Une chose moins médiatisée, mais tout aussi importante: on lui doit les douze conseils de langue française. C’est elle qui les a obtenus […] Elle a lutté jusqu’au bout. Et l’obtention des douze conseils scolaires de langue française mettait fin à près d’un siècle de lutte pour les Franco-Ontariens», a souligné sa nièce Ginette Gratton.

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On a eu du fun. On a eu du fun en français […] Vous savez ma tante, comme tant de personnes me l’ont écrit depuis votre départ: Gisèle Lalonde oubliée? Jamais!

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La productrice et animatrice a dressé un survol de sa carrière, parsemé de diverses anecdotes drôles. D’ailleurs, elle a même pu observer l’humour de M^me Lalonde une dernière fois quelques jours avant son décès.

«Faut “ben” qu’ils aient un peu de fun ces vieux-là», avait lancé la dame de 89 ans à sa nièce à la suite d’un entretien avec des résidents du Centre d’accueil Champlain.

","type":"paragraph","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Le chroniqueur du Droit et neveu de Gisèle Lalonde, Denis Gratton.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Patrick Woodbury","position":7,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F07980c48-e387-45f8-ba58-253bb7c667e3.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"position":8,"text":"

Avoir du fun

M^me Gratton a relaté que la «présence, l’énergie et l’enthousiasme» de sa tante la marquent depuis qu’elle l’a vue à l’œuvre comme enseignante en 1956. Le reste de la communauté l’a constaté au fil des ans. Quiconque ayant œuvré auprès de M^me Lalonde admet que le travail devait se faire avec plaisir. C’était la ligne directrice de toutes ses activités ont répété plusieurs acteurs de la communauté interviewés avant la cérémonie funèbre.

«Même dans les moments les plus demandant de sa carrière, elle voulait que les gens aient du fun. Du fun en français», a indiqué M^me Gratton avant de dresser une longue liste d'événements «le fun» ayant lieu à Vanier.

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Cette dernière a transmis ses adieux avec un ultime message émouvant.

«Je vous aime avec tout l’amour du monde ma tante, du plus profond de mon cœur. Vous nous avez laissé une francophonie plus riche, plus digne, a déclaré M^me Gratton avec un trémolo dans la voix. Vous nous avez laissé votre joie de vivre. Merci. Le cœur triste, mais rempli de gratitude. Merci ma tante. On a eu du fun. On a eu du fun en français […] Vous savez ma tante, comme tant de personnes me l’ont écrit depuis votre départ: Gisèle Lalonde oubliée? Jamais!»

Politiciens

Plusieurs politiciens sont venus rendre hommage à la grande dame de l’Ontario français.

Du nombre, le maire d’Ottawa Jim Watson a blagué qu’il redoutait les appels de la fougueuse militante.

«Les mots les plus effrayants dans mon cabinet étaient: «Gisèle Lalonde sur la ligne 1», a lancé M. Watson. Personne ne voulait se quereller avec Gisèle dans les médias où dans une réunion, car ils savaient qu’elle gagnerait la bataille.»

Contrairement à ses habitudes, le maire Watson en a surpris plus d’un dans l’auditoire en commençant son discours en anglais — après les salutations d’usage — plutôt qu’en français. Néanmoins, il a consacré la majorité de son hommage dans la langue maternelle de la femme influente.

«Plusieurs personnes ont parlé du rôle de leadership de Gisèle Lalonde dans la survie de l’Hôpital Montfort. Avec l’avantage de plusieurs années de réflexion et après deux ans de pandémie, on comprend encore mieux aujourd’hui la folie de fermer une institution comme Montfort. Ça sera sans doute, le plus grand projet de sa vie», a ajouté le maire Watson.

La présidente du Conseil du Trésor et députée fédérale d’Ottawa Vanier, Mona Fortier, a également pris parole pendant la cérémonie et a tenu à rendre hommage à celle qui l’a inspirée à se lancer en politique.

«Aujourd’hui, c’est avec une profonde tristesse que nous nous rassemblons pour commémorer Gisèle, une femme forte et engagée. Une cheffe de file redoutable pour notre communauté. Tristesse, bien sûr, mais avec beaucoup de fierté. Qui d’autre pourrait nous rassembler tous ainsi en plein été? Une rassembleuse jusqu’à la fin.»

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Par ailleurs, les députés provinciaux brillaient par leur absence lors des obsèques de Mme Lalonde. Aucun député de l’Assemblée législative de l’Ontario ne s’est présenté à la cérémonie jeudi matin.

En contrepartie, le candidat à la mairie d’Ottawa, Mark Sutcliffe, s’est déplacé à l’église, lui permettant de rencontrer plusieurs leaders franco-ontariens.

Outre cette élite, plusieurs résidents de Vanier sont venus saluer «la leur» une dernière fois. Le Droit a même observé un homme portant le t-shirt du S.O.S. Montfort et un bénévole de l’hôpital avec un dossard à son effigie.

Famille

Les nombreux témoignages et hommages rendus jeudi par des personnalités publiques peuvent laisser entendre que Gisèle Lalonde était une femme de carrière en raison de ses contributions importantes. Toutefois, il ne s’agissait pas du cas, explique sa famille.

