Une semaine d'actu: tes questions sur la guerre! 

La guerre en Ukraine te chicote pas mal et tu te poses mille et une questions. Notre équipe a recensé les interrogations les plus fréquentes et t’offre des réponses juste ici!


Frédérick Lavoie, envoyé spécial en Ukraine

COMMENT LES UKRAINIENS VIVENT-ILS LE QUOTIDIEN PENDANT CETTE GUERRE? COMMENT MANGENT-ILS ET SUBVIENNENT-ILS À LEURS BESOINS?

Dans le but de répondre le mieux possible à cette question, nous avons demandé à un journaliste qui est directement sur le terrain de nous raconter ce qu’il y voit. Frédérick Lavoie (photo) est journaliste depuis plus de 15 ans. En ce moment, il est en Ukraine et fait des articles sur la guerre, pour les Coops de l’information. On l’a contacté pour lui poser ta question, alors qu’il était à Rivne, dans le nord de l’Ukraine, mardi soir. Il nous a éclairés un peu en nous racontant la vie quotidienne actuelle des Ukrainiens et Ukrainiennes. 

  • Boire, manger… plus difficile pour certains!

Frédérick nous rappelle que la majorité des habitants de l’Ukraine ont encore accès à de l’eau potable, de l’électricité et de la nourriture. Ce sont seulement dans les villes bombardées ou celles où se déroulent des conflits qu’il y a des problèmes d’approvisionnement. On peut penser aux villes de Mariupol, Kharkiv, Sumy ou encore Kyiv. Dans ces villes-là, les camions ne peuvent souvent plus se rendre aux magasins pour les remplir de nourriture. Les habitants qui ont décidé de rester doivent donc se débrouiller pour trouver de l’eau et de la nourriture par eux-mêmes. Ils doivent parfois boire de l’eau de pluie ou de la neige fondue, voler de la nourriture dans les épiceries abandonnées ou chez leurs voisins partis dans d’autres pays. Certains avaient déjà des réserves de nourriture et peuvent s’en servir. 



Les habitants qui ont décidé de rester doivent donc se débrouiller pour trouver de l’eau et de la nourriture par eux-mêmes.

  • Des réfugiés par millions

Deux millions d’Ukrainiens ont par contre décidé de quitter le pays. C’est comme si toute la population de l’île de Montréal partait soudainement. Pour quitter leur ville, ces réfugiés doivent passer de longues heures en voiture ou en train, parfois sans pouvoir manger, dormir ou se laver. Dans certains cas, les voyageurs ne peuvent même pas aller aux toilettes tellement les trains sont pleins à craquer. Heureusement, de nombreuses organisations d’aide humanitaire sont présentes dans les stations de train ou aux frontières pour distribuer de la soupe, des sandwichs et autres vivres. À certains endroits, des citoyens vont porter des poussettes et des couches à la gare, pour aider les mamans qui arrivent avec des bébés.

*****

OÙ LES UKRAINIENS PEUVENT-ILS ALLER?

Il est clair que les Ukrainiens ne voulaient pas de cette guerre. Alors que les hommes de 18 à 60 ans sont obligés de s’enrôler dans l’armée pour combattre, les femmes, les enfants et les personnes âgées ne souhaitent qu’une seule chose: se protéger.

Les Ukrainiens laisse tout derrière eux et n’ont aucune idée de ce qui les attend de l’autre côté de la frontière.

  • Partir...

Pour cela, une solution vers laquelle beaucoup se sont tournés à contrecœur est celle de fuir le pays. Ça prend beaucoup de courage pour faire quelque chose comme ça, car on laisse tout derrière soi et on n’a aucune idée de ce qui nous attend de l’autre côté de la frontière. Le pays qui a accueilli le plus de réfugiés ukrainiens est la Pologne (plus de 1 million), suivi de la Moldavie (235 000) et la Hongrie (170 000). Le Québec a aussi annoncé qu’il n’y aurait aucune limite au nombre de réfugiés ukrainiens que la province serait prête à accueillir. Il est cependant plus compliqué pour les Ukrainiens de venir au Canada, car il leur faut prendre l’avion et cela coûte cher.

  • ...Ou rester?

Beaucoup de personnes souhaitent cependant rester en Ukraine pour tenir tête à la Russie. Des abris anti-bombes ont donc été aménagés un peu partout dans les villes bombardées pour pouvoir se protéger, notamment dans des gymnases d’écoles et dans des sous-sols. Les stations de métro, lorsqu’elles sont bien enfouies sous la terre, sont une bonne option.

*****

QU'ARRIVE-T-IL AVEC LES ANIMAUX DE COMPAGNIE DES GENS EN UKRAINE?

La guerre en Ukraine oblige beaucoup de citoyens à fuir leurs maisons. Plusieurs solutions se sont mises en place pour aider les propriétaires d’animaux qui doivent quitter leurs maisons.



Beaucoup de pays de l’Union européenne ont décidé d’accepter des réfugiés avec leurs animaux de compagnie.

