Une poète gatinoise honorée à Paris

Myriam Legault-Beauregard a été proclamée grande gagnante du Concours International de poésie 2022, organisée par la Faculté des Lettres de Sorbonne Université.

Myriam Legault-Beauregard a été proclamée grande gagnante du Concours International de poésie 2022, organisé par la Faculté des Lettres de Sorbonne Université. Un concours qui récompense la jeune création.


C’est son poème Mode d’emploi pour cueillir une fleur qui lui a permis d’obtenir les honneurs et le prix de l’UFR de Langue française. La concrétisation d’un rêve, affirme la lauréate. Elle, pour qui la poésie est un exutoire.  

«Je suis tellement heureuse, c’est une reconnaissance extraordinaire. J’essaye tout le temps de faire publier mes textes. J’ai souvent plus de succès du côté anglophone que francophone. Ce qui est bizarre, puisque c’est ma deuxième langue. Mais là, être reconnue par la Sorbonne, c’est comme un rêve devenu réalité», déclare la Gatinoise.

Étudiante au doctorat en lettres française à l’Université d’Ottawa, Myriam Legault-Beauregard est une jeune femme de 36 ans et maman de deux enfants. 

Mais d’aussi loin qu’elle s’en souvienne, sa passion pour la poésie lui vient de son amour pour la grammaire. «Je trouvais ça un peu trop facile. Les gens ne comprennent pas les participes passés. Moi ça rentrait tout de suite», commente-t-elle.  

Elle compose dès lors son premier poème alors qu’elle est en secondaire cinq.  

«On faisait de la poésie symboliste et mon poème s’appelait la bouteille et la misère. C’était en Alexandrin.» Après une longue phase de végétation, la flamme se ravive finalement en 2015, raconte la traductrice professionnelle.  

Aujourd’hui, elle considère ce prix comme le petit plus qui lui fallait à mettre à son tableau de chasse. Surtout qu’elle espère publier très prochainement son premier recueil.  

«C’est le petit boost pour l’estime de soi qu'il me fallait. Ce n’est pas un métier facile. On reçoit beaucoup de refus, puis il faut vivre avec. […] ce prix est comme une reconnaissance qu’il y a quelque chose d’intéressant dans mon écriture.» 

Mode d'emploi pour cueillir une fleur  

On dit que c’est vers huit mois que les bébés acquièrent une motricité fine suffisante pour agripper de petits objets à l’aide d’une pince formée du pouce et de l’index. Avant cet âge, ils empoignent tout avec la paume. Assurez-vous d’avoir atteint l’âge requis pour cueillir la fleur avec délicatesse.  

Autrement, la première étape est bien sûr de créer un schéma actanciel. Vous vous lancez dans une quête, dont l’objet est cette fleur à cueillir. Choisissez un destinateur: quelqu’un vous a-t-il demandé de cueillir cette fleur, ou le faites-vous de votre propre chef?  Choisissez un destinataire: à qui offrirez-vous ce cadeau de la nature? À votre maman? À votre amant? À une ballerine étoile, ou à un quidam dans la rue? Pensez aux adjuvants potentiels: votre voisine vous laissera-t-elle emporter sa plus belle pivoine? Votre sœur vous prêtera-t-elle son sécateur? Prenez garde à vos opposants: le gardien de parc, ou un gros bourdon mécontent de voir s’envoler son festin.  

Une fois le schéma terminé, prenez une bonne inspiration. (Notez qu’il n’est pas nécessaire de créer de schéma narratif pour cueillir une fleur.) 

Songez ensuite à votre tenue.  

Il n’est pas indiqué de se chausser de bottes à caps d’acier ni d’enfiler une robe de soirée. Il est également déconseillé de se présenter dans son plus simple appareil... repensez à l’abeille.  

Le choix du spécimen à cueillir demande une certaine réflexion. Oubliez les glaïeuls, la cigüe et le laurier. Ces plantes n’envoient pas le bon message. Les roses rouges sont pour l’amour, les blanches pour le respect, les jaunes pour l’amitié.  

Chaque fleur a son mot à dire, renseignez-vous.  

Le moment est venu d’accomplir votre mission.   

Repérez la fleur dans un jardin, un pré, une serre.  

Approchez-vous doucement pour qu’elle ne se sauve pas.  

Au moment de vous pencher, fléchissez bien les genoux: vous épargnerez votre dos.  

Tendez la main, formez la petite pince susmentionnée.  

Et surtout, surtout, n’oubliez pas de poser le geste avec toute la spontanéité de votre enfance. 

Myriam Legault-Beauregard