«Il est important pour mes frères, Richard et André, et pour moi, de vous raconter Gisèle Lalonde, épouse et mère de famille. Parce que malgré toutes les réalisations que vous connaissez, c’est une femme qui a su, bien avant qu’on en parle, équilibrer ses responsabilités familiales avec ses engagements à l’extérieur de la maison», a témoigné son fils Guy Lalonde.

Ses frères Richard et André ont d’ailleurs relaté le côté espiègle de leur mère ainsi que son dévouement à sa paroisse et à la grande famille des Lalonde, mais aussi des Gratton, «loin des caméras».

«Si maman travaillait fort, elle aimait tout autant faire la fête. La porte était toujours ouverte aux membres de la famille et aux amis», se souvient son fils André.

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Il a ajouté que leur mère organisait un voyage familial chaque été lorsqu’elle était enseignante.

«Âgés de sept, 10 et 13 ans, nous avons fait le tour de l’Amérique du Nord avec maman et papa. Ça, c’est du sport!»

«Pour maman, c’était important que la famille participe (à ses activités professionnelles). C’était important que sa famille l’entoure. Malgré son implication à l’extérieur de la maison, maman a toujours fait de grands efforts pour réconcilier sa vie familiale avec ses intérêts politiques», a poursuivi Guy Lalonde en fournissant plusieurs exemples.

Les séquelles d’une lutte

Leader incontestée de la lutte pour la sauvegarde de l’Hôpital Montfort, la famille de la principale intéressée a dévoilé publiquement pour une première fois les séquelles de ce combat.

«Maman y laissera sa santé. Sa récupération n’a jamais été complète, a révélé Guy Lalonde. Je me souviens de le lui avoir demandé, au moment où le gouvernement (de Mike Harris) décidait en appeler du jugement s’il n’était pas le temps de passer le flambeau et de prendre sa retraite. Elle m’avait répondu : ‘Guy, j’aime mieux mourir debout sur un podium que de mourir oubliée.»

Gisèle Lalonde laisse plusieurs membres de sa famille dans le deuil, dont neuf petits-enfants et huit arrière-petits-enfants.

D’ailleurs, lors de la communion son petit-fils, Yan Petit, a interprété la chanson «Perce les nuages» du chanteur country Paul Daraîche en l’honneur de sa grand-maman.

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Gisèle Lalonde a quitté l’église sous les airs de l’hymne franco-ontarien, le «Notre Place» de Paul Demers, chanté par des membres de la troupe des Chansonniers d’Ottawa et de la Chorale Les Jeunes de cœur du MIFO.

Le mot de la fin lui est également revenu alors qu’une image de Gisèle Lalonde surplombait l’autel avec son dernier message à la communauté franco-ontarienne.

«Ne soyez pas tristes, ne pleurez plus mon départ, où je me trouve maintenant, je suis bien. Profitez du bonheur que Dieu vous offre et osez dire aux autres combien vous les aimez...»

Ce qu'ils ont dit

«Je me souviens personnellement d’une grande dame avec un grand cœur. Une dame avec un grand amour pour sa communauté. Une dame dont les actions étaient toujours à la hauteur de ses paroles. Aujourd’hui, nous rendons hommage à une dame extraordinaire qui va beaucoup nous manquer. Il n’y a aucun doute qu’elle a laissé sa marque permanente sur notre ville et que les gens de Vanier, d’Ottawa de la province et même du Canada seront toujours reconnaissants pour son dévouement. […] Un dévouement qui ne connaissait aucune limite humaine.

– Jim Watson, maire d’Ottawa

«Lorsque j’étais debout au Centre Civic avec 10 000 personnes, le 22 mars 1997, en l’écoutant s’époumoner, son plaidoyer, notre plaidoyer, j’ai compris que c’était notre tour de monter au combat. Que c’était le tour de ma génération! De toute évidence, je n’étais pas la seule à penser ainsi puisque non seulement on l’a suivi dans sa lutte, on a pu s’approprier de son succès, et ce, pour des générations à venir […] Nous devons nous inspirer de ce qu’elle nous a légué. De ne jamais laisser tomber ses valeurs et ses principes.»

– Mona Fortier, présidente du Conseil du Trésor et députée fédérale d’Ottawa Vanier

«Gisèle était timide. J’ai été témoin de ses angoisses, de ses insécurités, de ses doutes […] Mais une fois qu’elle ouvrait la porte de chez elle, et mettait le pied dehors, une force incroyable s’emparait d’elle. Un charisme incroyable émanait d’elle. Portée par sa communauté et son désir d’aller jusqu’au bout Gisèle nous aimait. Elle aimait les gens. Elle parlait comme nous. Elle habitait parmi nous. Tant de sacrifices qu’elle a faits et qu’elle a demandé de faire à sa famille. Pour nous. On ne pouvait pas dire non à ma tante Gisèle. Parce qu’on savait qu’elle ne disait jamais non à sa communauté. Ma tante, vous avez été un modèle, un mentor.»

– Ginette Gratton, nièce de Gisèle Lalonde

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