Le rapport de l’IDQ est sans équivoque: «les sommes investies pour attirer et retenir les immigrants dans les régions du Québec n’ont pas porté leurs fruits». Cela a pour conséquence de freiner le développement économique de plusieurs d’entre elles.
La grande région de Montréal, qui compte pour 50,5 % de la population du Québec, accueille près de 85 % des immigrants qui arrivent dans la province. Pour les auteurs du rapport, bon nombre de raisons expliquent pourquoi les immigrants préfèrent s’installer dans la métropole plutôt qu’en région.
«Pour avoir des repères, les immigrants vont être portés à aller où il y a d'autres immigrants, d'autres membres de leur communauté pour le réseau de contacts et pour le soutien», affirme la présidente-directrice générale de l’IDQ, Mia Homsy.
Population immigrante admise au Québec chaque année (moyenne 2015-2019)
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Le rapport recommande de s’inspirer de ce qui se fait ailleurs au Canada et dans le monde, afin d’accélérer les demandes de résidence permanente des travailleurs temporaires en région.
De plus, il faut s’assurer que les régions ont les services nécessaires pour les immigrants. «Les enjeux qui reviennent de plus en plus quand on parle des travailleurs temporaires, c'est vraiment le logement, le transport et l'accès au service de garde», énumère Mme Homsy.
Des délais extrêmement longs
Les délais pour un travailleur temporaire avant d’obtenir sa résidence permanente sont très longs. Il faut attendre 6 mois en moyenne au niveau du Québec, auquel s’ajoute un délai de 31 mois lorsque la demande est à Ottawa.
L'une des raisons, c'est que les dossiers du Québec sont plus en format papier, donc c'est beaucoup plus long qu'en format électronique.
Un immigrant temporaire au Québec attendra donc 37 mois en moyenne pour obtenir sa résidence permanente, alors que le délais se situe entre 6 et 28 mois dans le reste du Canada.
Le rapport de l’IDQ suggère au Québec de négocier avec Ottawa afin d’obtenir le pouvoir de faire les vérifications en matière de criminalité, de sécurité et de santé pour la catégorie des immigrants économiques.
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Le gouvernement Legault martèle qu’il doit avoir un mandat fort aux prochaines élections, afin de rapatrier les pouvoirs fédéraux en immigration. Une demande que le premier ministre Justin Trudeau a déjà rejetée.
«Selon nous, il faut prioriser les discussions avec le fédéral au sujet des délais pour les immigrants économiques, parce que c'est là qu'il y a le plus de risques que les gens décident d’aller dans une autre province, où c’est plus rapide», affirme la dirigeante de l’IDQ.
«Pas de chiffre magique»
La question des seuils d’immigration a suscité beaucoup de débats au Québec, dans les dernières années. Alors que la province a accueilli 51 000 immigrants en 2018, ce nombre a baissé à 40 000 en 2019 avec la Coalition avenir Québec. Pour 2022, le gouvernement pourrait accueillir environ 70 000 immigrants, afin de pallier le manque lié à la pandémie de COVID-19.
«On a choisi de ne pas prendre position sur les seuils optimaux, parce qu'on le sait, il n'y a pas de chiffre magique. Ça dépend des indicateurs économiques qu'on regarde», dit Mia Homsy.
Le rapport montre toutefois qu’en additionnant les nouveaux résidents permanents et les travailleurs temporaires, le Québec accueille de plus en plus d’immigrants sur son sol. Également, ils sont plus nombreux à avoir des emplois et leurs conditions salariales augmentent.
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«Ces dernières années, le marché du travail s’est resserré, affirme l’économiste principal à l’IDQ, Daye Diallo qui a corédigé le rapport. Il y a des besoins qui sont importants. En 2018, on a réduit nos seuils d’immigration permanente, mais à côté, on a vu une augmentation d’immigrants temporaires.»
«Ce qu'on voit clairement, c'est que le marché du travail est capable d'intégrer beaucoup d'immigrants d'un point de vue économique, ajoute Mia Homsy. On voit que les données s'améliorent, même s'il y a plus de travailleurs temporaires.»