De manière générale, la crise du logement conjuguée à une inflation galopante met beaucoup de pression sur les revenus de toutes les familles québécoises. C’est encore pire en Outaouais où les inondations de 2017 et de 2019, en plus de la tornade de 2018, ont détruit des centaines d’habitations.
La crise frappe aussi plus fort à Gatineau qu’ailleurs au Québec en raison de la proximité d’Ottawa. Pendant la pandémie, un nombre record d’Ontariens ont déménagé au Québec, accentuant la rareté de logements et la pression à la hausse sur les loyers. Et je ne parle même pas du phénomène des Airbnb qui vient réduire l’offre de logements disponibles. Pas pour rien que sitôt élue, la mairesse de Gatineau, France Bélisle, a créé un «comité-choc» pour trouver des solutions rapides à la crise du logement.
Le hic, évidemment, c’est qu’il n’y a pas de solutions rapides.
La question du logement est complexe. Notamment en ce qui a trait à l’accès au logement pour les familles nombreuses et sans grands moyens financiers. L’expérience a démontré que le marché immobilier ne s’autorégulera pas de lui-même. Si on laisse le champ libre aux promoteurs, ils s’empresseront de construire ce qui rapporte le plus. Des condos en masse, du luxe, du clinquant. Mais pas beaucoup de logements sociaux et abordables. Le navrant phénomène des rénovictions, auquel Gatineau n’échappe pas, en est témoin…
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/ZE2EV4OFPVD57FDWZSPIPFODEI.jpg)
L’État a la responsabilité d’intervenir pour équilibrer les choses, pour assurer une certaine justice sociale. Or à la fin des années 1990, le gouvernement fédéral a cessé d’investir massivement dans le logement abordable, notaient des chercheurs de l’IRIS. Le marché ne s’en est totalement jamais remis. Surtout que lorsque le fédéral a retiré ses billes, le Québec n’a pas pris le relais, pas suffisamment en tout cas. De là un effet cascade qui nous amène au goulot d’étranglement que l’on connaît aujourd’hui.
Alors oui, la crise du logement devrait être l’un des principaux enjeux de la prochaine élection provinciale en Outaouais. Tout autant que la santé, la pénurie de main d’oeuvre et le transport. Québec Solidaire promet de faire du logement un sujet majeur, et s’engage d’entrée de jeu à construire 50 000 nouveaux logements sociaux supplémentaires.
Qui dit mieux?
J’ai hâte d’entendre les propositions des autres partis. Notamment celle de la CAQ. Malgré des chiffres qui ne mentent pas, le gouvernement Legault a mis du temps à seulement reconnaître l’existence d’une crise du logement au Québec. Rappelez-vous de la déclaration de la ministre des Affaires municipales et du Logement, Andrée Laforest, qui soutenait que l’Outaouais était l’une des régions les moins touchées du Québec…
Parlant de logements sociaux, on devrait peut-être examiner l’exemple de Vienne. Dans un reportage publié l’automne dernier, La Presse + rapportait que la capitale autrichienne compte 420 000 logements sociaux où habite 60 % de la population. On parle de vastes complexes avec des piscines sur les toits, des saunas, des courts de tennis, des écoles, de terrasses où pousse une végétation luxuriante. Même s’ils ressemblent à des ensembles immobiliers de luxe, ces logements sont en fait… subventionnés par la ville. Comme quoi le logement social peut se traduire par autre chose que la construction de blocs gris et rébarbatifs!