Compte tenu de la situation, beaucoup de pays de l’Union européenne proches de l’Ukraine ont décidé d’accepter des réfugiés avec leurs animaux de compagnie.

En temps normal, il y a beaucoup de règles limitant le passage des animaux d’un pays à l’autre, pour éviter qu’ils transportent des maladies. On a vu beaucoup d’Ukrainiens fuir leur pays avec leurs animaux préférés, et les règles ont donc été assouplies, pour permettre à ces fidèles compagnons de rester avec leurs maîtres. Parfois, ils devront rester temporairement en quarantaine, c’est-à-dire qu’ils n’auront pas le droit de sortir et de voir d’autres animaux. Dans d’autres cas, ils devront se faire vacciner, pour éviter les maladies. Mais ils seront en sécurité.

  • Et ici, on les aide?

Certains organismes ont aussi proposé d’accueillir les animaux. C’est le cas de Proanima, une entreprise québécoise qui a annoncé qu’elle pourrait prendre en charge temporairement les animaux des réfugiés, le temps qu’ils puissent s’installer. Ils offriront également de la nourriture. La Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) offre également son support et recueille des dons pour aider les animaux dans le besoin. 

*****

EST-CE QUE LE CANADA AIDE L'UKRAINE? SI OUI, COMMENT? NOTRE PAYS FERA-T-IL LA GUERRE?

Ce conflit entre la Russie et l’Ukraine dure depuis plusieurs années. Cela n’a pas toujours été la guerre, mais depuis le début, le Canada a assuré son appui au peuple ukrainien. Il reconnaît la souveraineté du pays et soutient ce dernier dans sa lutte pour la démocratie.

Le Canada a assuré son appui au peuple ukrainien.

Ainsi, le Canada a donné près de 900 millions de dollars à l’Ukraine depuis 2014. Cet argent a servi à envoyer de l’aide humanitaire et de l’aide financière ainsi qu’à la création d’un programme pour le maintien de la paix.

En 2015, 200 soldats canadiens ont aussi été envoyés en Ukraine. Leur mission était de former des militaires ukrainiens et de renforcer les capacités de l’armée du pays. 

Lorsque l’invasion par la Russie a commencé, le 24 février, le Canada s’est prononcé. Justin Trudeau a commencé par annoncer une multitude de sanctions (conséquences) économiques contre la Russie, notamment l’interdiction à plusieurs banques et entreprises russes de faire des affaires avec le Canada. Du côté militaire, il a aussi indiqué que les troupes canadiennes déjà présentes en Europe (en Lettonie, entre autres) resteraient sur place pour dissuader les Russes d’attaquer d’autres pays. Cependant, il a retiré les soldats canadiens qui étaient en Ukraine. Pourquoi? Parce que cela risquait de déclencher une guerre plus importante si Vladimir Poutine constatait que d’autres pays se battaient contre son armée.

Justin Trudeau et le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky, se sont d’ailleurs entretenus cette semaine. Ils ont discuté de la manière dont le Canada pourrait offrir encore plus d’aide à l’Ukraine. Par exemple, le Canada enverra 50 millions de dollars supplémentaires en «équipement spécialisé». Il s’agit essentiellement d’armes pour se défendre.

Bref, le Canada n’ira pas faire la guerre directement, mais va aider l’Ukraine à se défendre en lui fournissant des ressources.

*****

QU'EST-CE QUE LES HABITANTS RUSSES RESSENTENT?

Il est difficile de savoir exactement ce que pense la population russe en ce moment. Principalement, parce que les habitants du plus grand pays au monde n’ont pas la même liberté d’expression que nous. Par exemple, ils n’ont plus accès à certains réseaux sociaux tels que Facebook ou Twitter. Ils ont également l’interdiction de manifester contre la guerre et les nouvelles qui leur parviennent sont contrôlées par le gouvernement de Vladimir Poutine.

  • La désinformation

En effet, le gouvernement interdit certains mots aux journalistes. Ceux-ci ne peuvent pas dire «invasion» ou «guerre». De plus, il essaie de convaincre la population que c’est l’Ukraine qui attaque la Russie, et non l’inverse. Tu comprends donc que certains Russes croient leur gouvernement, et sont donc d’accord avec cette guerre. Un des symboles utilisés pour montrer son appui au conflit est la lettre Z, popularisée par la propagande gouvernementale. Tu la verras peut-être sur des chars d’assaut russes.

  • Manifester n’est pas permis

D’autres Russes, par contre, ont réussi à avoir accès à des vidéos ou des messages d’Ukrainiens et ont pu observer que c’est bel et bien la Russie qui attaque, et non l’inverse. Des milliers d’entre eux ont d’ailleurs manifesté dans les rues, mais beaucoup se sont fait arrêter et emprisonner. Les experts pensent que si les citoyens russes devenaient de plus en plus nombreux à se soulever contre leur gouvernement, ils auraient le pouvoir de faire arrêter la guerre. Mais c’est un grand risque pour les Russes de sortir dans les rues pour dénoncer M. Poutine et son gouvernement. Plusieurs journalistes étrangers, dont des Canadiens, ont quitté la Russie parce qu’il devenait trop risqué d’y faire leur travail.

