«C’est d’abord un esprit de famille»

Marie-France Cuerrier, agente en transformation et en développement organisationnel.

Après cinq années de bataille, l’Hôpital Montfort a presque doublé en superficie. Grâce aux nombreuses recherches, le service bilingue, le nombre d’entrées aux urgences et d’accouchements qui ne cesse d’augmenter, l’institution figure parmi les 1000 meilleurs hôpitaux au monde. Ce chemin vers les honneurs n’a pas été de tout repos.


Agente en transformation et en développement organisationnel, Marie France Cuerrier n’arrive pas vraiment à décrire ce qu’elle fait à Montfort. Engagée dans plusieurs groupes et comités, elle ne s’ennuie jamais au travail.

«La majorité des gens savent qui je suis à l’hôpital [...]. Les gens disent souvent que j’ai Montfort tatoué sur le cœur et c’est vrai! J’ai Montfort à cœur au maximum. J’ai commencé ma carrière là et je vais la terminer là, c’est certain.»



Marie-France a commencé sa carrière à l’hôpital franco-ontarien comme physiothérapeute en 1997. Ses anciens collègues étaient même étonnés d’apprendre qu’elle allait travailler dans un hôpital qui prévoyait fermer.

Travail d’équipe

La francophone souligne que la collaboration entre les employés de l’hôpital et la population était nécessaire pour créer un mouvement qui reverserait la décision de fermer l’institution.

«Tout le monde se donnait la main. On s’entraînait pour y arriver, pour dire qu’on avait notre place et pour prouver que l’hôpital était nécessaire. Avec toute la communauté qui était derrière nous, on avait vraiment espoir que c’était pour aller dans le sens qu’on voulait», ajoute-t-elle.

Elle se rappelle que le directeur général à l’époque, Gérald Savoie, tenait ses employés informés de la situation. Il les appelait à l’interphone pour une rencontre d’employés. Ces derniers essayaient de ne pas parler de la situation dans la vie de tous les jours, ils se concentraient sur leur travail.



«Quand il annonçait une réunion, le cœur nous débattait toujours, on se demandait ce qu’il allait annoncer», se souvient Marie-France.

Dès que la décision du maintien de l’hôpital a été annoncée, elle et ses collègues ont immédiatement songé au futur de leur hôpital, qui avait maintenant un avenir certain.

«C’était une grosse célébration. C’était une grosse lourdeur qui tombait de nos épaules [...]. Quelques années plus tard, on planifiait déjà l’agrandissement de l’hôpital. Ça nous a mis le vent dans les voiles pour savoir qu’on avait notre raison d’être et qu’on avait besoin de plus d’espaces, plus de lits et plus d’employés. On savait qu’on avait notre place.»

À go, on rénove!

Peu d’années après que la survie de l’hôpital ait créé un soupir de soulagement pour toute la communauté franco-ontarienne, l’agrandissement de l’édifice se planifiait déjà. «Il n’y a pas eu de travaux de construction pendant les cinq années de combat en raison des temps incertains», rappelle Marie-France.

L’hôpital a subi de nombreuses rénovations ainsi que l’ajout d’ailes à ses extrémités pour agrandir certains services. «On avait besoin de plus d’espaces modernes. Le département de santé mentale triplait en superficie, l’entrée principale était maintenant à une place différente, il y avait plus de lits, bref c’était plus beau», énumère celle qui a vécu toutes les transformations à l’hôpital.

En raison de ces travaux, les revenus, le nombre d’employés, les entrées aux urgences et les accouchements ont augmenté.



Marie-France souligne que les employés étaient toujours consultés lors des projets de transformation afin de répondre le plus à leurs besoins. À certains moments, les travailleurs mettaient casque et bottes pour visiter le chantier de construction.

«On voulait que les gens s’approprient tranquillement les espaces, pour que ça ne soit pas une surprise.»

Malgré les transferts de patients et de médecins lors des rénovations, l’agente en transformation est fière de dire qu’il n’y a eu «aucun incident impliquant un patient lors des rénovations et de la construction».

Le projet de développement du «Nouveau Montfort» a été annoncé en 2005. Moins d’un an plus tard, les travaux étaient entamés. Le 5 juin 2010, les employés et les patients découvraient un hôpital rénové et agrandi. «Ça s’est fait sur plusieurs années, mais considérant l’ampleur du projet, oui c’était rapide. On n’était pas une grande équipe de projets, mais on avait la coopération de tout le monde dans l’hôpital.»

Même si on a ajouté du personnel à de nombreuses reprises, les communications restent claires et la proximité est la même. «Même si l’hôpital a doublé en superficie et en personnel, la famille s’est agrandie, mais ça reste que c’est un esprit de famille.»

Le bilinguisme d’abord

L’engagement de l’hôpital reste toujours de servir les patients dans la langue de son choix, que ce soit le français ou l’anglais. C’est ce qu’a réitéré le directeur général, le Dr Bernard Leduc, dans le rapport annuel 2020-2021 de Montfort.

Cependant, le nombre de patients francophones hospitalisés est à la baisse. Les francophones de l’Ontario et du Québec représentent 36% des hospitalisations de la dernière année financière, alors qu’on en dénombrait 41% pour 2019-2020. Le nombre de patients en visite ambulatoire qui choisissent le français a un peu diminué de 45% à 41%.

«C’est très important de parler la langue de choix du patient. Pour quelqu’un qui est malade, il va beaucoup mieux comprendre si on lui parle dans sa langue au choix», affirme celle qui gère aussi le système de politique et procédure à Montfort.



Chez les employés, seulement deux employés ne répondaient pas aux exigences linguistiques de l’hôpital et ont eu droit à 12 mois pour y remédier.

Pour amener du renfort en temps de pandémie, le conseil d’administration à autoriser l’embauche temporaire de médecins unilingues anglophones.

Montfort fait maintenant partie des 1000 meilleurs hôpitaux au monde, selon la prestigieuse revue américaine Newsweek. Au Canada, il se situe au 61e rang et dans les 40 meilleurs pour la recherche. Mme Cuerrier se sent choyée d’avoir contribué à la croissance d’une institution qui pourrait ne plus exister. «C’est une très grande fierté. Ça veut dire qu’on a vraiment notre raison d’être. On œuvre parmi les grands. On n’est pas le petit hôpital communautaire.»

Pour lire l’édition intégrale du cahier du 25e anniversaire du Grand Ralliement de SOS Montfort, cliquez ici