Lorsqu’une collision frontale survient sur la route, la vie de tous les occupants de la voiture est en danger. Or, les tout-petits sont particulièrement à risque, car leur tête est proportionnellement plus grosse que celle d’un adulte et les muscles de leur cou ne sont pas assez développés pour la retenir. De ce fait, ils sont plus à risque de subir de graves blessures.
En cas d’impact frontal, tout ce qui se trouve dans l’auto est projeté violemment vers l’avant, y compris les passagers. Si l’enfant est orienté face à la route, le harnais maintiendra son corps en place, mais sa tête basculera brutalement vers l’avant dans un mouvement d’aller-retour dans le vide. Par contre, s’il y fait dos, quand son corps et sa tête tenteront de se projeter vers l’avant de l’auto, le dossier leur fera obstacle.
«Puisque le dos, la tête et le cou sont appuyés au dossier, la force de l’impact est répartie sur l’ensemble du haut du corps et la tête n’est pas projetée vers l’avant, sans soutien. De ce fait, les conséquences de l’impact sont moins importantes. En comparaison, lorsque l’enfant fait face à la route, les forces sont réparties uniquement au niveau des sangles du harnais, et la tête n’est retenue que par le cou. Cette situation induit des forces et des moments plus importants qui peuvent causer des blessures plus sérieuses», explique Julien Dufort, ingénieur spécialiste des ensembles de retenue pour enfants de l’Équipe de sécurité routière de Polytechnique Montréal.
Avec humour, il souligne que si nous pouvions conduire nos voitures en faisant dos à la route, nous serions mieux protégés en cas de collision frontale. Voyez ci-dessous un exemple parlant (la statistique à 0:14 est souvent utilisée, mais nous ne pouvons confirmer d’où elle provient).
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Parents pressés
Dans les faits, les parents ont souvent hâte de changer l'orientation du banc. Certains sont fiers de voir leur enfant quitter son siège de bébé. D’autres préfèrent les bancs orientés vers l’avant, car il est plus facile d’y installer l’enfant. Et d’autres veulent changer de siège parce que les pieds du bambin touchent la banquette et ils craignent des blessures aux jambes en cas d’impact.
«Dans les enquêtes auxquelles j’ai participé, je n’ai jamais vu de blessures causées parce que les jambes dépassaient, dit Julien Dufort. Mais même si cela arrivait, vaut-il mieux une blessure aux jambes ou à la tête et au cou?» Selon lui, le niveau de sécurité apporté par le fait de faire dos à la route surpasse largement l’inconfort d’être assis avec les jambes repliées.
D'un point de vue légal, «le poids indiqué par le fabricant est le minimum requis pour installer l'enfant face à la route», indique le porte-parole de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), Mario Vaillancourt. Quand le modèle du siège le permet, les fabricants recommandent toutefois de prolonger la période où l’enfant est tourné vers l’arrière. Cette recommandation est également encouragée par la SAAQ, Transports Canada et les associations pédiatriques canadiennes et américaines.
Pour ce faire, les parents ont deux choix: la coquille ou le siège convertible. Selon les experts qui travaillent avec Protégez-Vous pour le test de sièges d’auto, il est préférable qu’un nourrisson soit assis dans une coquille ne couvrant que la phase 1, ce format étant bien adapté à sa taille. Cela dit, beaucoup de parents préfèrent opter dès la naissance pour un siège convertible qui fait dos à la route quand le bébé est petit (phase 1), puis qu’on oriente vers l’avant (phase 2) quand l’enfant est plus grand.
Quand orienter le siège vers l’avant?
Puisque les enfants grandissent à leur rythme, il faut évaluer sur une base individuelle le bon moment, résume Sau Sau Liu, porte-parole de Transports Canada.
Pour les coquilles, le poids maximal de l’enfant peut aller jusqu’à 16 kg (35 lb), ce qui correspond à environ 2 ans. Quant au siège convertible, certains peuvent être orientés vers l’arrière jusqu'à 23 kg (51 lb), soit jusqu’à environ 7 ans!
On peut donc utiliser une coquille à la naissance de l’enfant, puis passer au siège convertible orienté vers l’arrière lorsque le bambin est plus grand. «Il n’y a pas d’inconvénient à ce qu’un enfant ait les jambes un peu repliées, soit assis en indien ou soit âgé de trois ou quatre ans», résume Mario Vaillancourt. Il précise que l’âge minimal cité dans les études et faisant l’objet d’un consensus d’experts est 2 ans.
Bref, en cas de collision frontale, l’enfant qui regarde vers l’arrière risque moins de subir un traumatisme cervical ou des lésions à la moelle épinière que celui qui regarde vers l’avant.
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