Même s’il était minuit à Pékin. Même si ça faisait déjà une dizaine d’heures qu’il multipliait les entrevues à l’aréna, en studio et au téléphone.
L’athlète franco-ontarien de Cornwall a pris le soin de donner suite à une dernière demande. Celle du Droit.
Chaque fois, les gens voulaient savoir ce qui s’était passé. Et comment sa partenaire Piper Gilles et lui réagissaient face à un tel dénouement.
Les champions canadiens ont terminé septièmes en danse sur glace, lundi matin en Chine. Une erreur dans le programme libre les a tenus bien loin du podium où ils se voyaient aboutir après leur troisième place, l’an dernier, aux Mondiaux.
Nous avons toujours partagé nos attentes et nos émotions avec le public qui suit notre histoire depuis le début. Même après une déception, c’est une opportunité d’inspirer des gens et des patineurs de la prochaine génération
«Piper et moi, nous croyons beaucoup en la force du sport. Ça permet aussi de rappeler que nous sommes des êtres humains avant d’être des athlètes. Notre valeur ne change pas selon nos performances.»
Le patineur âgé de 30 ans avouait quand même ressentir un «mélange de différentes émotions».
«La plus forte est la fatigue», a-t-il lancé en riant, un peu, malgré tout.
«Je suis un peu déçu de la performance offerte aujourd’hui, enchaîne-t-il. Mais il y a aussi de la fierté avec ce que nous avons accompli aux Jeux. Nous avons offert un programme libre qui était fort lors de l’épreuve en équipe. Nous avons aussi amélioré notre score en danse rythmique. Et aujourd’hui, nous avons bien récupéré après l’erreur sur le porté.»
À sa sortie de la glace, Poirier a consolé Gilles, sa partenaire des 11 dernières années. Elle a eu de la misère à retenir ses larmes.
Au lieu que son patin atterrisse sur la jambe de Poirier sur le porté en question, la femme de 30 ans s’est retrouvée accroupie sur lui. Le couple a dû improviser pour sauver la manoeuvre.
Le mal était toutefois fait. De précieux points venaient de s’envoler, tout comme leurs espoirs d’une médaille.
«C’est le sport. Il y a toujours un risque dans une compétition que les choses ne marchent pas comme lors des entraînements. Ce n’est pas la première fois dans notre carrière que cela se produit. Ce n’est jamais facile... C’est toujours frustrant.»
Il y a un truc toutefois qu’il tient à clarifier.
«Ce n’est pas une erreur de Piper. C’est juste une question dans notre timing. Ce n’est pas une personne qui a mal fait quelque chose.»
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«Piper est une personne plus expressive que moi. Les émotions qu’elle montrait sur son visage, c’est ce que nous ressentions les deux.»
Poirier veut aussi rassurer un peu tout le monde.
«Nous étions déçus sur le moment de ne pas avoir livré notre meilleure performance. Mais c’est une autre opportunité d’apprentissage. C’est comme ça depuis une dizaine d’années. Nous allons nous en sortir. Je dis toujours que le truc pour se sentir mieux, c’est de retourner au travail lorsque nous revenons au pays.»
Le duo n’accrochera pas les patins. Du moins, pas immédiatement.
Le Canada les enverra aux championnats du monde du 21 au 27 mars, en France. Poirier et Gilles avaient terminé troisièmes l’an dernier à cet événement.
«Aucune décision n’a été prise. Nous n’avons pas trop pensé si c’était notre dernière saison ou non. Nous avons consacré beaucoup d’énergie à traverser la pandémie ensemble. Nous sommes pas mal fatigués en ce moment. Donc la chose la plus importante en revenant des championnats du monde, ce sera du repos. Puis nous allons réfléchir ensuite à ce que nous voulons faire, ce qui nous inspire.»