Chronique|

À la rescousse de Flokie!

CHRONIQUE/ Une simple histoire de déprime, de chat bandit et de communauté de voisins en ligne.


Salut Salut! Ça fait un bail! Je tiens à m’excuser, car ça fait un moment que je délaisse cette chronique. J’espère que vous ne m’en voulez pas trop. C’est que mes patrons m’ont donné de nouvelles responsabilités sur notre compte Instagram et c’est plutôt demandant (venez voir ce que je fais ici). Je ne me plains pas, c’est un beau défi, mais ça ne me laisse plus autant de temps qu’avant pour écrire. 

À vrai dire, il n’y a pas que ça. Les réseaux sociaux que j’aime tant m’ont joué des tours ces temps-ci. Je me suis surprise à consulter les likes de la page Instagram du journal les yeux à peine ouverts et à scruter nos statistiques, juste avant de tomber dans les bras de Morphée. 

Les pages que j’aimais tant consulter auparavant sont devenues de féroces rivales qui me rappelaient mes torts à toute heure du jour et de la nuit: «pourquoi n’ai-je pas fait une publication à ce sujet, leur vidéo est tellement mieux que les miennes, j’aurais dû écrire là-dessus avant!». 

Le nombre de minutes passées sur mon écran s’est mis à augmenter à la même fréquence que les interactions sur notre page. Malgré les chiffres encourageants, j’avais du mal à dormir. Tout d’un coup, je ne me trouvais plus jolie, j’avais de moins en moins faim, je trouvais que tout ce que je faisais était nul. Petit à petit, sans trop en parler, je me suis enfermée dans une bulle d’idées noires qu’on appelle communément le FOMO ou le fear of missing out

Ce sentiment, grandement alimenté par les réseaux sociaux, vous donne l’impression que les autres s'amusent plus, vivent mieux ou connaissent de meilleures expériences que les vôtres. Une fois dans la spirale, il peut être très difficile d’en sortir et votre confiance en prend un sacré coup. «Prends une pause des réseaux», m’a-t-on conseillé. C’est plutôt difficile lorsque c’est son gagne-pain…

C’est pourquoi je n’arrivais plus à vous parler des bizarreries d’internet, de communautés fabuleuses ou des possibilités infinies que peuvent offrir ces plateformes. Même si je suis très critique de ce qui se passe sur les réseaux, j’ai commencé à perdre l’essence de cette chronique: parler de comment ces plateformes modifient nos façons d’interagir pour le meilleur et pour le pire. 

Heureusement, grâce à Flokie, je pense être en train de retrouver ma voie. J’espère que cette histoire vous donnera autant le sourire autant qu’à moi.

Mon histoire de chat

La semaine dernière, j’ai choppé la COVID pour la deuxième fois en réalisant des reportages au FEQ. Ce n’est pas si étonnant vu que je filmais une vidéo sur les mosh pit avec une horde de dudes en chest sur le Guru qui me postillonnaient au visage (les risques du métier comme on dit). Mon corps endolori, mes pensées enfermées dans le FOMO, je décide de prendre congé. C’est là qu’en profitant de la brise sur mon balcon, je vois qu’un gros chat me fixe. 

En rentrant me servir un verre d’eau, il tente de me suivre à l’intérieur. Je lui ferme la porte au nez en lui disant qu’il n’est pas chez lui et il se met à protester à coups de longs miaulements rébarbatifs. Je me prends la tête avec lui quelques minutes et je me résigne à lui donner un bol d’eau. 

Le lendemain, rebelote, mais cette fois, il vient carrément miauler à ma fenêtre de chambre. «On ne va pas être potes toi et moi», lui dis-je la tête fiévreuse. Ça est, je parle au chat maintenant… À chaque fois qu’il revient, il fait de plus en plus de bruit et je ne peux même plus sortir sur la terrasse sans qu’il tente de s’introduire chez moi. 

Un soir de grosse pluie, il se met sur le bord de ma fenêtre et il me fait pitié. Il faut savoir que dans Saint-Jean-Baptiste, les chats font leur loi et décident d’importuner tout le voisinage quand bon leur semble à la recherche d’attentions et de gâteries. En plus, je ne suis pas la plus grande amoureuse des animaux… Mais bon, là il semble vraiment seul. 

J’écris sur le groupe Facebook de mon quartier avec une photo. Tout de suite, on me dit d’écrire sur le groupe réservé aux chats du quartier (oui, oui, il y en a un et il est très actif). En quelques minutes à peine, plusieurs personnes du voisinage répondent à mon message. Ils et elles s’identifient dans des messages afin de trouver le propriétaire du fameux chat. Ce qui se passe ensuite est simplement incroyable. 

Plusieurs dames qui semblent connaître tous les chats des environs unissent leurs forces et trouvent à qui appartient le chat. Même qu’il y en a une qui me contacte en privé avec une capture d’écran d’une publication qui date d’y a 2 mois où se trouve le numéro du gardien de Flokie (il semblerait qu’il n’en est pas à sa première fugue). 

Je finis même par avoir le contact de mon voisin du haut avec qui on observe la scène, admiratifs et amusés. On s’est même dit qu’on organiserait une soirée de voisins quand je n’aurais plus ce satané virus. 

Après cette épopée, j’ai pris mon ordinateur, et j’ai écrit cette histoire. Ça faisait des semaines que les réseaux ne m’avaient pas fait sourire de la sorte. Cette saga m’a ramenée à ce que j’aime tant dans cette chronique: parler des gens qui peuplent la toile. 

J’aime observer leurs dynamiques sociales, leurs échanges, leurs querelles et les mouvements de solidarité. En l’espace de deux heures, grâce à Flokie, je me suis sentie moins seule et j’avais l’impression de prendre part à un évènement dans ma communauté. 

Alors reviens quand tu veux gros matou. Le FOMO et la déprime me guettent toujours, mais si tu me rends visite, je me rappellerai de cette petite histoire. La prochaine fois, j’essaierai d’avoir quelques croquettes sous la main.