En lisant cela, tu te demandes peut-être si tu peux croire en ce que notre gouvernement et les médias te disent ici dans notre pays? Les questions à te poser sont: «Ai-je accès à plusieurs opinions différentes? Puis-je aller lire et m’informer auprès de plusieurs sources d’information? Ai-je le droit de donner mon opinion sans risquer la prison?». Un pays où la liberté d’expression permet à tout le monde de questionner les décisions gouvernementales et de s’informer là où il le souhaite, est en général un pays qui abrite une démocratie saine. 

*****

POURQUOI LES GENS ONT-ILS SOIF DE POUVOIR AU POINT DE VOULOIR FAIRE LA GUERRE?

Pour répondre à cette grande question, nous avons consulté une amie psychologue (Karine Roy-Déry) et un ami expert en philosophie pour enfants (Gilles Abel) afin de trouver avec eux des pistes de réflexion. Tu pourras continuer d’y penser et en discuter avec ta famille ou ta classe!



  • Vouloir contrôler est humain!

Tout le monde, tous les êtres humains sont habités par des désirs ressentis plus ou moins fort. Parmi ces désirs, il y a celui de maîtriser, de dominer, de contrôler. Quand on est petit, on souhaite avoir le jouet le plus chouette de la garderie. À l’école, certains veulent être chefs de la bande d’amis ou de l’équipe de sport. C’est normal et ce désir de contrôler fait partie de nous. Le problème arrive quand on n’arrive pas à contrôler nos désirs. Habituellement, notre éducation, les règles de la société et même les lois nous guident et font en sorte qu’on ne devient pas obsédé par ce désir. Tout découle donc de ce qu’on fait avec ces sentiments intenses, mais normaux.

  • Chacun sa vision!

Une autre chose propre à tous les êtres humains est qu’on ne se représente pas tous le monde de la même façon. Il y a des gens qui ont une représentation plus ouverte, qui inclut les autres et qui est plus souple et bienveillante. Alors que certaines personnes sont figées dans un monde plus rigide dans lequel il y a pour eux des méchants, des ennemis. Ils ont une vision du monde plus fermée. On peut dire que certains ont une vision obsédante du monde, avec des idées fixes de jalousie ou de destruction par exemple.

  • Un cocktail pas toujours très bon!

Parfois, le mélange de tout cela donne des résultats plutôt explosifs! Si une personne est habitée par son désir de dominer et qu’elle a également des valeurs moins bienveillantes et une vision du monde obsédante ou très rigide, ça peut aboutir à ce que le fait de tuer pour arriver à ses fins ne soit pas un problème. Parfois même, s’ils n’arrivent pas à obtenir ce qu’ils convoitent, ils préféreront détruire cette chose, ou ce pays. C’est très rare qu’une personne en arrive là, mais ça explique, par exemple, pourquoi il y a des dictateurs ou des dirigeants violents.

C’est ce que l’on décide de faire avec nos désirs et nos émotions qui est important. Et pour s’aider à ne pas faire de mélange explosif, il est bon de s’appuyer sur des valeurs de paix et d’ouverture aux autres.

*****

COMMENT AIDER LES UKRAINIENS À NOTRE MANIÈRE?

Il y a plusieurs façons de supporter les Ukrainiens, même à distance. Et parfois, ce sont les petits gestes qui comptent. Tu peux, par exemple, privilégier l’orthographe et la prononciation Kyiv au lieu de Kiev. Kiev est l’orthographe russe de la ville, du temps où elle appartenait encore à l’URSS (l’ancienne Russie). Depuis l’indépendance de l’Ukraine, sa capitale s’écrit en ukrainien: Kyiv.

Les Ukrainien.ne.s n’ont pas seulement besoin de sous, mais aussi de vêtements, de produits d’hygiène, de sac de couchage.

Tu peux aussi écouter de la musique ukrainienne sur les plateformes d’écoute, pour encourager la culture du pays et ses musiciens. Sinon, tu peux faire des dons de biens à des organismes. Les Ukrainiens n’ont pas seulement besoin de sous, mais aussi de vêtements, de produits d’hygiène, de sac de couchage etc. C’est le bon moment pour faire ton ménage du printemps avec ta famille et d’offrir ce que tu n’utilises plus! Des églises ukrainiennes (il y en a plusieurs au Québec!) récoltent actuellement les dons en prévision de l’arrivée des réfugiés ukrainiens.

Certaines personnes réservent même des logements AirBnb en Ukraine. Bien sûr, ils et elles n’ont pas l’intention d’aller y passer des vacances, mais ça leur permet de verser des sous directement aux hôtes ukrainiens (les personnes qui offrent un chalet ou une résidence en location) et d’entrer en contact avec eux. 

*****

N’hésite pas à nous écrire si tu as d’autres questions: jeunesse@cn2i.ca