Tournoi pee-wee de Québec: le retour dans le passé de Simon Gagné

Si j’avais un message à lancer aux joueurs et aux parents, [...] c’est de bien en profiter. Amusez-vous, parce que la deuxième année pee-wee, c’est la plus belle», lance Simon Gagné, dont on voit les cartes de hockey pee-wee.

Il se revoit, à l’âge de 12 et 13 ans, à la fois excité et nerveux de vivre le rêve de sa vie sans savoir ce que l’avenir lui réservera. Dans quelques jours, Simon Gagné remontera le temps en participant au Tournoi international de hockey pee-wee de Québec après l’avoir fait une première fois comme joueur, en 1993. À ce moment, il ne pouvait s’imaginer que les jeunes d’aujourd’hui joueraient sous sa bannière bien accrochée dans les hauteurs du Centre Vidéotron.


L’ancien hockeyeur des Flyers, du Lightning, des Kings et des Bruins n’est plus le petit garçon qui menait le jeu avec les Gouverneurs de Sainte-Foy dans la classe AA lors de ses participations en 1993 et 1994.

À la retraite du hockey, il est l’entraîneur des As de Québec, l’équipe de son fils Matthew qui représentera les petits Remparts en classe AAA, la semaine prochaine, le même club qui a retiré le numéro 12 qu’il a porté avec brio pendant son stage junior et dans la Ligue nationale. Fiston sera facile à repérer, il portera le même numéro 12 que son père, beau clin d’œil à l’histoire familiale.

S’il n’avait pas remporté le Tournoi pee-wee, Simon Gagné s’est bien repris par la suite en remportant la médaille d’or aux Jeux olympiques de 2002 (Salt Lake City), la Coupe du monde de 2004 et la Coupe Stanley en 2012.

«Si j’avais un message à lancer aux joueurs et aux parents, et je leur dis souvent, c’est de bien en profiter. Amusez-vous, parce que la deuxième année pee-wee, c’est la plus belle, c’est le plus beau hockey, c’est le fun. C’est la dernière année où les jeunes sont encore des enfants. Après, c’est le bantam qui commence, la mise en échec, l’adolescence, la première blonde, le premier party. Mon fils me l’a fait remarquer, récemment, à l’effet que le groupe vivait ses derniers moments ensemble», raconte l’homme de 42 ans.

Mais au-delà de ses 89 buts dans la LHJMQ, dont 50 en 1998-1999, et de ses 601 points en 14 saisons dans la LNH, le Tournoi pee-wee reste l’un des moments marquants de sa carrière.

«Dès qu’un joueur de la LNH voyait que je venais de Québec, comme Anze Kopitar à Los Angeles, par exemple, la première chose qu’il me parlait, c’était du Tournoi pee-wee. Avec le Mondial junior, ça doit être le tournoi le plus connu au monde. J’ai grandi à Québec, c’est sûr que je rêvais d’y participer quand j’étais ti-gars. Je me souviens que mon père nous y amenait, mon frère et moi, même qu’on ratait une journée d’école pour ça.»

Nerveux à ses débuts

Son souvenir de sa première participation le titille encore.

«Le Tournoi pee-wee, c’est un beau souvenir, mais pas un beau moment… J’ai été nerveux plusieurs fois dans ma carrière, mais pour mon premier match, je l’avais été encore plus. Même que ça m’avait empêché de performer comme j’en étais capable. L’année suivante, on avait aussi perdu le premier match alors qu’on aurait pu gagner le tournoi, mais on avait ensuite remporté le tournoi consolation à Bernières. Ça avait été une déception, parce qu’on avait une méchante bonne équipe», rappelle-t-il, 30 ans plus tard.

Il a vite réalisé que la suite se passait à la vitesse de l’éclair. Trois ans plus tard, il jouait junior majeur avec les Harfangs de Beauport. Et à 19 ans, c’est la LNH qui l’accueillait.



Dès que tu joues dans le novice, tu rêves de participer au Tournoi pee-wee. Il y avait quelque chose de spécial de le faire au Colisée, c’était différent. Même chose pour le mini-hockey pour les jeunes dans les corridors, il y avait de la place.

Une fois à la retraite, Simon Gagné avait accompagné l’équipe pee-wee des Flyers derrière le banc, ce qui l’avait replongé dans l’ambiance du tournoi. Il a aussi été faire des petits discours avant les matchs des enfants de plusieurs de ses amis. Il bouclera la boucle en dirigeant son fils, la semaine prochaine.

