«Quand on pense crise climatique, on pense aux voitures, aux avions, aux camions. Mais on ne pense pas aux effets sur l’eau», a lancé au Droit François de Gaspé Beaubien, président du conseil d’administration d’AquaAction. «S’il y a un pays, un pays au monde, qui n’a pas juste l’obligation, mais qui a l'habileté de pouvoir trouver des solutions aux eaux douces, c’est le Canada. On a les gens, on a les technologies, on a les moyens. On est capables. On est responsables de près d’un quart de l’eau douce de la planète.»
En effet, puisque le Canada détient plus de 20% des réserves mondiales en eau douce, M. de Gaspé Beaubien croit que certaines personnes pourraient percevoir un faux sentiment de sécurité par rapport à l’accès à cette eau douce. Pourtant, le Canada demeure très exposé aux impacts du réchauffement du climat liés à l'eau, avance-t-il, de par les inondations dévastatrices, les sécheresses, les vagues de chaleur et les incendies de forêt. L'eau potable dans les communautés autochtones demeure aussi un talon d’Achille important au pays. «Il y a plus de cinq millions de lacs au Canada. On a des rivières qui sont plus grandes que des pays. Nous les Canadiens, moi inclus, on pense, ou on pensait, qu’il n’y en avait pas de problème. Mais saviez-vous qu’on boit en moyenne l’équivalent de 52 cartes de crédit en micro plastique par année. C’est un des nombreux problèmes. Les Canadiens, on tient notre eau pour acquise.»
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/FXVYN437XVGIDIFT547VXAP76E.jpg)
Des actions concrètes
Pour sensibiliser les Canadiens à cet enjeu, la campagne médiatique de sensibilisation nationale de plusieurs millions de dollars lancée mardi par AquaAction, en collaboration avec la Fondation de Gaspé Beaubien, vise à récolter des dons pour aider des jeunes entrepreneurs à travers le pays à trouver des solutions, aider les municipalités à faire le pont, et commencer à réparer et à adresser les défis des eaux douces. M. de Gaspé Beaubien, qui est aussi propriétaire de la firme publicitaire Zoom Média, a réussi à réunir d’autres chefs de file de l’univers médiatique et d’affichage, comme Bell média, Néo-Traffic, etc., afin qu’ils mettent la main à la pâte dans cette campagne publicitaire massive. «Cette campagne a démarré aujourd’hui [mardi] et mon objectif est de rejoindre entre 20 et 25 millions de Canadiens d’ici 90 jours. [...] Pour tout changement au niveau de nos élus, il faut que les citoyens embarquent, que ce soit au niveau municipal, provincial ou fédéral», croit-il.
M. de Gaspé Beaubien a également participé mardi à un panel de discussion en présentiel portant sur la crise de l’eau, mis sur pied par le Forum for Leadership on Water (FLOW), en collaboration avec une coalition d’organisations canadiennes, qui s'est tenu en matinée au Château Laurier, au centre-ville d’Ottawa.
Le forum a permis à des représentants de différents partis politiques de se faire entendre sur la question de la crise de l’eau. Des dirigeants autochtones, de même que des experts et des scientifiques ont également pu prendre la parole. «Je suis allé à Ottawa et je vais y retourner jusqu'à tant que nos eaux douces soient à un niveau pur. Et pour le moment, on est loin de ça. [...] C’est rare d’entendre les différents partis politiques d’être d’accord sur n'importe quel sujet. C’était très rafraîchissant. Tout le monde était unanime.»
M. de Gaspé Beaubien a réitéré sa demande au gouvernement fédéral afin qu’il passe de la parole aux actes et qu’il mette finalement sur pied une Agence canadienne de l’eau, après huit ans d’attente. «J’y crois à cette agence. [...] Je suis très content que tous les partis politiques qui étaient là aujourd’hui aient parlé de l’importance de l’eau douce. [...] On a besoin de tous les Canadiens et que tous les paliers de gouvernement s’impliquent. [...] je trouve qu'il n'y a rien de plus important que les eaux douces du Canada. C’est carrément la vie. Et si on n’agit pas maintenant, il sera trop tard. Alors il faut agir.»