Heron Gate: le nouveau développement porté en appel

En septembre dernier, le conseil municipal d’Ottawa a donné son aval au projet de développement qui comprend près de 5000 résidences, dont 20% devront être offerts à «divers niveaux d’abordabilité» pour une période d’au moins 15 ans.

Les évictions de masse du quartier Heron Gate n’ont pas fini de faire couler l’encre. Le redéveloppement des propriétés démolies par la firme Hazelview fait l’objet d’une demande d’appel au Tribunal ontarien de l’aménagement du territoire (TOAT).


Le chapitre local d’ACORN — un organisme de défense des intérêts des personnes à faibles revenus — s’est présenté devant la cour vendredi matin pour faire valoir ses arguments.

«On se fait dire que c’était la meilleure entente possible pour la Ville. En ce qui me concerne, on a obtenu une Geo Metro, alors qu’on aurait pu avoir une Cadillac», soutient John Reddins, un membre d’ACORN et ex-résident d’Heron Gate.

«On attend maintenant la décision du Tribunal à savoir s’il y aura une audience complète», ajoute l’avocat qui représente ACORN dans ce dossier, Daniel Tucker-Simmons.

En septembre dernier, le conseil municipal d’Ottawa a donné son aval au projet de développement qui comprend près de 5000 résidences, dont 20% devront être offerts à «divers niveaux d’abordabilité» pour une période d’au moins 15 ans.

Le développeur — anciennement nommé Timbercreek — a démoli 230 maisons en rangée après les évictions de 2016 et 2018, insistant que les lieux étaient en trop mauvais état pour procéder à de simples rénovations.

Selon les règles de zonage actuelles, Hazelview pouvait construire près de 5000 logements sur ses terrains des promenades Baycrest, Cedarwood et Sandalwood. L’entreprise souhaitait toutefois densifier encore davantage les lieux et construire un peu plus de 6400 unités — un mélange de maisons en rangée en location et d’immeubles d’appartements — et a dû trouver un compromis avec la Ville d’Ottawa pour obtenir cette autorisation.

Pour une période d’au moins 15 ans, 20% des logements construits et actuellement opérés par le promoteur devront être offerts à «divers niveaux d’abordabilité», selon l’entente entre la Ville et l’entreprise. À la fin de ces 15 ans, les résidents de ces unités qui bénéficient déjà de ces prix plus abordables auront des droit acquis pour assurer que leur loyer demeure relativement bas.

«S’attendre à ce qu’un développeur privé offre du logement abordable à perpétuité, c’est complètement irréaliste. C’est complètement en dehors des paramètres de la Loi sur l’aménagement du territoire. […] Ceci est un coup de circuit en matière de logement abordable», a lancé la directrice de la planification de la Ville d’Ottawa, Lee Ann Snedden.

Ces logements abordables seront situés dans les deux immeubles à appartements qui se trouvent déjà sur le site, ainsi que dans les nouveaux bâtiments qui seront construits d’ici 10 à 20 ans.

Manifestation d'anciens résidents du quartier

Division du conseil

Une majorité d’élus a adopté cette entente après de longs débats mercredi. Le maire, Jim Watson, s’est notamment réjoui de cette conclusion.

«Est-ce qu’on voudrait en voir plus? Bien sûr. Est-ce qu’on voudrait que les loyers soient encore moins chers? Bien sûr, mais la compagnie n’était pas obligée de faire ce que nous leur avons demandé dans ce contrat social», soutient M. Watson.

Certains élus ne voient toutefois pas les choses du même œil. Le conseiller du quartier Capitale, Shawn Menard, et Catherine McKenney — qui représente le quartier Somerset — ont déposé trois motions pour modifier les conditions de l’entente avec Hazelview. Aucune n’a obtenu la faveur d’une majorité d’élus au conseil municipal.

Les deux collègues cherchaient notamment à ajouter un caractère permanent à l’abordabilité des 1020 unités promises par le promoteur, ainsi qu’à redéfinir ce qui est considéré comme étant abordable. Shawn Menard et Catherine McKenney estiment tous deux que l’éventail de loyers qui seront offerts par l’entreprise est trop cher pour des foyers à faible revenu.

En plus de ces deux élus, les conseillers Mathieu Fleury (Rideau-Vanier), Rawlson King (Rideau-Rockcliffe), Diane Deans (Gloucester-Southgate) et Jeff Leiper (Kitchissippi) ont aussi voté contre cette entente qui permet à Hazelview de construire 1439 unités supplémentaires.