Festival SPHÈRE: la symphonie amoureuse de l'OCNA pour la planète

L’Orchestre du CNA (OCNA) lance SPHÈRE : Écouter la Terre, un nouveau festival pour explorer, sur une note positive, l'avenir de la planète à l'heure de la crise climatique. Une exploration qui se veut tout à la fois mélodique, visuelle et scientifique.


SPHÈRE, qui se déroulera à Ottawa du 22 au 25 septembre, sera aussi «l’occasion d’une réflexion sur l’orchestre symphonique» – et sur «l’écosystème en mouvement qu’il représente» – au fil de concerts, mais aussi d'expositions et de conférences, à «écouter» au CNA et au Club SAW.

Le directeur artistique et maestro de l’OCNA, Alexander Shelley et l’artiste interdisciplinaire canado-islandaise Angela Rawlings* sont les copilotes de cette initiative, a précisé le CNA, mardi 12 juillet.

Journées thématiques

Ces quatre journées thématiques feront résonner des œuvres de compositeur.trice.s contemporain.es. Et de nombreux artistes invités – «du Canada, des Premières Nations, des États-Unis et des pays nordiques» – graviteront autour de SPHÈRE.

Pas seulement des musicien.ne, mais des invités d'horizons très différents: les disciplines pourront s'interpénétrer, grâce à la présence d'écrivain.e.s, d'artistes en arts visuels, de scientifiques et de militants, qui participeront à des «échanges publics sur le climat et la durabilité dans un monde s’adaptant à la nouvelle réalité environnementale».

Des installations artistiques – accessibles gratuitement – sont aussi au menu.

Chacune des quatre journées aura son thème bien à elle: la biosphère, la lithosphère, l’hydrosphère et l’atmosphère. 

Ces thèmes «suivent les sphères interconnectées de notre planète Terre», précise le CNA, par voie de communiqué.

Pour étoffer le rayon «scientifique», le CNA a indiqué qu'il collaborera notamment avec le Musée canadien de la nature (MCN), à Ottawa, et la Bibliothèque royale du Danemark (BRD). Des œuvres provenant des collections du MCA seront d'ailleurs exposées au CNA, tandis que la BRD chapeautera une série de conférences – baptisée «Arctic Imagination» – sur «la transformation du Nord provoquée par le réchauffement» auxquelles participeront des artistes et des scientifiques «renommés».

 «Durant le festival, seront également présentés des parcours sonores, des expositions d’art visuel et une installation sonore, de même qu’une procession unique d’apiculteurs et d’apicultrices», ajoute le CNA.

La nature en musique

«Au cours du festival SPHERE, nous écouterons la Terre en faisant l’expérience du temps profond et en méditant sur le son et la musique d’illustres compositrices et compositeurs contemporains, comme John Luther Adams, Max Richter, Alexina Louie, Anna Clyne et Outi Tarkiainen, dont les œuvres seront interprétées par des artistes exceptionnels, comme la mezzo-soprano autochtone Marion Newman et la violoniste norvégienne Mari Samuelsen», annonce Alexander Shelley.

Alexander Shelley

Pour le directeur musical de l'OCNA, il ne fait aucun doute qu'un orchestre symphonique est, à l'image de la Terre, «un écosystème humain».  Et c'est cet écosystème musical qui lancera les festivités, le 22 septembre à la Salle Southam, lors d'un concert inaugural intitulé La Terre éternelle.

La mezzo-soprano autochtone Marion Newman plongera dans The Earth, Spring’s Daughter, un cycle de mélodies signé par la compositrice finlandaise Outi Tarkiainen, et inspiré de la poésie samie. La violoniste norvégienne Mari Samuelsen – qui se produira pour la première fois au Canada – interprétera Les Quatre saisons recomposées, une «œuvre hypnotique» de Max Richter.

Et l'OCNA polira The Eternal Earth d'Alexina Louie, une œuvre «qui accueille les sons purs de la nature, du rugissement du lion au cri de la mouette», ébruite le CNA. 

«Le rêve fait partie du travail de tout artiste», affirme la compositrice – primée aux Juno – Alexina Louie. 

