La vente d'armes de poing en forte hausse

La demande pour les armes de poing a augmenté au cours des derniers jours.

Depuis que le gouvernement Trudeau a fait savoir son intention de déposer un projet de loi sur le contrôle des armes à feu au Canada, la vente d’armes de poing explose au pays. Et l’Outaouais ne fait pas exception.  


Copropriétaire du Club de tir de l’Outaouais fondé il y a 13 ans et situé à L'Ange-Gardien, Pierre Pharand n'a jamais vu un tel engouement pour les armes de poing. 

«En consigne donc des armes usagées, j’en vends habituellement une aux deux semaines, explique-t-il lorsque rencontré par Le Droit, samedi. Là, j’en ai vendu huit en trois jours.»

Cette hausse est directement liée à l'annonce de la semaine dernière concernant le gel des armes de poing, selon le spécialiste.

«Depuis l'annonce, j'ai vendu 29 armes à feu. Je n’ai jamais vu ça. Je n'ai presque plus d'armes de poing à vendre et mes fournisseurs n’ont plus rien. Je peux vous dire que M. Trudeau est mon meilleur vendeur d'armes», lance-t-il. 

Pour sa part, Marc Lacourcière, employé du magasin d'armes Coureur Des Bois à Gatineau, a lui aussi vu les produits être plus convoités qu'à l'habitude. Les ventes du commerce ont augmentées de 400%, affirme-t-il.

«Les gens ne veulent pas qu’on les prive. Les gens qui viennent acheter des armes en toute légalité ne le font pas pour des motifs criminels, mais pour leur plaisir. Ils considèrent les fusils comme des objets récréatifs et non criminels.» 

Pierre Pharand est copropriétaire du Club de tir de l’Outaouais.

Dans les faits, si elle est adoptée, ladite loi permettra un gel national de l’achat, de la vente, de l’importation et du transfert d’armes de poing au pays.

«C'est une décision hypocrite, ajoute M. Pharand. Il vaudrait mieux commencer par s’attaquer aux gangs qui font passer des armes en contrebande. Il est très facile de s'en procurer au marché noir. Pourquoi le gouvernement ne commence pas par s’attaquer à ce problème-là au lieu de viser les gens qui le font en toute légalité?».  

M. Lacourcière dénonce la décision unilatérale du gouvernement. Selon lui, des échanges avec les fabricants et vendeurs d’armes auraient dû être fait en amont avant une telle annonce.  

«Le problème ceux qui veulent faire ces lois-là, bannissent des armes qui n’ont absolument rien à avoir avec le côté militaire. Il y a des armes qui ne sont mêmes pas légales au Canada depuis les années 80. Le seul moyen de les avoir c’est de passer par la contrebande.» 



Durcir le ton 

M. Pharand trouvent que le Canada fait preuve de trop de légèreté lorsque vient le temps d’octroyer un permis d’acquisition d’armes à feu.

«L’enquête qui est faite actuellement est bidon. On remet un formulaire dans lequel on te demandent si tu es un conjoint violent. C’est sûr que si tu bats ta femme, tu ne vas pas le mentionner. Puis, on demande d'ajouter le nom de deux personnes qui te connaissent et qui peuvent témoigner de ton honnêteté. C’est évident que les demandeurs de permis vont mettre leurs chums. C’est extrêmement mal fait.» 

L'homme d'affaire propose en revanche que la Gendarmerie royale du Canada rencontre les candidats et impose même une consultation avec un psychologue.  

Plus tôt cette semaine, un communiqué envoyé aux médias, l’Association canadienne des armes à feu va jusqu'à accuser le gouvernement libéral «de bafouer les droits, libertés, le gagne-pain et la propriété des Canadiens.»  

«Nous nous préparons à la plus importante lutte de notre vie, et nous allons tout mettre en œuvre pour défendre vos droits et vos libertés», indique-t-on dans le même communiqué.

Marc Lacourcière, employé du magasin Coureur Des Bois à Gatineau et collectionneur d’armes d’époque.

M. Lacourcière préfère nuancer les choses. Il affirme que posséder une arme à feu au Canada n’est pas un droit, mais plutôt un privilège. Il faut par conséquent lutter pour que le gouvernement fasse les choses comme il se doit.  

«On n’est pas aux États-Unis ici. Il ne faut pas se comporter comme si nous étions au Texas et que nous étions des rangers, dit-il. […] conduire ta voiture est un privilège. Tu dois l’assurer et suivre le code de la route. Si tu es en infraction, tu dois en payer le prix. C’est pareil avec une arme à feu». 

Pour lui, il vaudrait mieux restreindre l’obtention. 

«Si quelqu’un a des intentions criminelles, peu importe les lois, ça va se produire. Peut-être qu'il faut rendre les amendes encore beaucoup plus salées et durcir les peines de prison, croit-il. Je suis de ceux qui croit qu'on devrait ajouter des permis supplémentaires. […] mais bannir ces armes, c’est faire complètement fausse route.»