Lors d'une assemblée générale extraordinaire, le syndicat représentant quelque 700 membres a adopté lundi une résolution qui demande que le trimestre se poursuive à distance, plaidant que le moment est très mal choisi pour un retour complet entre les murs de l'établissement dans moins de deux semaines. Le réseau de la santé fait du délestage, dit-on, ajoutant que «la situation [dans les hôpitaux] est encore plus difficile qu’ailleurs au Québec».
«Il y a eu le retour en classe au primaire et au secondaire, je pense qu'on devrait d'abord attendre de voir comment ça se passe de ce côté-là. Plus de 45% des étudiants sont à temps partiel, un ratio plus élevé qu'ailleurs, ce qui veut dire que plusieurs de nos étudiants sont aussi des parents [de jeunes élèves]. Déjà, il y avait des difficultés à l'automne et tout allait mieux. Le nombre de reports d'examens a triplé, je crois. Et il y a un bon taux de vaccination [pour les chargés de cours], mais parmi les étudiants de 20 ans, par exemple, leur dose n'est pas pour demain, même s'ils ont pris rendez-vous. Les conditions ne sont pas réunies pour faire un retour en présentiel», clame la présidente du SCCC-UQO, Marie-Josée Bourget.
Pétition
Environ 400 personnes ont signé une pétition en ce sens ces derniers jours, renchérit-elle.
Cette dernière soutient que les avis sont partagés et que si plusieurs étudiants militent pour un retour sur le campus, reste «qu'une majorité silencieuse» estime qu'il est prématuré de le faire.
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D'autre part, le syndicat déplore qu'aucune distanciation physique ne soit possible ni prévue par l'UQO, sans compter qu'il aurait souhaité qu'à la fois des masques N95 et des tests antigéniques soient disponibles pour la communauté.
«Nos membres sont tout simplement inquiets. On ne comprend pas qu'il n'y ait pas de distanciation. On a fermé les salles de spectacle et les restaurants, alors que 100% des gens [qui s'y rendent] doivent être vaccinés; et là on voudrait recommencer l'enseignement en présence avec un groupe de 55 personnes à notre charge, par exemple, alors qu'il n'y aura pas d'espace du tout. L'idéal serait d'avoir de l'enseignement comodal [en présence et en virtuel simultanément] mais c'est impossible à l'UQO», dit-elle.
Même si la situation épidémiologique s'améliorait dans les semaines à venir, Mme Bourget indique que comme personne ne veut jouer au yo-yo, il serait préférable que le trimestre qui s'achèvera le 22 avril se déroule à distance.
«Porter notre message plus haut»
Et même si le décret de Québec exige un retour en personne au plus tard à la fin du mois, le SCCC-UQO est d'avis que l'institution peut cogner à la porte du ministère de l'Enseignement supérieur.
«L'employeur doit porter notre message plus haut, il faut que la rectrice [Laberge] dise à la ministre McCann que chez nous, on a des craintes. En tant qu'ex-ministre de la Santé, elle sait qu'ici [dans la région], c'est complexe en santé. On veut faire comprendre qu'il y a une espèce d'illogisme dans ce qui se passe. Moi, je dois être une bonne mère de famille comme présidente syndicale», lance Mme Bourget.
Si la décision est maintenue, le syndicat croit que des bris de service sont possibles.
«Des personnes chargées de cours ont tellement peur pour leur santé qu’elles pensent à renoncer à leurs cours. Cette situation risque de mettre dans l'embarras les étudiantes et les étudiants qui suivent leurs cours», dit-on.
L'UQO garde le cap
Dans un message transmis en journée, l'UQO a tenu à préciser qu'elle comprend que le retour en présence puisse susciter «certaines incertitudes et inquiétudes, mais indique que tout se déroulera dans le plus grand respect des consignes sanitaires en vigueur, qui ont d'ailleurs été rehaussées en décembre, rappelle-t-on.
«Par ailleurs, aucune éclosion n'est survenue à l'UQO depuis le début de la pandémie, ce qui vient confirmer l'efficacité des mesures que nous avons mises en place. Le secteur de la santé, sécurité et prévention du Service des ressources humaines assure également une veille et un suivi rigoureux auprès des cas déclarés jusqu’à maintenant et qui sont tous issus d'activités se déroulant à l'extérieur de nos pavillons et campus. Ce retour sécuritaire en présentiel est également rendu possible grâce à la réponse très positive de notre communauté universitaire à la campagne de vaccination. Plus de 90% des membres de la communauté étudiante et du personnel enseignant et non enseignant ont déjà reçu au moins deux doses du vaccin contre la COVID-19», spécifie-t-on.
Invitant tout le monde à en faire autant, l'institution ajoute que plusieurs membres de la communauté universitaire ont déjà répondu à l'appel pour la troisième dose et affirme qu'elle continue de suivre de près la situation en travaillant de concert avec Québec et la santé publique.
«À la lumière du retour en présence dans le milieu de l’enseignement primaire et secondaire, nous sommes confiants que le retour en présentiel dans nos pavillons et campus ainsi que dans l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur se déroulera en toute sécurité. [...] La santé et la sécurité des membres de notre communauté universitaire sont au cœur de nos priorités», conclut-on.