Cette vision stratégique constitue un pas en avant important : pour la première fois, le Québec se dote d’une vision d’ensemble qui guidera dorénavant ses actions vis-à-vis le territoire.
Plusieurs préoccupations de l’Ordre des urbanistes y trouvent un écho dont la nécessité de contrer l’étalement urbain, de prioriser la création de milieux de vie complets et compacts, et la reconnaissance que les actions de l’État doivent contribuer à un aménagement du territoire durable et de qualité. L’Ordre souligne en particulier l’inscription des principes suivants dans la Politique, qui constituent une base solide sur laquelle travailler :
- La reconnaissance de l’apport essentiel de l’aménagement du territoire pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et s’adapter aux bouleversements climatiques;
- La priorisation de la consolidation et de la densification des secteurs déjà urbanisés ainsi que la préservation des milieux naturels et des terres agricoles;
- La volonté de créer des milieux de vie complets, basés sur les notions de compacité, de densité, de proximité des services et de qualité des espaces publics;
- La place de premier plan des centralités telles les centres-villes, les cœurs de quartier et les noyaux villageois;
- L’affirmation de la nécessité d’une planification intégrée de l’aménagement du territoire et des transports, afin de réduire les distances à parcourir et de faciliter l’utilisation des transports actifs et collectifs;
- Un parti pris pour des choix éclairés en aménagement, basés sur les données, l’expertise et un suivi rigoureux de la planification.
L’Ordre est également heureux de constater que plusieurs de ses recommandations ont été retenues dans les pistes d’actions proposées pour concrétiser cette vision, dont:
- La réforme de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme;
- L’adoption de nouvelles orientations gouvernementales en aménagement du territoire;
- L’élaboration d’un cadre gouvernemental ciblant notamment la localisation des édifices publics;
- Un meilleur accompagnement du milieu municipal en termes de ressources financières et techniques ainsi que la création de nouveaux outils à leur disposition.
Toutefois, je ne peux pas passer sous silence le fait que le document présenté hier contient peu d’engagements concrets, aucun budget, ni même une feuille de route détaillée. Il est donc difficile d’affirmer que cette annonce représente le changement de paradigme tant espéré et dont le Québec a besoin. Le gouvernement a établi les grands principes ; il doit maintenant définir des moyens de mise en œuvre conséquents.
Je regrette aussi le peu de place accordée aux Premières nations et aux Inuits ainsi que l’absence d’engagements tangibles pour favoriser la réconciliation. Plus que de simples parties prenantes parmi d’autres, les communautés autochtones doivent dorénavant être de vrais partenaires en vue de l’aménagement de ce territoire, qui est aussi le leur. Les enjeux de fiscalité municipale et de participation publique méritent également d’être approfondis.
Je termine en saluant l’engagement du gouvernement à déposer un plan d’action à l’hiver 2023 et j’offre l’entière collaboration de l’Ordre des urbanistes pour l’élaborer. Fidèles à notre mission de protection du public, nous serons vigilants afin d’assurer que celui-ci soit à la hauteur des défis du XXIe siècle et que l’échéance soit respectée. Face à l’urgence climatique nous n’avons plus le luxe d’attendre; des mesures ambitieuses et structurantes doivent être mises en place sans tarder. Plus que jamais, le gouvernement doit mener à terme son engagement et traduire cette vision en changements tangibles.