Le premier partenaire, fondé il y a plus de 500 ans et accueillant 40 000 étudiants, est l'une des institutions les plus reconnues en matière de qualité de production et de recherche en Italie; alors que le second s'avère un géant de l'aéronautique, de la défense et de la sécurité qui emploie 50 000 personnes et dont le chiffre d'affaires avoisinait l'an dernier les 14 milliards d'euros.
Répercussions dans la région
Aux dires de la rectrice de l'UQO, Murielle Laberge, il est indéniable que la signature de cet accord aura de multiples répercussions dans la région, rappelant que la sécurité de l'information est «un enjeu mondial».
«D'une part, ce qui est intéressant comme impact, c'est le maillage entre l'université et le milieu. Vous allez me dire que ce n'est pas la première fois, sauf que là, c'est à l'international, entre autres avec une compagnie de très grande envergure. Ce qui est intéressant aussi, c'est qu'on va pouvoir mettre en place des bourses, faciliter des échanges de mobilité entre universités, faire des écoles d'été, vivre des expériences avec Leonardo. On veut aussi tenter de créer des laboratoires conjoints, des ateliers, de conférences, etc. Ça donne accès à des chercheurs universitaires, mais aussi à des ingénieurs dans le monde industriel, à des scientifiques. Leonardo, c'est l'espèce de pion entre les deux (universités) qui fait qu'il y a maillage et qu'on peut trouver des solutions à des problèmes concrets. C'est ce qui fait une expérience d'apprentissage enrichissante et stimulante», dit-elle.
Cette alliance, fruit d'un travail de quelques mois, a pu être ficelée lors d'une mission à Rome d'une délégation de l'UQO dans les derniers jours en marge de Cybertech Europe 2022. Des représentants d'ID Gatineau, d'In-SEC-M et de Blue Bear étaient aussi du voyage.
Les principaux champs de recherche de cette collaboration tripartite seront bien entendu la cybersécurité, mais aussi la gestion des mégadonnées, l'intelligence artificielle, le développement durable, l'écologie et la protection de l'environnement.
C'est vraiment une fenêtre sur l'international pour nous. [...] La sécurité des données, ça touche toutes les entreprises, on n'a pas besoin de faire la démonstration de la pertinence de se préoccuper de cet enjeu-là, mais ce qui est intéressant c'est de le faire avec une perspective internationale.
«Un levier» pour l'avenir
Cette dernière indique que peu importe l'influence qu'il aura ou non sur le dossier de la demande pour une zone d'innovation en cybersécurité à Gatineau, cet accord est d'une haute importance.
«C'est clairement un levier pour nous. Désignation ou pas, cette entente est signée et on va travailler ensemble, les trois partenaires, à développer nos collaborations. Tant mieux si Québec est charmé, y voit un élément porteur, mais nous on veut se développer comme institution, et je le dis très respectueusement. Ceci étant dit, évidemment qu'on espère quand même que ça pourra servir de levier pour la zone d'innovation», plaide Mme Laberge.
La réaction de la rectrice survient quelques jours après que le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, a identifié l’institution comme le point faible de la candidature de Gatineau. Québec offrira un accompagnement aux promoteurs du projet afin que l’apport de l’UQO soit à la hauteur des exigences du gouvernement.
«On prend ça avec beaucoup d’ouverture, a indiqué Mme Laberge. On nous offre un accompagnement et on comprend qu’il sera financier. Pour une université qui a été historiquement sous-financée, c’est une bonne nouvelle.» La rectrice précise que l’UQO sera en mesure d’offrir trois certificats dans le domaine de la cybersécurité et de l’identité numérique dès l’an prochain. À la rentrée d’automne, l’UQO offrira un certificat en gouvernance et cybersécurité, un certificat en réseaux informatiques et cybersécurité et un certificat en transformation numérique et cybersécurité. Le cumul de ces trois programmes permet à l’institution d’offrir un BAC en innovation numérique.
C’est un levier important. On a aussi l’unité mixte de recherche qui est en collaboration avec l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) pour laquelle 3 millions de dollars ont été réservés.
«Nous sommes actuellement en recrutement pour embaucher les trois premiers chercheurs. Quand ce sera fait, on aura une bonne idée des forces de ces derniers et on pourra alors mieux se positionner sur le plan provincial, national et international», insiste Mme Laberge.
Rencontres à venir
Des rencontres entre l’UQO et les accompagnateurs nommés par les responsables du programme des zones d’innovation doivent avoir lieu d’ici la fin de l’année, ou au retour des Fêtes. Le ministre responsable de l’Outaouais, Mathieu Lacombe, a pour sa part dit ne pas comprendre la «folie» qui a poussé certains intervenants à penser que le gouvernement allait reculer dans ce dossier ou encore qu’il était mis en danger.
«On a simplement dit qu’il y a encore quelques cases à cocher et qu’on offrira un accompagnement aux promoteurs de la zone d’innovation pour être capable d’y arriver. Si ce projet n’avait pas d’avenir, ou si on n’avait pas d’espoir qu’il se concrétise, mon collègue Pierre Fitzgibbon ne serait pas sorti publiquement pour dire qu’il était optimiste. Je fais aussi partie des optimistes. On aura une zone d’innovation à Gatineau, il faut seulement continuer de travailler dessus.»