Isabelle Lacroix et son associé Jo Rego forment un redoutable tandem d’entrepreneurs en restauration depuis 13 ans, l’amour scellant leur partenariat depuis tout aussi longtemps.
En 2009, un ange financier, comme elle le surnomme, leur fait un prêt d’un demi-million, misant uniquement sur leur réputation pour que le couple puisse faire l’achat du Quai Saint-Raymond.
J’ai commencé trois baccalauréats, sans les finir. Je ne savais pas ce que je voulais faire dans la vie. J’ai travaillé comme serveuse pendant des années avant de me retrouver à la brasserie Les Raftsmen. ( Ça vous rappelle des souvenirs ? )
Là, j’ai appris à développer mes compétences en gestion et en comptabilité. Je me suis fait un nom et une place dans le milieu.
Le Costa Rica en tête
Aujourd’hui, Portobella affiche un chiffre d’affaires de 1,2 million annuellement et emploie une centaine de travailleurs. Malgré la pandémie, le groupe est en bonne santé financière et a su tirer son épingle du jeu, les succursales Olivia ayant connu une croissance fulgurante durant la crise.
« On est prudents en affaires, Jo et moi, fait-elle valoir. On paye toujours rapidement nos dettes. Si on n’avait pas fait ça, on n’aurait pas survécu à la crise. On est à une étape où l’on s’autosuffit, c’est pour ça que nous sommes en développement. Les institutions financières ont horreur des restaurateurs et aujourd’hui, c’est notre banquier qui nous suit de près pour savoir quel sera notre prochain bon coup. »
Lorsqu’elle nous parle de la réouverture et du plaisir de voir au rendez-vous sa fidèle clientèle, on devine le sourire dans sa voix. Clients et employés sont comme une famille pour le couple. Mais on sent aussi une certaine fatigue…
« On est usés tous les deux, avoue-t-elle. La pandémie a tué la flamme de nombreux de nos collègues. La pénurie de main-d’œuvre, ça fait presque peur. La restauration, c’est très exigeant, il faut que ce soit une passion pour qu’on y reste. Nous devons penser à la relève, trouver des partenaires, vendre des actions. D’ici cinq ans, notre but ultime est d’avoir un pied-à-terre au Costa Rica, un hôtel boutique. On a déjà commencé à chercher. »
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L’audacieuse et le conservateur
Dans ce duo, Isabelle est la visionnaire, l’audacieuse, celle qui a de nouvelles idées chaque semaine. Jo, plus conservateur, a la bosse des chiffres et des relations publiques. Et pourtant, au début de l’aventure, c’est elle qui avait toujours le nez dans les livres.
« Je stressais tout le temps, dit-elle en riant. C’est Jo qui m’a encouragée à me faire confiance, à suivre mon instinct et aller au bout de mes idées. Je fais beaucoup de recherche sur les tendances culinaires. Par exemple, on est allés en Californie pour voir ce qui se faisait là-bas, d’où mes inspirations pour Olivia. »
Pendant la pandémie, l’entrepreneure a dû mettre en veilleuse son côté créatif pour se consacrer aux opérations. Le groupe vient d’ailleurs d’embaucher une directrice des opérations pour qu’elle puisse se concentrer sur le développement de l’entreprise. Le couple compte faire une percée dans le marché d’Ottawa avec ses « fast-food santé » Olivia.
Quand on lui demande ce dont elle est le plus fière, elle répond sans hésitation avoir mis sur pied des restaurants aux identités distinctes. « Le Quai, c’est un bistro de quartier avec un côté taverne chic et le Cellier est selon moi l’une des meilleures tables dans la région, sans oublier le cachet unique du bâtiment. Olivia c’est mon bébé et étonnamment, la clientèle est intergénérationnelle. C’est l’aboutissement de tout ce que j’ai appris en affaires. Et quand on voit notre clientèle fréquenter les trois types de restos, Jo et moi avons le sentiment d’avoir créé quelque chose d’unique. »