Futur hôpital: démonstration de force en faveur du centre-ville

La Coalition pour un centre hospitalier durable a voulu faire une démonstration de force, lundi après-midi, en bordure du boulevard de la Technologie.

Alors que le gouvernement du Québec doit bientôt annoncer le site retenu pour la construction du futur hôpital régional, la Coalition pour un centre hospitalier durable a voulu faire une démonstration de force, lundi après-midi, en bordure du boulevard de la Technologie.


Le message de la coalition était cette fois porté par le président du Conseil régional de l’environnement et du développement durable de l’Outaouais (CREDDO) et ancien maire de Gatineau, Marc Bureau. Il était entouré de nombreuses personnalités politiques et économiques, ainsi que de représentants d’organismes liés à l’environnement et au développement urbain. 

Les députés libéraux de Pontiac, André Fortin, et de Hull, Maryse Gaudreault, étaient bien en vue. Les conseillers municipaux étaient présents en grand nombre, autant les indépendants que les élus d’Action Gatineau. La mairesse France Bélisle n’y était pas, mais le maire suppléant, Daniel Champagne y était. Le président de la Société de transport de l’Outaouais (STO), Jocelyn Blondin aussi. Le Droit révélait, vendredi, que le centre-ville de Gatineau aurait été écarté par le gouvernement et que le site près du 200, boulevard de la Technologie aurait été retenu pour la construction du futur hôpital. 

«En 25 ans, il n’y a pas eu de coalition aussi forte que celle-là à Gatineau, a lancé l’ancien maire Bureau. D’avoir en plus l’appui de l’Ordre des urbanistes du Québec aujourd’hui, ça signifie beaucoup. […] Installer le centre hospitalier sur le boulevard de la Technologie m’apparaît comme quelque chose d’irréfléchi et irresponsable.»

Marc Bureau, président du Conseil régional de l’environnement et du développement durable de l’Outaouais (CREDDO) et ancien maire de Gatineau

Pendant dix longues minutes, alors qu’un vent cinglant soufflait à proximité de l’autoroute 5, l’ancien maire a dénoncé la décision que s’apprêterait à prendre Québec quant au site du futur hôpital. Que ce soit au chapitre de l’accessibilité ou encore des impacts qu’une construction à cet endroit aurait sur l’étalement urbain et le transfert d’activités commerciales, M. Bureau a été sans appel. Le site du boulevard de la Technologie doit, selon lui, être ignoré.

Il a rappelé qu’à l’époque, ce sont les anciens premiers ministres Brian Mulroney et Daniel Johnson qui ont coprésidé le comité de travail des nouveaux centres hospitaliers universitaires de Montréal. Ils ont fait le choix de la centralité. La facture de la décontamination a été payée collectivement, a-t-il ajouté. Le président de la STO a pour sa part affirmé ne pas croire que Québec arriverait un jour à rendre efficace la desserte de transport en commun sur le boulevard de la Technologie. «Imaginez devoir vous rendre ici si vous étiez un itinérant», a ajouté l’ancien maire.

Marc Bureau a rappelé que la Ville de Gatineau s’est développée sur un axe est-ouest et que les précédents gouvernements provinciaux ont investi plus de 500 millions sur cet axe, notamment avec le boulevard des Allumettières, le Rapibus, le Centre sportif, le Centre Slush Puppie. Il a ajouté qu’il s’est engagé à financer un projet de tramway de plus de 2 milliards sur cet axe, dans l’ouest, où se trouve aussi l’Université du Québec en Outaouais. 



Je demande aux élus de Gatineau de ne pas lâcher prise. Il y a encore du travail à faire. […] Interrogez n’importe qui aujourd’hui, et même si le gouvernement décide dans les semaines à venir que le centre hospitalier va se faire ici, personne ne va cesser de lutter pour éviter que ça vienne ici. […] Ça pourrait fortement devenir un enjeu électoral.

Attaque des libéraux

Les deux députés libéraux n’ont pas manqué l’occasion d’écorcher le ministre responsable de l’Outaouais, Mathieu Lacombe, et le gouvernement caquiste. «Ce n’est pas une lubie de l’esprit de vouloir analyser les choses correctement avant d’aller de l’avant avec un immense projet comme celui-là, a lancé André Fortin. Les gens ici ne sont pas des pelleteux de nuages, ce sont des gens qui ont une vision pour leur ville, qui ont des objectifs environnementaux, de qualité et de proximité des soins, et qui veulent être entendus.»

André Fortin, député libéral de Pontiac.

Sa collègue de Hull, Maryse Gaudreault, a mentionné être présente en appui à la coalition, mais n’a pas voulu prendre de position claire quant à la demande principale de la coalition, à savoir un aménagement dans un site central. «Tant qu’il n’y aura pas plus de concertation, on n’ira pas de l’avant avec un projet qui va être un grand projet et qui va être une priorité pour tous les citoyens pour avoir les soins de santé auxquels ils s’attendent», a-t-elle expliqué. 

