La journée mondiale de l’eau, l’occasion de prendre des engagements pour sa préservation

«Alors que la destruction de plusieurs milieux humides a déjà été autorisée, où pourrons-nous recréer des milieux humides d’une si grande valeur écologique et ce, de la même façon que dame nature sait si bien le faire?» écrit Mélanie Deslongchamps.

POINT DE VUE / Le 22 mars est la Journée mondiale de l’eau et le thème de cette année est la protection de l’eau souterraine. Bien qu’elle soit cachée et invisible, l’eau souterraine permet d’approvisionner une grande partie du territoire habité et d’alimenter la population. C’est également le cas dans le bassin versant de la rivière St-Charles à Québec. En effet, selon une étude récente de l’Université Laval, c’est la nappe phréatique qui alimente majoritairement le lac Saint-Charles lors des périodes de sécheresse. 


Cette information est très importante dans l’élaboration des actions à mettre en place pour assurer la préservation de cette réserve d’eau pour 300 000 personnes. On doit donc protéger au maximum le couvert forestier du bassin versant et mettre en place de nombreuses actions pour assurer la préservation de cette ressource vitale. 

Pour protéger l’eau, on doit tous faire notre part ! En cette année d’élection provinciale, Agiro a pensé faire une liste de propositions d’engagements à l’intention des différents partis politiques. Comme citoyen, vous pouvez tous en parler aux candidats de votre circonscription au cours des prochains mois, sans oublier d’aller voter. 

Protéger les milieux naturels pour préserver l’eau

Partout dans le monde, des aires d’alimentation en eau potable sont protégées en vertu de différents statuts tels que l’on peut le lire dans le rapport de la banque mondiale The importance of forest protected areas to drinking water. Il est essentiel de conserver les milieux naturels, afin d’éviter l’étalement urbain dans ces aires d’alimentation et la dégradation de la qualité de l’eau. En contrepartie, ces aires protégées peuvent devenir des sites pour la pratique d’activités de plein-air. C’est d’autant plus important de créer de nouvelles aires protégées puisque pendant la pandémie, le manque flagrant de sites écotouristiques a eu pour impact que les seuls milieux naturels disponibles ont été sujets à la surfréquentation, ce qui a occasionné de nombreux effets négatifs sur les infrastructures et les écosystèmes. 

Pour faciliter l’acquisition de milieux naturels en zone périurbaine, il doit y avoir une réforme de la loi sur l’expropriation et la mise en place de programmes de financement spécifiques à la conservation et la restauration des milieux naturels ayant pour but la protection des aires d’alimentation en eau potable. Le Québec s’est engagé à transformer 30% du territoire du Québec en aires protégées d’ici 2030. Dans ce contexte, il est crucial de se fixer des objectifs pour les régions urbaines et périurbaines du Québec et de prioriser les bassins versants des prises d’eau potable. 

Les milieux humides, un nouveau régime de protection à améliorer

Les milieux humides sont reconnus pour leurs bienfaits dans la rétention et la filtration de l’eau. Au cours des dernières années, les municipalités régionales de comté (MRC) ont eu pour mandat du gouvernement du Québec de réaliser des Plans régionaux des milieux humides et hydriques. Ces plans ont pour but de prioriser les milieux humides à conserver dans chacun des bassins versants, mais aussi d’aider les analystes du ministère dans l’émission d’autorisations gouvernementales. 

Malheureusement, l’exercice sert en quelque sorte à prioriser lesquels de ces milieux pourraient être sacrifiés au nom du développement économique. Mais ce qui est encore plus inquiétant, c’est que ce nouveau régime a pour objectif d’occasionner «aucune perte nette». Ceci signifie que pour chaque milieu humide détruit, il faut en recréer un nouveau ayant les mêmes fonctions. Sauf que dans les faits, aucune identification de sites de restauration potentiels n’a été réalisée en amont. 