«Pour lui, c’est aussi un rêve. Ça fait deux ans qu’il est dans la structure des As, par chance que le tournoi n’a pas été annulé comme l’an passé, parce que les jeunes de deuxième année [nés en 2009] n’auraient pas pu vivre cela. J’aimerais être dans les estrades comme les autres parents et en profiter, mais j’aime aussi m’occuper des jeunes, leur enseigner le hockey. Je connais bien les enfants et les parents, je le fais aussi parce que c’est notre gang et ça me permet d’être avec mon garçon tous les jours, c’est précieux, ça aussi.»

Simon Gagné ne sait pas encore combien de temps il s’impliquera dans les équipes de Matthew.

«Je vais peut-être le faire encore dans le bantam, on verra. C’est pas mal lui qui va décider et qui va dire : “OK, papa, c’est assez”. J’aimerais aussi qu’il soit éventuellement dirigé par quelqu’un d’autre, surtout s’il devait atteindre le midget AAA [M18 AAA] ou jouer dans la LHJMQ.»

Chose certaine, Simon ne sera pas l’entraîneur de Matthew si ce dernier atteint le junior majeur.

«Je ne coacherai pas plus haut, je ne ferai pas comme Pat. Je veux faire du hockey, mais pas comme entraîneur», confiait-il en parlant de Patrick Roy, entraîneur-chef de longue date des Remparts malgré une glorieuse carrière dans la LNH.»

Quelques jours après l’entrevue, le Blizzard du Séminaire Saint-François dévoilait que Gagné était l’un des membres d’un nouveau comité hockey, en compagnie d’Éric Chouinard et d’Alexandre Giroux, qui nommera et encadrera les prochains entraîneurs de l’équipe M18 AAA, dont ils ont déjà fait partie.

Depuis sa conquête de la Coupe Jimmy-Ferrari en 2017, le Blizzard n'a jamais atteint le carré d'as du circuit. Dixième au classement avec 16 victoires en 2021-22, l'équipe vient de connaître sa pire performance de la décennie. 

«Il n’y a aucun doute qu’on peut redonner un élan à l’organisation, explique Éric Chouinard, qui s'était amené comme conseiller stratégique du conseil d'administration du club l'an dernier. Ça fait quelques années qu’il n’y a pas des résultats qu’on aime. C’est certain qu’on veut essayer de replacer ça le mieux qu’on peut. On le fait par passion et pour s'assurer que l'équipe du bon vieux temps connaisse du succès à nouveau.»

Le nouveau département aura comme mandat de sélectionner, d'encadrer et de conseiller le futur personnel d’entraîneurs du Blizzard ainsi que «d’assurer une présence auprès des joueurs avec un transfert de connaissances et d’expériences». Le nouveau trio du Blizzard jouera aussi un rôle lors des camps de sélection. 

Tout cela dans un contexte collaboratif, explique Éric Chouinard. «On veut travailler en équipe, avec les idées de tout un chacun. On ne veut pas avoir la mentalité d'avoir une seule personne qui prenne toutes les décisions. On est une gang, on est tous ensemble dans le même bateau et on veut le bien de l'organisation.»

La réunion des deux potes des Remparts

L'arrivée de Simon Gagné chez le Blizzard marque la réunion de deux anciennes vedettes de la première heure des nouveaux Remparts de Québec. L’ex-numéro 7 des Diables rouges n'a pas eu besoin de tordre le bras de son ancien capitaine pour qu'il accepte de se joindre à lui.

«Je lui en avais parlé cet hiver, note Chouinard. Je lui avais demandé : “Est-ce que si l’opportunité se présente ça te tenterait tu?’’ On joue au hockey souvent ensemble et il m’avait dit : “Oui ça m’intéresserait.’’ Ce qui est le fun c’est que je suis impliqué dans la structure du Blizzard et lui dans celle des As. C’est complémentaire.»

Le 19 avril, le Blizzard a annoncé que le pilote Frédéric Parent, et ses adjoints Jean-François Savage, Thomas Roberge et François d’Amours (gardiens), ne seraient donc pas de retour pour la saison 2022-23. Éric Chouinard a confirmé au Soleil avoir reçu de nombreuses candidatures de gens intéressés à les remplacer.