Et son histoire, il en trace les contours depuis près 30 ans. Ferme laitière à ses débuts, celle-ci enregistre aujourd’hui un chiffre d’affaires annuel de 1,1 million et est reconnue notamment pour ses poulets élevés en liberté, sans antibiotiques, hormones et sous-produits animaux.
Et pourquoi donc l’Ontario comme terre d’accueil ? Sans hésitation, celui qui a grandi sur une ferme laitière affirme que le Canada est fort convoité par les fermiers européens, notamment pour l’espace, la stabilité et, surtout, les prix abordables qu’on y trouve.
Son coup de cœur pour la province vient d’ailleurs d’une expérience de travail en 1988 à South Mountain, au sud d’Ottawa, sur une ferme dirigée par des Suisses.
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Un bienfaiteur vient en aide
La même année, il revient à la maison et, autour de lui, on s’intéresse à son aventure agricole canadienne. Il est alors invité à donner une conférence devant 50 personnes dans un hôtel.
À sa grande surprise, plus de 200 personnes se pointent à l’activité. Il fera alors la connaissance d’un bienfaiteur qui l’aidera à réaliser son rêve.
« Ma présentation a séduit un homme très riche qui venait d’acheter une ferme au Québec avec son « argent de poche », affirme-t-il en riant. Il a mis son bâtiment en garantie pour financer l’achat de ma ferme laitière à Curran au prix de 650 000 $. J’ai moi-même investi 50 000 $. À l’époque, j’étais le premier Suisse à débarquer dans le coin. Aujourd’hui, à quelques kilomètres autour, il y en une centaine. Beaucoup d’entre eux arrivent ici bien nantis et avec beaucoup d’expérience, ce qui n’était pas mon cas. »
Seul et célibataire, il s’attèle à la tâche. Heureusement, l’ex-propriétaire lui donnera un coup de main pendant presqu’un an pour assurer la transition. Avec 75 vaches laitières, le chiffre d’affaires s’élève alors à 360 000 $ par année. L’objectif est de réduire son empreinte carbone et de continuer à produire du lait à faible coût.
Aujourd’hui, j’ai 170 vaches qui sont libres d’aller où elles veulent, dans les champs ou à l’intérieur. Elles sont nourries à l’herbe, donc on produit moins de lait, mais celui-ci est plus sain. C’est la même chose avec les 3000 poulets et les 950 poules pondeuse de la ferme.
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Sensibiliser la population
C’est en 2016 que la volaille a fait son entrée à la ferme, située dans un cul-de-sac, loin des bruits de la circulation, un choix bien réfléchi afin de maximiser le bien-être des animaux.
« À l’époque, je voulais faire la promotion de la qualité de mon lait, dont je suis fier, mais la réglementation de l’industrie m’en empêchait, fait-il valoir. Or, il en était autrement avec le poulet artisanal. Je pouvais mettre en valeur ma philosophie et mes valeurs auprès des consommateurs. On a ajouté le bœuf, le veau et le kombucha. Pour ces produits, je peux contrôler le message. »
La production de lait représente 66 % des revenus, le reste provenant des autres produits vendus directement au client, en ligne ou dans les marchés. Son épouse Olga, qu’il a rencontrée en Ukraine en 1999, joue un rôle majeur dans le succès de l’entreprise et de la vie familiale.
« Durant la pandémie, notre chiffre d’affaires a augmenté de 15 %, souligne-t-il. Les gens se sont mis à cuisiner davantage et à se questionner sur l’origine et la qualité des produits. On peine encore à suffire à la demande, mais il y a encore beaucoup à faire côté éducation. On connaît le nom de son mécanicien, son esthéticienne et son dentiste, mais combien sommes-nous à ne pas savoir d’où vient ce que l’on mange ? Mettez vos bottes et venez-nous voir à la ferme. Pour plusieurs, c’est l’élément déclencheur vers une alimentation plus saine. »
La sensibilisation est au cœur de leur démarche, mais le couple manque de temps pour faire des activités de ce genre à la ferme ou ailleurs. Avec quatre enfants ( 9, 7 et 5 ans pour les jumeaux ! ) et la pénurie de main-d’œuvre, la gestion de l’horaire s’avère parfois vertigineuse.
« On devait accueillir deux familles ukrainiennes, mais tout est tombé à l’eau compte tenu de la situation là-bas, laquelle nous attriste énormément, précise Kornel Schneider. À ce stade-ci, trouver d’autres employés pour l’été sera difficile. Tout ce qu’on peut faire, c’est redoubler d’efforts et garder le cap sur notre objectif, soit de devenir un incontournable dans la région. »