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Chaque alerte d’urgence qui sonne sur nos téléphones, surtout la nuit, entraîne dans les heures qui suivent son lot de critiques sur les réseaux sociaux. Celle lancée vers 3h dans la nuit de mardi à mercredi pour retrouver une fillette de trois ans de Sainte-Adèle, dans les Laurentides, n’a pas fait exception. Dans ce cas, l’alerte a été levée une vingtaine de minutes seulement suivant son déclenchement. La fillette et la suspecte de 21 ans, qui avait pris la fuite à pied, ont pu être retrouvées rapidement, saines et sauves.

Sur les réseaux sociaux, ces questions, ou à peu près : pourquoi une alerte Amber à 3h du matin alors que l’enfant et la suspecte sont à pied et que j’habite à 300 km? Qu’y puis-je, moi, du fond de mon lit? Et pourquoi aucune description physique ou photo n’a été diffusée?

Nous avons transmis ces critiques à la Sûreté du Québec (SQ), à l’origine de l’alerte, pour qu’elle s’explique.

Pour rappel, quand la police (en l’occurrence la SQ ou le Service de police de la Ville de Montréal, les deux seuls corps de police autorisés à déclencher une alerte Amber au Québec) lance une telle alerte, c’est parce que trois critères sont réunis : il y a des motifs raisonnables de croire qu’un enfant a été victime d’un enlèvement, l’enfant risque de subir des lésions corporelles graves ou est en danger de mort, et le service de police possède suffisamment d’éléments descriptifs, comme le moyen de transport utilisé.

Dans le cas qui nous occupe, la SQ a diffusé les noms de l’enfant et de la suspecte, précisé que celle-ci avait pris la fuite à pied et mentionné le lieu de l’enlèvement. Sans plus.

«La priorité, c’était de sortir rapidement pour susciter le plus possible d’intérêt du public en lien avec ces deux disparitions, explique Ann Mathieu, porte-parole de la SQ. Donc, on a rapidement mis en ligne les informations qu’on possédait, même si on n’avait pas dans l’immédiat de photos ou une description exhaustive. Parce que quand on déclenche une alerte Amber, l’enquête évolue en parallèle. Il faut savoir aussi que la famille peut être très perturbée par la situation, et qu’il peut y avoir un délai dans la collecte d’informations, comme la description des vêtements.»

Dès que de nouvelles informations sont disponibles, le site de l’alerte Amber est rapidement mis à jour, ajoute la policière. Dans le cas de l’enlèvement à Sainte-Adèle, «si les personnes n’avaient pas été retrouvées dans les minutes suivant le déclenchement de l’alerte, c’est sûr qu’on aurait diffusé leur description ou des photos», assure Ann Mathieu.

Le pari qu’a fait la SQ, c’est de susciter rapidement l’attention de quelqu’un, quelque part, «parce qu’à l’heure où l’alerte a été déclenchée, une jeune enfant et une jeune adulte qui partent à pied comme ça à une heure aussi tardive, ça risque de susciter l’attention de quelqu’un qui ne dort pas, qui les voit passer par hasard, et ça peut être très aidant», explique la porte-parole du corps policier.

Quant à la zone couverte par l’alerte, elle s’étendait dans un rayon de 300 km à partir de Saint-Adèle, indique Ann Mathieu. «Oui, elles ont quitté à pied, mais quelle est la capacité de la personne adulte de se déplacer? On doit considérer le fait qu’elle pourrait subtiliser ou solliciter un moyen de transport, prendre en considération qu’elle ne restera peut-être pas à pied», expose la policière, précisant que l’alerte peut «rayonner» au-delà des 300 km demandés en raison d’un «phénomène d’infrastructure de télécommunications». «Il peut arriver qu’une tour cellulaire relaie l’alerte plus loin», explique-t-elle.

Oui, l’alerte a rayonné à des centaines de kilomètres du lieu de l’enlèvement, oui, elle a perturbé le sommeil des gens, oui, c’est dérangeant une alerte en pleine nuit, convient Ann Mathieu. «Mais si c’était arrivé à une personne proche de vous, comment vous réagiriez? Quand on déclenche une alerte Amber, c’est parce qu’il y a un risque pour la sécurité et la vie d’un enfant», rappelle la porte-parole de la SQ, tout en soulignant que ces situations malheureuses ne se produisent pas nécessairement entre 9h et 17h.

Des dénouements heureux grâce à ces alertes d’urgence

À notre demande, la SQ nous a donné quelques exemples d’enlèvements d’enfants qui ont été résolus grâce à des informations récoltées à la suite de la diffusion d’une alerte Amber.

- Le 20 novembre 2021, à Châteauguay, une alerte Amber a été diffusée pour localiser une fillette de huit ans enlevée par sa mère. L’enfant et la suspecte ont été retrouvées près de la frontière canado-américaine 20 minutes après le déclenchement de l’alerte.

- Le 7 octobre 2021, une mère de famille de Sutton, en Estrie, a enlevé ses deux enfants de un et trois ans, déclenchant une alerte Amber qui a pu être levée une heure plus tard après que le trio eut été localisé au Nouveau-Brunswick.

- Le 14 avril 2021, la SQ a diffusé une alerte Amber qui a permis de retrouver rapidement un bambin de deux mois enlevé à Waterloo par son père.

- Un garçon de six ans a été retrouvé sain et sauf en Ontario le 15 septembre 2017 après avoir été enlevé à Saint-Eustache la veille par son père, qui venait de tuer son ex-conjointe. Là aussi, l’alerte Amber avait été utile pour suivre la cavale du suspect.

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