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Les émotions peuvent être de terribles démons insoumis. Pourvu que la conscience, la réalité et la lucidité soient là, il n’y a pas de danger.

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C’est perdre le contrôle, voir noir, ne plus rien entendre et fermer son esprit qui devient dangereux.

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Beaucoup de colère flotte aujourd’hui, comme un lourd et épais brouillard, entre les humains, les mouvements, les écrits, les images et les relations. Un nuage qui s’intensifie, qui se nourrit de lui-même, comme un serpent dévorant sa queue. Les uns crient, les autres hurlent du clavier. Certains se laissent gruger, d’autres combattent jusqu’à l’épuisement. La colère est maître — elle envoûte de plus en plus, trace son chemin vers le cœur des hommes pour le noircir. Elle appelle à la révolte, au déchirement ; la colère veut tout exploser.

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Entre la colère et l’impulsivité : un pas. Entre l’impulsivité et la violence : un autre petit pas. Il importe de toujours pouvoir arrêter.

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Imitation et catharsis

La colère est contagieuse. L’amour et la tristesse aussi. Voir pleurer dans Forest Gump te fait pleurer. Une émotion ressentie au théâtre te la fait vivre. On appelle cela la catharsis.

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Une purgation des passions, un exutoire du mauvais.

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La colère engendre la colère. Faire du bien donne envie de faire du bien. L’homme procède, ainsi, par imitation.

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«Je sais que toutes ces vertus par imitation sont des vertus de singe, et que nulle bonne action n’est moralement bonne que quand on la fait comme telle, et non parce que d’autres la font. Mais, dans un âge où le cœur ne sent rien encore, il faut bien faire imiter aux enfants les actes dont on veut leur donner l’habitude, en attendant qu’ils les puissent faire par discernement et par amour du bien. L’homme est imitateur, l’animal même l’est ; le goût de l’imitation est de la nature bien ordonnée ; mais il dégénère en vice dans la société.» (Jean-Jacques Rousseau, Émile ou De l’éducation, 1762)

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Certains ont la grogne tellement prise dans la gorge, qu’ils en oublient le «pourquoi» et le «comment», et en veulent à la grogne. Ils sont en colère contre la colère.

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Colère longue

Les hommes et les femmes ont le droit d’être en furie. En beau maudit. Mais la colère est douloureuse, elle crée un serrement au plexus, une crispation de muscles, une brume dans les pensées. On en oublie nos valeurs, nos amis, la bonté, l’espoir. On s’oublie, soi.

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Sur le long terme, la rage détruit. Le premier pas à toute émotion négative, que ce soit la peur, la frustration, la déception, l’angoisse, c’est l’accepter. Se dire : «Voilà, j’ai peur. C’est ok.»

Puis, la regarder en face : «Bonjour, Hargne.» Lui faire savoir que tu sais qu’elle est là, qu’elle existe, mais qu’elle ne te contrôle pas : «Tu n’es pas moi.»

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Puis, peu à peu, la laisser aller. Ne pas l’éviter, juste, l’apprivoiser. Une fois dissipée, elle peut revenir faire des siennes, alors recommencer.

«Je te revois, c’est ok, mais j’aimerais que tu me laisses en paix.»

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Plus on l’ignore, plus la colère, tel un chat machiavélique, va faire du bruit pour que tu la remarques.

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Être en colère est ok. Pour peu qu’elle ne dure pas des semaines, des mois, une décennie. Plus elle grossit, plus les autres la ressentent.

Est-ce ce que nous voulons pour nos enfants?

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