Décès d’un pilier de la natation en Outaouais

Robert Toupin a consacré plus de quatre décennies de sa vie à la natation, dont les deux dernières à Gatineau. On le voit ici sur le bord de la piscine de l'Université du Québec en Outaouais (UQO) en 2008.

Des larmes risquent de couler sur le visage des athlètes, entraîneurs et bénévoles de Natation Gatineau dans les prochaines heures.


Un moment de silence sera observé avant les premières finales des championnats canadiens de l’Est, jeudi soir, à Pointe-Claire. Les organisateurs rendront hommage à Robert Toupin, qui est décédé subitement chez lui plus tôt dans la semaine.

Le sexagénaire était un entraîneur bien connu au Québec, en Ontario, mais surtout en Outaouais où il a formé de nombreux nageurs depuis le début des années 2000. Il avait notamment participé à la fondation de l’équipe de natation mixte du Cégep de l’Outaouais et du défunt club aquatique de l’Outaouais (CAO).



Auparavant, M. Toupin avait dirigé le défunt club East York, dans la région de Toronto.

«Robert, c’était un homme très spécial qui était toujours aux services des athlètes et croyait dans l’importance de bâtir des relations avec chacun d’entre eux», souligne Brian Kelly au bout du fil.

Ce dernier lui a succédé en tant qu’entraîneur-chef de Natation Gatineau en 2016. Ils étaient amis depuis le milieu des années 1990.

M. Toupin avait pris sa retraite une deuxième fois, il y a six ans, mais s’était laissé convaincre de revenir sur le bord de la piscine en septembre dernier. Il s’ennuyait de la natation, surtout que la pandémie l’avait privé de plusieurs de ses activités favorites.



On lui avait confié des athlètes, dont certains du programme sport-études géré par Natation Gatineau.

«Il y a deux semaines, je lui ai avait suggéré de prendre congé le dimanche. Il m’avait répondu: «je ne peux pas faire ça aux jeunes». Il était comme ça. Puis samedi dernier, durant le week-end de Pâques, je lui ai serré la main en pensant le revoir mardi.»

Deux heures avant l’entraînement prévu mardi, la direction de Natation Gatineau apprenait la triste nouvelle. M. Toupin était décédé de cause naturelle en matinée.

Les nageurs ont été informés à leur tour. Ils ont été épaulés le lendemain par des conseillers d’un CLSC local.

«Tout le monde réagit de façon différente face à une telle épreuve. Certains nageurs ont eu recours aux services offerts, d’autres retrouvaient du confort à nager et suivre leur routine habituelle.»

Dix athlètes ont fait le voyage à Pointe-Claire en vue des championnats canadiens de l’Est.



«À un certain moment, nous avons songé à ne pas venir ici. Nous nous demandions si c’était approprié», avoue Brian Kelly. Mais tous savaient ce que le vénérable entraîneur aurait voulu.

Son décès a suscité une vague de témoignages sur les médias sociaux.

Gabrielle Pelletier fait partie du lot de gens qui ont dit un dernier merci à l’ancien coach. Elle était parmi ses premiers élèves au CAO.

«Robert cherchait autant à développer le nageur que l’individu. Quand je lui avais annoncé que j’allais commencer des études universitaires en physiothérapie, ça le rendait encore plus heureux que certaines de mes performances», raconte Pelletier.

La mère de famille conservera le souvenir d’un homme «passionné» qui pouvait être parfois «très émotif» durant une compétition. «Il pouvait courir, sauter et crier des encouragements sur le bord de la piscine quand il était content», relate-t-elle.

«Je l’ai rarement vu assis», ajoute-t-elle.

Surtout, Pelletier a retenu une leçon très importante de ses années passées sous la férule de M. Toupin. Une leçon qui lui a servi lors de son mandat de chef de délégation de l’Outaouais à une finale des Jeux du Québec.

«Robert m’a appris à arrêter de m’en faire avec les situations sur lesquelles je n’ai aucun contrôle, qu’il ne fallait pas dépenser mes énergies pour rien. Ce n’est pas facile de lâcher prise quand tu es adolescent.»

En plus de son implication de quatre décennies en natation, Robert Toupin était bénévole avec sa conjointe au sein du club communautaire Lions à Gloucester. La paire donnait notamment de son temps dans l’organisation du village de Noël durant la période des Fêtes au centre commercial Place d’Orléans.