Maryse Gaudreault, députée libérale de Hull.

En entrevue avec Le Droit, la présidente directrice générale du Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Outaouais (CISSSO), Josée Filion, a affirmé avoir «hâte qu’on passe à une autre étape, que l’annonce soit faite et qu’on puisse dire ‘ok’ on passe à une autre étape». Sans offrir de détail sur le choix du terrain, elle a ajouté que «peu importe le choix du terrain, même si c’était le terrain plus que parfait, il y aura toujours des gens qui vont manifester leur mécontentement et d’autres qui seront satisfaits». Elle a dit souhaiter «que les choses se rétablissent et que les gens fassent vraiment confiance à tout le processus et tout ce que ça veut dire», une fois que le gouvernement aura annoncé son choix. 



Josée Filion, présidente directrice générale du Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Outaouais.

En fin de journée, le cabinet du ministre de la Santé, Christian Dubé, a répondu au Droit qu’il comprend les gens de la région d’avoir hâte à l’annonce du choix du site de l’hôpital. «Nous avons tous le même objectif, soit d’offrir rapidement un nouveau centre hospitalier qui répondra enfin à ce que les citoyens de l’Outaouais méritent, a indiqué son attachée de presse, Marjaurie Côté-Boileau. C’est pour cela que dans les derniers mois, un travail rigoureux a été réalisé pour trouver le meilleur terrain possible. L’annonce sera faite sous peu et nous avons bien hâte de présenter aux gens de l’Outaouais le résultat de notre travail.»

Gatineau, «pas équipée»

Daniel Champagne a rappelé que la Ville de Gatineau vient juste d’adopter son schéma d’aménagement et de terminer l’exercice de concordance urbanistique qui en découle. «On est ici devant un terrain industriel qui ne répond pas du tout à notre schéma d’aménagement, qui ne répond pas aux besoins d’accessibilité pour le transport collectif et actif, a-t-il noté. Honnêtement, c’est un peu surprenant.»

Daniel Champagne, conseiller municipal.

Il a ajouté que le service des infrastructures de la Ville n’était «absolument pas équipé», en ce moment, pour dédier les ressources nécessaires qu’un tel projet à ce point excentré. «Ce sont de multiples ressources supplémentaires qui devront être dédiées, a-t-il indiqué. À partir du moment où il faut investir des centaines de millions de dollars en infrastructures, ça ne touche plus que les infrastructures, mais aussi les ressources humaines nécessaires.»

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Voici ce qu’en dit le plan clinique du CISSSO, dont les grandes lignes avaient été présenté dans Le Droit au printemps dernier

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Hôpital de Gatineau

- Deviendra un «hôpital communautaire» offrant des soins ambulatoires et des chirurgies d’un jour

- Maintien de l’urgence de 20 civières et ajout d’une aire adaptée pour la santé mentale

- Maintien de la faculté satellite de médecine de l’Université McGill

- 148 lits de santé mentale pour adultes, 100 lits de santé physique et 10 lits de chirurgie

Hôpital de Hull

- Deviendra à court terme une installation temporaire (« swing space») pour les travaux de réaménagement à l’Hôpital de Gatineau

- À long terme: une partie de l’édifice pourra servir d’installation temporaire lors de travaux dans d’autres installation et de centre multi service

- Les espaces laissés vacants pourront être utilisés pour un usage administratif

Hôpital de Wakefield

Possibilité de 35 lits de réadaptation gériatrique (déplacés de l’Hôpital de Gatineau)

  • «La fermeture des lits d’hospitalisation doit être envisagée compte tenu des données disponibles», en raison de la baisse du taux d’occupation
  • «Les besoins en soins et services de santé courants actuels ne justifient donc pas de développement de l'Hôpital de Wakefield»
  • «L’Hôpital de Wakefield (20 lits) voit sa mission changer (une urgence avec CHSLD ou une urgence avec centre multi service)»
  • Hôpital de Papineau

- «L’Hôpital de Papineau doit augmenter sa capacité de lits (70 lits) avec une urgence, des soins intensifs et des lits dédiés en médecine, en santé mentale, en gériatrie active et en soins palliatifs»

Hôpital du Pontiac et Hôpital de Maniwaki

- 40 lits chacun, avec «une urgence, des soins intensifs et des lits dédiés en médecine, en santé mentale, en gériatrie active et en soins palliatifs»

Hôpital Pierre-Janet

- Deviendra un centre de réadaptation en dépendances, car le site actuel de ce centre «est vétuste et ne correspond pas aux critères de qualité dont les usagers devraient bénéficier».

- «Sa nouvelle position à proximité du centre pénitencier permettrait le développement d’un pôle d’expertise en dépendances avec des équipes dédiées à la prise en charge des patients du centre pénitencier et du centre de réadaptation en dépendances.