Promouvoir l’entrepreneuriat social féminin en Ontario

La Fromagerie Coopérative St-Albert dans l’Est ontarien, l’Atelier d’innovation sociale Mauril-Bélanger à Ottawa, La Maison Verte de Hearst ou encore les nombreuses coopératives d’habitations à travers l’Ontario, toutes les régions de la province regorgent d’entreprises à vocation sociale. Et les femmes d’affaires francophones ontariennes pourront échanger et réseauter pour parfaire leurs connaissances dans le domaine lors du deuxième Salon des femmes francophones entrepreneures sociales qui aura lieu le 3 mars prochain.


Lors de la première édition du Salon en 2021, une initiative du Conseil de la Coopération de l’Ontario ( CCO ) en collaboration avec l’organisme MécènESS et Consœurs en Affaires, plus de 80 femmes avaient eu la chance de partager leurs expériences. Cette première édition a été un succès malgré le peu de temps que les organisations ont eu pour la mettre en place. « Quand on organise quelque chose en six semaines, certainement, il y a des lacunes, mais la réaction a été très positive », précise Paula Haapanen, directrice principale du Pôle Innovation au CCO. L’an dernier, les femmes participantes venaient de toutes les régions de l’Ontario et de tous les secteurs d’activité économique. Résultat, il fallait récidiver. 

L’entrepreneuriat social en soi est une notion dont les barèmes doivent néanmoins être clairement établis, ajoute-t-elle. En Ontario, il n’y a pas de définition juridique pour définir une entreprise qui se dit sociale, souligne Mme Haapanen. 

Paula Haapanen, directrice principale du Pôle Innovation au CCO

« Pour nous, une entreprise sociale est un organisme à but non lucratif qui a une activité commerciale et les revenus supplémentaires sont réinvestis dans la cause ou dans l’organisme pour assurer sa durée. » 

Plusieurs organismes ou entreprises à but lucratif peuvent aussi avoir une vocation sociale ou une responsabilité sociale accrue et investissent une somme de leurs revenus pour soutenir la communauté. 

«  Au lieu de se focaliser sur une définition fixe, on va parler des caractéristiques qui sont dans les entreprises », ajoute-t-elle. 

La deuxième mouture du Salon des femmes francophones entrepreneures sociales présentera donc une courte sensibilisation au concept de l’entrepreneuriat social et quatre sessions de réseautage sous diverses thématiques, afin d’outiller les participantes et de partager les défis auxquels elles font face.

Développer le réseau ontarien

En Ontario, il existe très peu de ressources semblables qui s’adressent précisément aux femmes. « Il y a des activités pour les femmes en anglais, il y a des activités pour les entrepreneurs et pas autant pour les entrepreneurs sociaux », explique Mme Haapanen. Cet événement de réseautage se veut ainsi inclusif et s’adresse à toute personne s’identifiant comme femme ou non-binaire, francophone et entrepreneure sociale ou curieuse de l’entrepreneuriat social. 

« Plusieurs études le prouvent, la mise en réseau assure presque la réussite des entreprises, parce qu’on est mis en contact avec des gens qui vont peut-être acheter nos produits, nos services, vendre nos produits, jouer le rôle d’intermédiaire ou encore nous en apprendre », avance Ethel Côté, présidente et fondatrice de l’organisme MécènESS. « La mise en réseau, c’est critique et la mise en réseau de femmes d’affaires, c’est une réalité particulière. »

Ethel Côté, présidente et fondatrice de l’organisme MécènESS

Mme Côté croit qu’il faut travailler à mettre en place des réseaux de la sorte en Ontario, comme ça se fait dans plusieurs autres pays ou au Québec. « En francophonie ontarienne, on n’a pas de grand réseau comme ça. On a différents réseaux qui sont mixtes, ce qui n’est pas mal en soi, mais on n’a pas cet espace-là pour échanger entre femmes et encore moins entre femmes qui ont choisi l’entrepreneuriat social. Mon rêve, c’est qu’on l’ait notre réseau. » 

Pour Doreen Ashton Wagner, fondatrice de Consœurs en Affaires, le volet social du Salon permet d’avoir une réelle prise de conscience.

Doreen Ashton Wagner, fondatrice de Consœurs en Affaires

« Qu’est-ce que ça apporte à mon entreprise et qu’est-ce que mon entreprise peut apporter à ma communauté de façon un peu plus complète. Je pense qu’à travers la pandémie, on s’est rendu compte qu’il faut vraiment regarder au-delà des profits. L’aspect des affaires pour les femmes, ce n’est pas seulement les affaires. Ce qui nous pèse beaucoup, c’est aussi la charge mentale. Les choses qu’on doit faire pour nos enfants, l’aspect familial qui souvent n’entre pas en ligne de compte pour les hommes. Une femme doit songer à gérer ces choses-là. »

Une prochaine édition en présentiel ?

Les deux premiers Salon des femmes francophones entrepreneures sociales auront été tenus en format virtuel, pandémie oblige. Dans le futur, un Salon en mode présentiel n’est pas exclu, explique Mme Côté. « Le réseautage dans la vraie vie est beaucoup plus efficace en personne. Il y a le verbal et le non verbal. Mon rêve c’est qu’un jour on se rencontre pour vrai, qu’on mette en évidence nos produits. » 

Toutefois, Paula Haapanen ajoute que le format virtuel a certainement ses avantages. « Le fait d’avoir des outils numériques qui nous permettent d’accueillir des femmes de partout dans la province sans avoir à se déplacer, c’est à ne pas négliger. Mais rien n’empêche d’organiser des activités tout au long de l’année pour encourager les discussions et pousser la réflexion plus loin. C’est à voir. »