Il n’a plus la crédibilité pour diriger cette organisation.
S’il savait comment y faire le ménage et surtout s’il comprenait pourquoi, d’un océan à l’autre, quand on regarde Hockey Canada, on n’y voit qu’un immense gâchis, on ne serait pas ici.
S’il savait comment piloter l’organisation en 2022, on n’aurait pas passé les derniers mois à attendre que les journalistes, en commençant par Rick Westhead de TSN, et les parlementaires nous disent ce qui s’y passe et soulèvent des questions fondamentales au sujet des valeurs qui y sont défendues. On n’aurait pas non plus passé les derniers mois à regarder la ministre fédérale des Sports Pascale St-Onge bloquer les subventions fédérales parce que rien d’autre ne semble efficace. Ou à féliciter ces commanditaires qui ont arrêté, eux aussi, un par un, de donner leur appui à la fédération.
Si M. Smith comprenait la gravité de la poursuite déposée par une femme qui soutient avoir été victime d’un viol collectif à London en 2018, crime qui aurait été commis par huit joueurs de hockey junior, en marge d’un gala organisé par Hockey Canada, des gestes de quête de vérité et de justice conséquents avec l’ampleur des actes allégués auraient été posés.
Or, rien de tout ça n’a été fait, dit, piloté convenablement.
La ministre des Sports, Pascale St-Onge, affirme ne pas pouvoir mettre l’organisme sous tutelle.
Dommage.
Au Conseil d’administration de jouer. Mais au moment d’écrire ces lignes, le conseil composé de sept hommes et deux femmes et présidé par Michael Brind’amour, un avocat de Joliette, était toujours coi.
Coi comme encore certains des joueurs qui faisaient partie, à l’époque de l’agression alléguée, de l’équipe canadienne de hockey junior visée par la poursuite de London.
Précisons London parce que depuis que ce scandale a été déterré, un autre a refait surface. Ça serait passé, cette fois-ci à Halifax en 2003, une autre histoire de viol collectif et de hockey junior actuellement revisitée par les enquêteurs de la police.
Mais le gâchis dont on parle va plus loin.
On parle maintenant de l’écroulement d’un système de confiance autour de tout le hockey petit et grand car grâce aux questions des parlementaires et aux enquêtes menées autour de ces affaires, on a appris que les sous versés par les parents de jeunes joueurs, pour payer les fédérations de hockey encadrant ce sport à tous les niveaux, servaient notamment à renflouer un fond spécial dédié à gérer les affaires non assurables. On parle ici d’indemnisations quand il y a des allégations d’abus et d’agressions sexuelles. La présumée victime de London, par exemple, poursuivait l’organisme et des joueurs pour 3,55 millions de dollars avant qu’une entente ne soit conclue. On parle aussi des frais d’avocats et pour les enquêtes internes.
L’incapacité ou l’absence de volonté, de Hockey Canada, de faire disparaître la culture toxique du hockey où l’aura du sport est utilisée comme levier pour commettre des abus a un coût humain incommensurable et un coût réel qui se compte en millions.
Être un bon, un excellent, un sublime joueur de hockey n’a jamais permis à personne d’agresser ou abuser. Une brillante carrière, réelle ou potentielle, sur la glace, n’y change rien.
Les victimes ont aussi droit à la réussite, sans blessures, sans mettre leur vie sur la glace à cause de jeunes athlètes aux valeurs intoxiquées.
Et ça, on dirait que Hockey Canada ne le comprend pas.