Moi oui.
Les tulipes sont revenues à Ottawa. Et merci encore à la famille royale des Pays-Bas, que le Canada a accueillie durant la Seconde Guerre mondiale, de nous faire ce cadeau annuel fabuleux.
Ensuite, les journées ont bien allongé.
Les érables ont coulé.
Et malgré toutes sortes de calamités, la Terre a continué de tourner, laissant le printemps s’installer.
Bref, la vie continue.
Et toutes sortes d’entreprises continuent de naître et de croître, portées par des gens pleins d’espoir tournés vers l’avenir. C’est ce qu’on vous présente dans ce numéro. Des gens qui croient à l’avenir de la planète, des humains.
Car malgré toutes les horreurs causées à grande et petite échelle par les gens malveillants de notre monde, de nos mondes, il y a aussi, partout, de la bienveillance.
Des gens qui aident, des gens qui écoutent, qui portent secours. Prenons le temps de les voir et prenons le temps aussi de saisir comment ce bien peut aider non seulement les familles et les communautés à mieux fonctionner, mais aussi les entreprises et les organismes.
GARDER LE MORAL
Connaissez-vous la chercheure en sciences sociales américaine Brené Brown ?
Je suis une grande admiratrice de cette femme originaire du Texas, autrice de plusieurs livres dont six, d’observation et de conseils sur le leadership notamment, ont réussi à se retrouver sur la liste des meilleurs vendeurs du New York Times.
Brené Brown est une mine d’espoir sur le rôle que peut jouer le bien, l’ouverture, l’écoute, l’acceptation de la différence et de la vulnérabilité, dans notre qualité de vie partout, incluant au travail.
Dans ses travaux, elle essaie notamment de comprendre comment fonctionnent les organisations, les équipes et qui sont les bons leaders. Quelles sont leurs caractéristiques. Et comment, en suivant leurs traces, on peut s’assurer que tous et chacun réalise son plein potentiel, tout en étant heureux, au sein de nos équipes dans nos vies au travail.
Vaste programme, certes. Mais surtout, un programme très actuel puisque jamais a-t-on été aussi confronté à la nécessité de garder le moral pour soi, mais aussi de prendre soin de notre monde.
Autant à cause de la pandémie que de la guerre, l’inflation ou la pénurie de main-d’œuvre, nous avons besoin et envie de créer des entreprises, des milieux de travail qui roulent non seulement efficacement mais sereinement. Où on est bien. Personne ne peut se permettre de perdre des employés. Ni des clients d’ailleurs.
Et que dit Mme Brown, justement, aux gestionnaires ou entrepreneurs qui se demandent sur quel pied danser pour garder leurs équipes heureuses mais productives ?
Premier conseil : tenir pour acquis que tout le monde fait de son mieux.
Un bon leader, a-t-elle constaté, fonctionne en se basant sur des hypothèses positives au sujet des gens.
Ensuite, si la collaboration ne fonctionne pas de façon optimale, entre client et fournisseur ou entre patron et employé ou entre collègues ou associés, on peut voir comment corriger cette situation.
Mais le point de départ se doit d’être bienveillant.
Peut-être que la personne que vous trouvez incompétente n’est juste pas dans le bon poste ou traverse un moment difficile.
Ou que le client qui ne rappelle pas n’a juste pas le temps, a oublié qu’il devait le faire ou a peur de décevoir.
Cela ne fait pas du fournisseur un mauvais fournisseur. Ni du client une mauvaise personne.
Ça veut juste dire qu’il y a un échange de plus à avoir pour comprendre s’il y a moyen de s’entendre pour trouver une solution.
Ou que c’est le temps de passer à autre chose.
LE POUVOIR DE LA GENTILLESSE
Écrits comme ça, tous ces principes peuvent avoir l’air de belles paroles trop gentilles pour un monde des affaires où il faut se battre pour faire sa place et ne pas avoir peur d’être en compétition et en bataille, presque, avec la concurrence.
Mais les travaux de Brené Brown disent exactement l’inverse. Que la clé du succès des leaders passe par la capacité de se montrer fragile, d’avoir le courage de mettre des limites, mais aussi d’être transparent.
Que le succès passe par l’ouverture de soi face au risque, par la capacité de lâcher du lest, de desserrer le contrôle.
Si l’ancien président américain Barack Obama a toujours mis de l’avant le pouvoir de la gentillesse, Brené Brown ajoute qu’il y a aussi l’immense pouvoir de la vulnérabilité.
Faisons de ce printemps celui où on laisse craquer nos carapaces pour faire passer la lumière.
Marie-Claude Lortie
Rédactrice en chef