Notes océaniques

Le 24 septembre, Alexander Shelley et l’Orchestre du CNA interpréteront Become Ocean (Devenir l’océan), une œuvre à grand déploiement s'amusant à évoquer le roulement d'une marée aux vagues engloutissantes. 

«Si nos océans avaient une chanson, ce serait celle-ci», estime le maestro, à propos de cette œuvre  composée par l'Américain John Luther Adams et récompensée du Prix Pulitzer en 2014.

Pour ce second concert, l'OCNA se baignera aussi dans les eaux de Restless Oceans d'Anna Clyne et patinera sur Songs of the Ice, pièce par laquelle Outi Tarkiainen dessine «la lente respiration silencieuse de la glace terrestre, qui enfle pendant l’hiver et s’amenuise pendant l’été, suivant un rythme ancien qui se perd peu à peu».

Le 25 septembre sera l'occasion de célébrer en musique «l’art et l’importance d’écouter avec empathie notre environnement, nos aînés, nos prochains», le temps d'un concert destiné au public familial. 

Intitulé S’accorder avec la nature, ce concert fera résonner des œuvres «inspirées de la nature», et pouvant offrir «des réponses créatives aux enjeux de notre monde et de notre époque», à commencer par la crise climatique. 

L'OCNA sera alors dirigé par le premier chef des concerts jeunesse, Daniel Bartholomew-Poyser, qui agit ici à titre de «partenaire créatif». 

Une brochette d'artistes se greffera à l'événement.

Autres happenings

Tout au long du festival, les conférences chapeautées par l'appellation Arctic Imagination «aborderont des thèmes liés à la biodiversité, à la durabilité, au réchauffement du Nord» et aux conséquences des changements climatiques sur le vivant, de la mousse au mycélium, en passant par les baleines et les humains qui l'habitent. 

Ces conférences sont gratuites, tout comme les initiatives parallèles listées ci-dessous.

<em>Your Temper, My Weather, </em>de Diane Borsato

L’artiste torontoise Diane Borsato prendra la tête d’un cortège silencieux auquel participeront une centaine d'apiculteurs et d'«amis de la cause des pollinisateurs», le 24 septembre. Cette marche partira du MCN pour se déployer au Jardin des roses et se rendre jusqu’aux ruches installées sur le toit du CNA. Le public est invité à se joindre à cette «lente procession» intitulée Your Temper, My Weather (Votre humeur, ma météo).

De leur côté, les compositrices-interprètes Halla Steinunn Stefánsdóttir (d'Islande) et Rebecca Bruton (de l'Ouest canadien) proposeront l'installation A shimmering ornament of silt (une parure chatoyante de vase). Leur «expérience musicale immersive» explorera «le lien profond entre la dégradation et la revendication des sols» (du 22 au 25 septembre).

Les visiteurs du CNA pourront aussi découvrir l'exposition Harbourage for a Song et Ordovician Tide I, deux œuvres photographiques tirées de la série As Immense as the Sky de Meryl McMaster.

Pour cette série photographique, Mme McMaster – artiste «issue d’une famille à la croisée des cultures autochtone et occidentale» – a «observé la nature avec une appréhension mêlée d’admiration et de peur», souligne le CNA. «Partie en quête de sagesse dans les lieux de vie ancestrale et a fini par voir ces paysages comme d’immenses capsules temporelles fourmillant de savoirs méconnus.»

<em>Ordovician Tide,</em> de Meryl McMaster

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SPHÈRE est présenté en partenariat avec Nordic Bridges, une initiative culturelle annuelle menée par le Harbourfront Centre de Toronto, et est soutenu par le Conseil des Ministres des pays nordiques.

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*Artiste interdisciplinaire et chercheure, la Canado-Islandaise Angela Rawlings «se sert des langues comme principal outil» pour «explorer les liens unissant les corps – qu’ils soient humains, surhumains, autres qu’humains ou non-humains», retrace le CNA.

Dans les 20 dernières années, Mme Rawlings a notamment eu recours à «la poésie sensorielle, l’improvisation vocale et la contact-improvisation, le théâtre de la ruralité», voire même à des «conversations avec le paysage» afin de «méditer sur les langues» en tant que «prismes de l’interaction humaine».

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Renseignements: CNA

Billets: Ticketmaster;  1-844-985-2787 (ARTS)