Eaux Turbulentes: une recrue autochtone se joint à l’équipe

Gabriel Sabourin (Charles Carignan). Ève Ringuette (Rubina Duquette) et Hélène Florent (personnage de Marianne Desbiens).

L’équipe de Bliktv a récemment achevé, dans la région d’Ottawa, le tournage de la deuxième saison d’Eaux Turbulentes, mettant en vedette Hélène Florent et Gabriel Sabourin.


Les deux comédiens ont repris l’uniforme des sergents-détectives de police Marianne Desbiens et Charles Carignan, confrontés à un nouveau meurtre.

Tou.TV et ArTV diffuseront – cet hiver, indique la production – ces nouvelles péripéties, constituées de 6 épisodes de 60 minutes (soit deux épisodes de plus que la première saison).



Cette dramatique franco-ontarienne a toujours pour cadre Queensbury, une petite ville minière (et fictive) jouxtant une réserve autochtone.

Hélène Florent

Son amorce reflète la prémisse de la première saison: une femme est retrouvée assassinée, forçant les deux inspecteurs à mener l’enquête sur ce qui a toutes les apparences d’un crime haineux. Cette fois, la jeune victime n'est pas autochtone, mais 'blanche'. Sauf qu'elle venait tout juste d'épouser un membre de la communauté algonquine voisine. 

Mais ils sont cette fois aidés par une jeune recrue, Rubina Duquette, campée par Ève Ringuette (Pour toi Flora et Le Dep, avec Nish Médias), «un personnage qui a les deux pieds dans chacune des deux réalités, parce qu’elles est Autochtone mais qu’elle est avec nous, les enquêteurs», expose Hélène Florent. (Son personnage a toutefois un fils aux racines anishinaabées, joué par Jacob Whiteduck Lavoie [Bootlegger; Une Colonie]).

«Rubina amène une autre vision [au duo initial de flics allochtones]. Parce que, indirectement, ça [la série] traite des deux visions, du racisme qu’on retrouve des deux cotés. Comment on s’y prend pour se comprendre, pour se retrouver? C’est toujours délicat», étaye Gabriel Sabourin.



Les deux limiers œuvrent à ce que les deux communautés fassent plus que simplement cohabiter, mais qu’elles apprennent à tisser des liens, poursuit Gabriel Sabourin.

Gabriel Sabourin

«Nuances de gris»

Cette deuxième saison est cosignée par Michelle Allen et Marie-Josée Ouellett, qui ont pris le flambeau de l’Ottavienne Marie-Thé Morin. Les deux autrices ont pris soin de donner «de beaux rôles aux comédiens autochtones. C’est pas juste des rôles de méchants, de maltraités, de toxicomane ou de femmes saoules. [La comédienne innue] Katia Rock, par exemple, tient un rôle complexe qu’elle est heureuse de jouer» illustre Hélène Florent.

Ève Ringuette interprète une nouvelle policière, Rubina Duquette, aux racines autochtones, qui va apporter une nouvelle dynamique au duo initial d’enquêteurs.

Les séries ont souvent tendance à présenter des personnages et des situations très «noirs et blancs, pour augmenter les contrastes dramatiques» alors qu’«avec nous [Eaux Turbulentes], ça se mêle dans toutes sortes de nuances de gris».

Seuls cinq comédiens de la première saison sont au rendez-vous de cette seconde enquête. «Il y avait plein de nouveaux visages, plein de Francos et plein d’Autochtones, le casting est super!», ajoute-t-elle.

De ce tournage, le Québécois Gabriel Sabourin retient «la rencontre des communautés [anglos, francos et autochtones]. C’est beau de voir que [après des décennies à se tenir à distance] il y a tout à coup des échanges autour d’un même projet, d’un même but.»

«Il y a eu de supers moments d’échanges au sein de l’équipe. Par exemple, quand on s’adresse à eux, on devrait-tu dire “Anishinaabe” ou “Algonquin”? Le terme ‘algonquin’ vient des [colons] européens», alors que les Premières Nations sont actuellement dans un mode de réaffirmation de leur culture, et préfèrent logiquement revendiquer l’appellation ancestrale... terme que le tandem québécois semble avoir adopté, par souci de reconnaître la réalité historique.