Alors que la destruction de plusieurs milieux humides a déjà été autorisée, où pourrons-nous recréer des milieux humides d’une si grande valeur écologique et ce, de la même façon que dame nature sait si bien le faire? Sur d’anciens golfs aussi convoités par les promoteurs immobiliers? Sur d’anciens sites industriels? Ou encore sur des terres agricoles ? Combien coûteront au final ces projets? Poser ces questions, c’est y répondre. Il serait nécessaire que les projets de restauration soient déjà planifiés avant même la délivrance des autorisations ministérielles. Un promoteur souhaitant détruire ces milieux sensibles devrait connaître le vrai coût de leur restauration et déterminer lui-même où, dans le même bassin versant, il serait possible de compenser leur perte. C’est de cette façon que le ministère réussira véritablement à responsabiliser les promoteurs.

Réformer le règlement sur les installations septiques autonomes

Le boom de construction des dernières décennies au périmètre des grandes villes a multiplié le nombre d’installations septiques. Contrairement à la croyance populaire, ces installations vieillissent et, après un certain temps, un très grand nombre doivent être remplacées. Comme il n’existe aucune base de données centralisée sur les installations septiques au Québec, il est impossible de prendre des décisions éclairées en termes de gestion, notamment sur des moyens concrets pour les remettre en état le cas échéant. 

La création et l’utilisation par les municipalités d’une base de données harmonisée pour faire le suivi et les relevés sanitaires pourraient répondre à un besoin criant de connaissances et de suivis. Aussi, le règlement actuel exige que les municipalités prouvent la présence d’une nuisance à l’environnement pour faire changer un système, ce qui est extrêmement difficile à démontrer. 

Il serait impératif que le prochain règlement renverse le fardeau envers le propriétaire qui devrait alors prouver tous les 5 ans que son système est toujours conforme et fonctionnel.

Financer des raccordements à l’égout à l’extérieur du périmètre urbain dans un but de préservation de prises d’eau

Les installations septiques autonomes ne sont pas une panacée pour la préservation à long terme des lacs et cours d’eau, en raison d’infiltration de polluants dans la nappe et de la difficulté à suivre les milliers de rejets partout sur un territoire. Ainsi, le raccordement à l’égout peut significativement et durablement améliorer les choses, et ce, à long terme. Présentement, les programmes de financement offerts visent uniquement les périmètres urbains des municipalités. C’est logique dans la mesure où l’on ne veut pas favoriser l’étalement urbain. Cependant, pour assurer la pérennité du lac Saint-Charles comme réservoir d’eau potable, on doit raccorder à l’égout de Québec les deux usines d’épuration des eaux usées situées en amont du lac, de même que les 900 installations septiques autonomes situées à proximité. 

Pour s’y rendre, le réseau devra s’étendre au-delà du périmètre urbain des villes du territoire. Ainsi, les programmes gouvernementaux actuels ne peuvent financer ce raccordement qui est pourtant indispensable. Afin d’éviter l’étalement urbain et l’ensemble des inconvénients afférents, il serait aussi possible de conclure des ententes sur la capacité maximale de raccordement.

Restreindre l’utilisation des sels de voirie

Les connaissances sur les eaux de surface et les eaux souterraines sont sans équivoque, le réseau hydrique sur le territoire devient plus salé année après année. Bien que les chlorures soient des substances potentiellement toxiques lorsqu’utilisées à des fortes concentrations, elles ne sont soumises à aucun contrôle par le gouvernement fédéral ou provincial. Pour pallier ce problème, une plate-forme de déclaration obligatoire de l’usage des sels de voirie devrait être mise en place pour les entreprises privées et les paliers gouvernementaux (municipal, provincial et fédéral). Ces informations concernant l’usage de chlorures sur les stationnements et les routes, et ce, pour chaque bassin versant, permettra de mieux comprendre les enjeux et ainsi mieux cibler les actions à instaurer pour réduire les quantités épandues.

D’autres propositions sont suggérées dans un document disponible sur notre site web à agiro.org