Une enquête indépendante réclamée sur le traitement des femmes dans la GRC

Selon le rapport «La culture toxique de la GRC: Misogynie, racisme et violence contre les femmes dans la police nationale du Canada», la discrimination et la violence systémiques à l’égard des femmes est chose courante dans la GRC.

L’Alliance canadienne féministe pour l’action internationale (AFAI) exhorte le gouvernement du Canada à lancer «immédiatement» une enquête indépendante externe de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) qui «abordera et modifiera son traitement des femmes, à la fois en tant qu'employeur et en tant que fournisseur de services».


L’AFAI a publié lundi le rapport «La culture toxique de la GRC: Misogynie, racisme et violence contre les femmes dans la police nationale du Canada» qui met en lumière la discrimination et la violence systémiques à l’égard des femmes «perpétrées» par la GRC.

L’organisation mentionne notamment que les femmes et les filles autochtones sont victimes de violences sexuelles de la part des agents de la GRC de manière disproportionnée et que l’incapacité de la GRC à les protéger met leur vie en danger.

«Culture de misogynie et de racisme»

Le rapport de 50 pages veut mettre en lumière «une culture de misogynie et de racisme qui n’affecte pas seulement les femmes qui sont à l’emploi» du corps policier national. Les services policiers qui sont fournis aux communautés d’un bout à l’autre du pays en souffriraient aussi selon l’organisme. 

«La GRC est devenue une crise nationale de sécurité publique pour les femmes, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la GRC, notamment en ce qui concerne son rôle dans la crise des femmes et des filles autochtones maltraitées, négligées, disparues et assassinées, affirme Dre Pam Palmater, une avocate Mikmaq qui est aussi l’une des co-auteures du rapport. Il est plus que temps que le gouvernement fédéral prenne des mesures urgentes pour empêcher le viol ou l'agression sexuelle d'une autre femme ou fille par la GRC.»

Ce rapport fait suite à celui présenté par l’ancien juge à la Cour suprême du Canada, Michel Bastarache, qui concluait en 2020 que le harcèlement sexuel à la GRC est encouragé et permis par une culture institutionnelle de misogynie, de racisme et d'homophobie qui existe à tous les niveaux de la GRC, et ce, partout au pays. 

Michel Bastarache, ex-juge à la Cour suprême du Canada

Me Bastarache notait par ailleurs que cette culture toxique ne pouvait être changée «de l’intérieur». Ce dernier avait été embauché comme évaluateur indépendant pour donner suite à un recours collectif intenté par des femmes qui avaient été victimes de harcèlement sexuel et de discrimination fondée sur le sexe ou l’orientation sexuelle. Il avait alors reçu 3046 réclamations et 2304 d’entre elles ont été indemnisées.  

L'engagement du fédéral

Le gouvernement fédéral s’était alors engagé à assurer des lieux de travail soient «exempts de violence, de harcèlement et de discrimination» en intégrant un nouveau un nouveau «régime indépendant de prévention du harcèlement et de règlement des plaintes» et en éliminant «des obstacles systémiques touchant divers groupes de personnes».

Or, pour l’AFAI, le gouvernement doit en faire plus et rapidement. 

«Le gouvernement du Canada doit prendre des mesures pour créer un organisme véritablement indépendant qui puisse demander des comptes à l'institution et aux individus pour les actes de violence faite aux femmes et pour les manquements à l'obligation de fournir la protection et l'enquête nécessaires », a soutenu la directrice de l’AFAI et co-auteure du rapport, Shivangi Misra.