Pénurie de main-d’oeuvre et impacts pandémiques: le restaurant Sésame ferme ses portes

Le restaurant de cuisine asiatique Sésame a fermé ses portes le 4 juillet dernier.

La pandémie et la pénurie de main-d'œuvre auront finalement eu raison de la succursale gatinoise du restaurant de cuisine asiatique Sésame, dans le Plateau, qui a fermé ses portes le 4 juillet dernier.


«C’est la COVID qui nous a tués. Le manque de personnel, la réouverture des restaurants qui ne se fait pas nécessairement [aussi bien], avec le même achalandage», a expliqué au Droit Marie-Pierre Daviau-Franche, qui était la propriétaire de l’endroit. «Ça a été extrêmement difficile et on n’a pas été en mesure de ramener les chiffres de ventes à ce qu’ils étaient.» 

Le coût des opérations, qui ont énormément augmenté au cours des derniers mois, a aussi pesé lourd dans la balance. «C’est rendu incroyable [faire] rouler un restaurant. La nourriture, les frais d’entretien, même la main-d'œuvre sans expérience qui demande 18$, 20$ de l'heure pour venir travailler en cuisine, à moment donné, on ne peut pas supporter ça indéfiniment.» 

La fermeture devenait donc inévitable. «On ne peut pas éternellement injecter de l’argent dans une entreprise comme ça. L’avenir de la restauration n’est pas rose. On n’est pas les seuls. Le manque de main-d'œuvre est le pire facteur en ce moment, et la COVID. Les gens sortent pas mal moins, une récession s’en vient, les gens vont couper dans les dépenses au restaurant. Ce n’est pas une situation qui s’en va en s’améliorant.» 

À l’annonce de la fermeture de la succursale sur les réseaux sociaux de l’entreprise, la clientèle a réagi très fortement et était visiblement très déçue de la tournure des événements. «Ça nous a fait chaud au cœur de voir ça», a-t-elle lancé. 

Plus de flexibilité 

Mme Daviau-Franche était à la barre de la seule franchise du Groupe Sésame, qui aurait fêté ses dix ans le 12 juillet. Les cinq autres succursales en opération sont gérées par le franchiseur et se concentrent dans la région du Grand Montréal, à l’exception d’une succursale à Québec. 

Elle souligne qu’elle aurait aimé avoir plus de flexibilité dans les promotions internes et des offensives de marketing locales, ce qui, selon elle, aurait pu aider à attirer de la clientèle régionale. Ces offensives se seraient toutefois vu être refusées par la maison-mère. 

«Notre marché à Gatineau est vraiment différent de celui de Montréal. Il aurait fallu un peu plus de flexibilité de ce côté-là pour qu’on puisse rehausser nos ventes et aller chercher une autre clientèle qui est différente de Montréal», avance-t-elle.  

«C’est nous qui gérons la marque. Il y a des procédés établis pour être cohérents», a justifié Vallier Dufour, président du Groupe Sésame, qui s’est dit très déçu de la fermeture de la succursale gatinoise. «Ça peut être aussi simple que la qualité des photos qu’on veut utiliser, les couleurs du logo. Il y a un cadre bien installé pour rester dans l’image de la marque. [...] Dans notre mécanique de contrat, il y a 1% des ventes qui est alloué à la pub locale. Le, ou la, franchisé en dispose comme elle veut, avance-t-il. On gère toujours l’aspect graphique de ce qu’on publie, pour qu’on soit cohérent, que les clients se rejoignent et qu’il n’y ait pas de dérapage. Que ce soit une succursale qui est franchisée ou pas, ce sont les mêmes règles pour tout le monde.» 

Marie-Pierre Daviau-Franche ne compte pas se relancer dans le milieu de la restauration de salle à manger.

Le SushiGo demeure ouvert

Mme Daviau-Franche est également propriétaire de la succursale SushiGo, adjacente au Sésame. De par son accent mis davantage sur le pour emporter, le Sushi Go demeurera ouvert, assure-t-elle. «Ce sont vraiment deux entités complètement indépendantes. On n’a pas besoin de personnel de salle à manger. C’est beaucoup moins de gestion. Ça fonctionne pas mal mieux.» 

Le milieu de la restauration de salle à manger, Mme Daviau-Franche ne compte pas s’y relancer de si tôt. «Ce n'est vraiment pas un milieu facile. C’est extrêmement difficile, extrêmement exigeant sur les propriétaires et les gestionnaires.»

M. Dufour souligne de son côté ne pas avoir encore fait une croix définitive sur Gatineau. «On nourrit des espoirs, quand même. On va bientôt savoir si on a ce qu’il faut ou pas pour continuer l’aventure à Gatineau.»