«Une goutte d'eau» dans l'ensemble des besoins sur le territoire, estime l'organisme Logemen'occupe, qui croit que la région méritait une plus grande part du gâteau en raison de l'ampleur historique de la crise.
Au total, 139 des 1458 nouveaux logis ayant obtenu le feu vert des deux paliers de gouvernement pour du financement dans la province verront le jour en sol gatinois grâce à l'enveloppe de 338 millions de dollars (79 projets) annoncée mardi par les ministres Laforest et Hussen. À titre comparatif, Montréal a obtenu 257 unités, tandis que Québec en hérite de 90, Laval 72 et Longueuil 66.
Il s'agit des projets Square Urbania (50 logements), Habitations Morin (40), Lemieux-Tremblay (24) et Les Apprentis (25). Les deux dernières initiatives, notamment, sont pilotées respectivement par le Bureau régional d'action SIDA (BRAS) et l'organisme Les Apprentis, un centre d'apprentissage pour les personnes vivant avec une déficience intellectuelle.
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Avec un taux d'inoccupation (1,1%) à son plus bas depuis des années dans la partie québécoise de la région métropolitaine de recensement (RMR) d’Ottawa-Gatineau, selon la plus récente Enquête sur les logements locatifs menée par la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), le coordonnateur de Logemen'occupe, François Roy, pense qu'un plus gros coup de barre était nécessaire.
«C'est certain qu'on ne peut pas ne pas être d'accord avec l'annonce, sauf que c'est beaucoup trop peu pour s'attaquer à la crise du logement à Gatineau, où on bat l'ensemble des records jamais vus depuis une trentaine d'années, tant en terme de taux d'inoccupation qu'avec le coût des loyers qui a explosé, en particulier pour les logis spacieux de trois chambres ou plus. Cette annonce-là aide, mais pour pouvoir s'attaquer véritablement à la crise, ça va prendre un investissement massif et davantage de projets de construction. Sinon, on n'y arrivera jamais, c'est de la pensée magique», lance-t-il, rappelant que les victimes de la pénurie sont surtout les familles à faible ou modeste revenu.
Selon M. Roy, tous les paliers de gouvernement doivent en faire davantage à court et moyen terme parce que les prochains mois et les prochaines années pourraient être «épouvantables» et le nombre de gens en situation d'itinérance croîtra.
«Ce n'est surtout pas avec l'annonce de Québec sur l'abandon du programme AccèsLogis, qui ciblait cette catégorie de ménages, qu'on va régler la crise», déplore-t-il.
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Réaction de la mairesse Bélisle
Pour la mairesse de Gatineau, France Bélisle, il est clair qu'en matière de logements sociaux, la somme investie ne sera jamais complètement satisfaisante.
«Ce sera toujours trop peu et j'ai l'impression qu'à peu près partout dans les grandes villes du Québec, ce sera la réponse. Je suis quand même très active à l'UMQ et je siège aussi sur le comité d'habitation avec 20 élus. L'habitation, en 2022, c'est ça le cheval de bataille des villes. C'est ça le cheval de bataille aussi de la Ville de Gatineau. C'est aussi vrai pour la Fédération canadienne des municipalités. La question du logement et de l'habitation, elle est essentielle, et elle l'est dans à peu près tous les créneaux de logement: communautaires, bien sûr, mais aussi privés. Là-dessus, Gatineau doit être capable de sortir des permis et on en veut des grues sur notre territoire», s'exclame-t-elle.
Dans la Déclaration municipale sur l'habitation, adoptée par l'Union des municipalités du Québec (UMQ) ces derniers temps et signée par les maires de nombreuses villes dont Gatineau, les municipalités réclament à la veille du dernier budget provincial avant les élections «des mesures musclées et adaptées aux réalités du marché» pour affronter cette crise sans précédent. Par exemple, on souhaite que soit déployée une nouvelle programmation de 4 500 nouveaux logements sociaux par année tout en maintenant un programme visant leur création, qu'on permette aux municipalités qui le souhaitent d’agir à titre de mandataires dans l’application des programmes du gouvernement du Québec pour qu’elles puissent jouer un rôle central dans la priorisation et l’encadrement des projets réalisés sur leur territoire; et que le droit de préemption puisse être appliqué par toute ville qui le désire.
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Droit de préemption et taux d'inoccupation de 1,1%
Soulignant qu'une rencontre est justement prévue avec la mairesse Bélisle mercredi pour discuter de la question du logement, François Roy affirme que le palier municipal a aussi un grand rôle à jouer dans cette situation malgré ses moyens plus limités, notamment en actualisant sa politique d'habitation et en haussant ses propres investissements destinés au logement social.
Selon lui, Gatineau devra aussi suivre les traces de Montréal avec l'instauration d'un droit de préemption, une mesure pour laquelle elle doit au préalable obtenir l'autorisation de Québec et qui lui permettrait d’acheter en priorité sur tout autre acheteur des immeubles ou terrains afin d’y réaliser des projets au bénéfice de la communauté, tels que des logements abordables.
Selon la SCHL, le taux d'inoccupation a fléchi d'un demi-point de pourcentage dans la RMR de Gatineau en octobre dernier par rapport à la même période l'année précédente.
«Malgré une forte augmentation de l’offre, plusieurs facteurs ont contribué à une croissance encore plus forte de la demande, ce qui s’est soldé par une baisse du taux d’inoccupation. Le retour progressif de la migration soutient la demande de logements locatifs. Les données provinciales indiquent qu’environ 16 500 personnes ont quitté l’Ontario pour s’établir au Québec dans la dernière année, un sommet de près de 30 ans. Il semble donc que la croissance de la migration d’Ottawa vers Gatineau observée en 2020 se soit poursuivie en 2021», explique l'organisation dans son plus récent rapport publié au début du mois.
Fait à noter, on souligne aussi que le loyer moyen des appartements de deux chambres a connu la plus forte hausse (+6,4%) enregistrée depuis le début de cette enquête du SCHL, en 1990. Les loyers des appartements inoccupés (1 075 dollars pour les unités de deux chambres) étaient en moyenne plus élevés que ceux des logements occupés (1 033 dollars), précise-t-on.