Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) vient de publier un rapport accablant sur l’évolution du réchauffement de la planète, qui documente à quel point nous sommes concrètement affectés par les impacts de la pollution : réchauffement général de plus de 1 degré, déréglage des écosystèmes, événements climatiques extrêmes qui mettent nos vies en danger, pluies torrentielles et sécheresses qui abiment les récoltes, voire les anéantissent. La liste des conséquences dramatiques est affolante.
Juste là, la nouvelle avait de quoi assommer.
Mais il n’y a pas que ça, bien sûr.
On se remet de la pandémie.
Et la Russie poursuit son offensive militaire en Ukraine avec toutes les images d’horreur de maternités bombardées, de familles assassinées, qui documentent ce cauchemar.
En plus, ce conflit et ses conséquences – le choc à l’économie mondiale du déraillement moral d’un de ses gros joueurs, la Russie, punie financièrement par ses adversaires – ont contribué à propulser le taux d’inflation à des niveaux qu’on n’avait pas vus depuis longtemps.
Il faut être fait fort pour être optimiste par les temps qui courent.
Or, justement, nous le sommes.
N’est-ce pas ?
Le monde des entrepreneurs, en particulier, m’impressionne toujours par la confiance accordée à l’avenir et à tous ses potentiels.
Être entrepreneur, c’est croire qu’on peut faire mieux, faire plus, que ce qui existe déjà. Et que ça va marcher.
Parmi les entrepreneurs, il y en a qui m’impressionnent particulièrement : les agriculteurs. Parce que, justement, ils doivent composer avec ce climat qui nous joue des tours, qui impose sa force.
Malgré les coups bas de la nature, à chaque année, ils repartent la machine avec la même confiance profonde portée à la terre, à la biologie, à la vie, et ce qu’elles peuvent donner.
C’est magnifique.
DES CHOIX À REPENSER
Nous avons donc décidé de raconter l’histoire de quelques-unes de ces entreprises agricoles tournées vers l’avenir, que ce soit des producteurs de sirop d’érable, de plantes d’intérieur ou de légumes.
Leurs témoignages sont intéressants parce qu’on doit prendre le temps de comprendre comment ces producteurs vivent et voient leur travail pour prendre de meilleures décisions à leur égard, notamment en choisissant de les encourager comme consommateurs.
Car si la planète va mal, côté climat entre autres, c’est à cause de choix nombreux que nous avons faits comme société, incluant des choix agricoles.
Arrêtons-nous pour y réfléchir quelques secondes.
Les techniques de cultures industrielles favorisées depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale font en effet partie de la vaste panoplie de mauvaises habitudes, de mauvaises décisions, qui expliquent aujourd’hui pourquoi tant de gaz à effet de serre causent ce réchauffement général à la source de mille maux.
La transformation de forêts en champs pour la culture de maïs, de soja et autres plantes destinées à nourrir les animaux pour la (sur)consommation humaine, par exemple, nous prive de nos poumons verts.
L’utilisation de machineries lourdes, fonctionnant à l’essence, sur les méga fermes, contribue à la pollution.
Un phénomène complexe lié à la façon dont on travaille trop la terre fait aussi en sorte que du carbone, qui devrait rester dans le sol, là où on en a besoin pour nourrir les plantes, part dans l’atmosphère, là où il est néfaste.
L’industrialisation fait aussi qu’on concentre la grande production dans certaines zones, souvent très éloignées, d’où partent ensuite les fruits et légumes, viandes et compagnies, en camions. Là encore : pollution.
FAVORISER L’ACHAT LOCAL
Quand on achète nos légumes chez un fermier près de chez nous, il n’a pas besoin de faire huit gros plein d’essence !
Parce qu’au moment d’écrire ces lignes, la planète va mal et l’essence est rendue à un prix astronomique.
« Effort de guerre », disent certains.
Peut-être. On paie plus cher parce que pour étrangler financièrement la Russie, on cherche à tourner le dos à son pétrole et donc on diminue l’offre. C’est la loi qui veut ça. Moins d’offre, autant de demande. Le prix augmente.
Mais si, au lieu de payer plus cher pour ce combustible dont l’offre diminue, on contribuait à en stabiliser le prix en en demandant moins ?
Et donc en voyageant moins ou mieux – en transports en communs, en vélo, en véhicules électriques, etc – et en privilégiant, massivement, la consommation locale ?
La liste des bonnes raisons d’acheter nos légumes chez nos fermiers, dans notre région, vous l’aurez compris, est vraiment très longue.
Encourageons-les.
Et rappelons-nous d’une chose : dans leurs champs, leurs plantes vont se remettre à pousser. Les petits pois, les salades, les tomates et les fraises aussi. Et le symbolisme, l’inspiration, que porte cette renaissance au printemps, combinés à l’énergie qui émane d’agriculteurs passionnés, aux champs contre vents et marées, fait partie des ingrédients de l’optimisme qu’on se doit de cultiver actuellement.
Chers lecteurs, bon printemps !
Marie-Claude Lortie
Rédactrice en chef