La productrice de BlikTV, Léa Pascal.

La série a été tournée dans la région de la capitale fédérale ainsi que sur le territoire algonquin de Pikwakanagan, à environ 1h40 d’Ottawa. Elle est co-produite par Bliktv, petite compagnie de productions audiovisuelles d’Ottawa, et la société Amalga, présidée par André Dupuy (la première saison avait été co-produite par KOTV (Louis Morissette).

Plus haletant

«La saison deux prend une tournure à saveur encore plus autochtone», promet la productrice de BlikTV, Léa Pascal. Et puis il y a, surtout, «beaucoup de rebondissements, cette année: ça va être plus effrené, plus [haletant]», mentionne Mme Pascal, qui a confié à la réalisation à Jim Donovan (en lieu et place de Lyne Charlebois, responsable de la première saison).

«Il y a pas mal de scènes d’action; c’est rare qu’on fasse des courses-poursuites dans la vie, donc des policiers nous ont donné des trucs, montré des techniques d’interventions et comment manier une arme» de façon réaliste, confirme Gabriel Sabourin.

Tandem... et couple

Afin de bouleverser un peu la routine, le scénario a fait des deux enquêteurs des partenaires de vie : «on va rapidement apprendre qu’ils sont devenus un couple» entre les deux saisons d’Eaux Turbulentes, mentionne Hélène Florent.

«Ça ne va pas être si simple, voire “turbulent” de continuer à travailler ensemble», ajoute son partenaire de jeu, hilare, en ajoutant que son personnage à lui ne peut pas enquêter sur le nouveau meurtre car il connaît trop bien la famille endeuillée, et qu’il n’est pas censé se mêler de l’enquête de sa conjointe.

«Disons qu’ils essaient de construire quelque chose dans l’intimité... mais ils n’arrivent pas beaucoup à “déploguer” de leur job», enchérit Hélène Florent. «Émotivement, j’ai beaucoup de pistes a explorer, entre mon nouvel amant et partenaire, et la rupture avec mon fils Billy, qui va mettre mon personnage dans tous ses états parce qu’il cherche à s’affirmer, à s’affranchir, [et qu’il va] s’acoquiner avec une gang» dangereuse et peu fréquentable aux yeux de la policière.

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«Passer un message»

La jeune comédienne d’Ottawa Amélie Trottier ne tient pas un rôle prépondérant dans cette deuxième saison d’Eaux Turbulentes, puisqu’elle est campe Macha, retrouvée morte dans le premier épisode, peu après son mariage avec un Autochtone. Elle profite toutefois d’un certain nombre de flash-backs pour étoffer son personnage de victime. 

 La partie du scénario évoquant ce mariage traditionnel «a changé trois fois, pour être plus authentique» et à l’écoute de la célébrante de la communauté de Pikwakanagan, qui était précisément celle qui allait officier lors de cette cérémonie de mariage factice, explique la comédienne, qui fait partie du Collectif poétique Les Frivoles

«C’est très enrichissant de se retrouver sur un plateau avec autant de comédiens autochtones. J’avais rarement eu le plaisir d’échanger vraiment [auparavant]. En tant qu’outsider, je me sens privilégiée de pouvoir vivre cette expérience qui, peut-être, peut conscientiser un peu mon entourage.» 

Blik s’efforce de mettre tous les artistes sur un pied d’égalité «et de les écouter». poursuit Amélie Trottier. «On veut que le résultat soit bon et pas juste du divertissement; [l’objectif, c’est aussi de] passer un message.» 

«Je suis super contente de travailler sur une production [télévisée] qui essaie d’être plus à l’écoute que ses prédécesseures. On veut faire “mieux” et je trouve ça beau!» se réjouit celle dont les auditeurs d’Unique FM connaissent peut-être la voix, car elle était animatrice de l’émission L’Utopie d’Amélie, en 2021. 

Les quatre épisodes de la première saison sont présentement accessibles sur Tou.TV.