Sur un ton convaincant et décidé, l’entrepreneure de Gatineau répond à toutes nos questions, ne laissant aucun doute sur la passion qui l’anime.
Bilan d’une carrière bien lancée, avec la seule femme propriétaire d’une bannière nationale en restauration après sinistre en Amérique.
« En 2017, j’ai fait l’acquisition des 36 franchises de Steamatic Canada, qui fait partie d’un réseau international, se souvient-elle. J’avais fait mes preuves dans le milieu, je possédais alors une bannière provinciale dont je me suis départie. J’ai entamé ce nouveau défi avec la ferme intention de devenir le choix incontesté des clients et des compagnies d’assurance, les grands donneurs d’ouvrage dans ce domaine. »
Avec une petite équipe de trois employés, elle passe la première année à mettre notamment en place des indicateurs de performance et des programmes de conformité pour les franchisés, question d’assurer l’uniformité de l’expérience-client dans le réseau.
Que vous soyez au Québec ou au Manitoba, vous devez pouvoir obtenir la même qualité de service. Certaines franchises devaient agrandir leur équipe et se mettre à jour sur le plan technologique pour atteindre cet objectif.
« Une dizaine d’entre elles ont quitté, nos visions ne concordant plus. Ceux qui sont restés ont doublé, voire triplé leurs chiffres d’affaires. Nous comptons maintenant 49 franchises au pays, dont 27 au Québec. La première année, notre chiffre d’affaires a connu une augmentation de 23 % et en cinq ans, il a doublé. Je souhaite doubler le nombre de franchisés d’ici 2027. ».
Des défis à surmonter
La pandémie de la COVID-19 est venue freiner la croissance de l’entreprise.
« La pénurie de main-d’œuvre, c’est catastrophique, s’exclame-t-elle. Nous sommes sur appel à toute heure du jour, 365 par année. Il est extrêmement difficile de trouver en ce moment des techniciens en restauration après-sinistre, des chargés de projet, du personnel administratif, des ouvriers ou des menuisiers, pour ne nommer que ceux-là, qui sont prêts à se déplacer à tout moment. La PCU ( NDLR : Prestation canadienne d’urgence ) nous a fait mal. Disons qu’elle est plus attrayante qu’un refoulement d’égout un samedi soir. »
Nancy Raymond a donc l’ambition de redéfinir son industrie, laquelle est régie entre autres par une liste de prix que fixent les assureurs. Le manque de personnel qualifié, l’augmentation des salaires et la flambée des prix des matériaux de construction exercent une pression énorme sur les franchisés.
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« Nous, on ne peut pas changer nos prix, ce qui a un impact important sur la profitabilité de l’entreprise. Au fil des ans, j’ai établi de solides liens de confiance avec les assureurs et je sens un vent de changement. Ensemble, nous allons trouver des solutions pour que nos deux secteurs d’activités soient performants mais surtout, que l’assuré soit satisfait. »
Parmi ses plus récents bons coups, mentionnons la création de deux franchises corporatives dont elle est propriétaire et qui servent de laboratoire pour tester des logiciels, des technologies, des programmes et des pratiques avant de les implanter partout au pays.
L’achat en 2018 de son immeuble au 900, boulevard de la Carrière, demeure néanmoins sa plus grande fierté.
« Pour financer l’acquisition de Steamatic, j’avais dû vendre un immeuble, dit-elle avec un pincement dans la voix. J’adore l’immobilier, une passion que mon père Alain Raymond m’a transmise. Le nouveau bâtiment fait 38 000 pieds carrés et selon moi, c’est le plus beau du parc industriel. Il abrite le siège social de Steamatic et mes 11 locataires qui sont excellents ! »
Redonner au suivant
S’investir dans la communauté et redonner au suivant est une priorité pour l’entrepreneure.
Philanthrope, Nancy Raymond fait partie de la première cohorte des Audacieuses de Leucan, laquelle réunissait une dizaine de femmes influentes ayant participé au Défi têtes rasées.
En mars 2020, elle a réussi à amasser 80 000 $ pour la cause.
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Elle siège également au conseil d’administration de L’Autre Chez-Soi, un organisme communautaire offrant des services d’hébergement aux femmes victimes de violence conjugale et leurs enfants. Elle agit également comme mentor à la Chambre de commerce de Gatineau et au Réseau M, sans oublier l’École d’Entrepreneurship de Beauce, où elle a obtenu un diplôme en 2015.
« L’institution m’a donné le titre de coach-entraîneure. Récemment, j’ai offert un atelier sur les façons de générer la croissance à une cohorte de 30 étudiants. À mes mentorés, je leur dis souvent que le danger en affaires, c’est d’être trop en amour avec son entreprise. Il faut constamment prendre du recul et se rappeler froidement les fondements de l’entreprenariat pour garder le cap sur la croissance. »
Et à voir son parcours jalonné de succès, on constate que « la mère, l’épouse et la Nancy Inc. » conjuguent avec brio passion et affaires.