Robin Villeneuve avait du talent au hockey, mais il survolait la compétition au baseball. À l’âge bantam, il a choisi de se concentrer sur son gant, sa balle et son bâton. De prime abord, ce fut la bonne décision. À 17 ans, il est devenu le premier Gatinois à se tailler un poste avec Équipe Canada junior (M18) depuis Phillipe Aumont.
À 18 ans, il vient d’écouler sa première saison dans le réseau collégial américain. Avec les Coyotes du collège Weatherford où il était le plus jeune joueur de l’équipe, il a excellé autant sur la butte que dans le rectangle des frappeurs.
Au monticule, il a été le seul lanceur partant des Coyotes à ne pas connaître la défaite. Il a maintenu une fiche de 4-0 en sept départs. Il a réalisé un match complet, mais sa relève l’a privé de trois autres victoires puisque son équipe était toujours en avance quand il quittait le monticule. En 45 manches, il a alloué 39 coups sûrs, 15 buts sur balles et retiré 46 frappeurs sur des prises pour maintenir une moyenne de 3,18 points mérités par match.
Au bâton, il a maintenu une moyenne de ,324 avec cinq circuits et 28 points produits en 44 matches. Il a été à son mieux dans les matches les plus importants contre les équipes de sa conférence (,382 de moyenne).
Somme toute, c’était une excellente saison recrue pour un francophone complètement déraciné au pays des cowboys du Texas. Ça, c’est sur papier. Sur le plan humain, le grand gaucher de 6’1’’ et 205 livres a dû se battre constamment pour maintenir le cap sur le plan mental.
Aux Fêtes, il est rentré à Gatineau. Il est allé voir un match des Olympiques où ses anciens coéquipiers Vincent Maisonneuve et Emerik Despatie étaient en action. Pendant qu’il était au Centre Slush Puppie, il s’est demandé s’il avait fait le bon choix. Soudainement, le hockey lui manquait.
«Le baseball est tellement un sport difficile sur le plan mental. Juste au bâton, quand tu traverses une bonne séquence, tu vas quand même échouer sept fois sur 10! Au baseball, même quand tu réussis, tu es constamment dans l’échec. J’avais connu un lent départ. J’ai moisi sur le banc pendant une bonne secousse. Le doute s’est installé. J’allais à l’école en anglais. Ce n’était vraiment pas facile pour moi. J’ai eu de bonnes notes, mais il a fallu que je me botte le derrière pour réussir.»
Plus jeune, chaque fois qu’il connaissait des passages à vide, Villeneuve pouvait se rabattre sur d’autres choses pour se changer les idées. Pas au Texas. Son collège est situé au milieu de nulle part. Sans accès à une voiture, il était coincé sur son campus.
«Il y a des gens qui m’envient d’être au Texas. C’est sûr que c’est le fun, mais je ne suis pas là en vacances pour me faire bronzer! Quand ça va mal, il n’y a pas de distraction, alors j’étais dans le gym sept jours par semaine. Pendant neuf mois, je n’ai fait que jouer des matches, pratiquer et m’entraîner.»
Robin Villeneuve a choisi de s’accrocher en compagnie d’Alexis Gravel, son seul autre coéquipier québécois. La saison prochaine, le Gatinois Justin Coderre va aller le rejoindre avec Charles-Olivier Cyr. Ils seront quatre Québécois chez les Coyotes.
«Nous aurons une jeune équipe l’année prochaine. Seulement quatre des 40 joueurs seront de retour. Le coach s’attend à ce que nous montrions le chemin.»
Les Coyotes ont terminé la saison avec une fiche de 38-21. Dans les séries, ils ont atteint le carré d’as de leur conférence.
Objectif NCAA
Aux États-Unis, l’ancien du programme sport-études baseball de la polyvalente Nicolas-Gatineau dit avoir améliorer plusieurs éléments de son jeu au bâton, au premier but (aucune erreur cette saison) et comme lanceur.
«Au bâton, il n’y a plus de marge d’erreur parce que les lanceurs sont bien plus forts, mais les répétitions aident grandement. Au monticule, quand tu es jeune, si tu lances au milieu, ça va bien aller. Maintenant, si je lance au milieu, tout va mal aller! J’ai donc amélioré la précision de mes tirs.»
À 19 ans, Robin Villeneuve pourra entrer dans le repêchage du baseball majeur, mais il a encore quatre ans pour être repêché. Il attend le bon moment avant de se rendre admissible au repêchage du mois de juillet.
«Cette année, je vise une grosse saison pour être recruté dans une bonne université de la NCAA. Ça va être une année importante pour la suite des choses.»
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À la conquête de l’Ouest
Le 15 mai, Robin Villeneuve a participé à son dernier match avec les Coyotes du Collège Weatherford au Texas.
Le Gatinois est aussitôt rentré à la maison pour retrouver sa famille et ses amis afin de profiter d’une bonne pause du baseball après une année 2021-2022 très achalandée en raison de son implication avec Équipe Canada junior. Le congé achève. La semaine prochaine, il s’envolera vers la Colombie-Britannique pour jouer avec les NorthPaws de Kamloops dans la West Coast League.
Il s’agit d’un circuit d’été qui regroupe les meilleurs joueurs du réseau collégial américain. Les joueurs ont entre 18 et 22 ans. La ligue est composée de 16 équipes, dont cinq Canadiennes. À Kamloops, les NorthPaws évoluent régulièrement devant plus de 2000 spectateurs.
«C’est l’entraîneur adjoint d’Équipe Canada junior Cole Armstrong qui dirige cette équipe et qui m’a invité à le rejoindre pour poursuivre mon développement. C’est une ligue de deux mois. On a 56 matches à l’horaire. J’arriverai avec une semaine de retard parce que j’avais besoin d’une bonne pause pour me ressourcer. Ç’a m’a fait du bien et j’ai hâte maintenant de recommencer à jouer et de vivre cette expérience dans l’Ouest.»
Avant de partir, Villeneuve avait demandé la permission de rester à Gatineau pour une troisième semaine en prévision d’une autre saison éreintante. L’été dernier, il s’était écoulé seulement 12 heures entre la fin de la série Canada/États-Unis et le début de sa saison collégiale. Son début de saison avait été laborieux et c’est réellement la visite des membres de sa famille qui lui avait permis de prendre son envol.
«Ma mère était venue me voir dans une mauvaise passe où je ne jouais pas. Elle a assisté à six matches. J’en avais passé cinq sur le banc. Je bouillais. Quand elle est partie, j’ai changé ma mentalité. Je me suis dit qu’à la première occasion, je m’arrangerais pour ne plus jamais être laissé sur le banc. Une semaine après son départ, j’ai connu un match de quatre coups sûrs en quatre présences. J’ai joué le reste de l’année!»
La visite de son père a également été l’élément déclencheur d’une autre séquence prolifique au bâton.
«J’ai cogné trois de mes cinq circuits de la saison quand mon père était là! J’étais loin du Québec. Il y a eu des périodes de questionnement, mais la visite de ma famille a fait du bien. Ça m’a donné confiance. Ma première année est derrière moi. Je sais à quoi m’attendre maintenant.»