Je parie que des tas de gens ont été surpris de l’apprendre, vers la fin de la semaine dernière.
Pas moi.
Je n’ai pas eu beaucoup de contacts avec Brière, depuis le début du processus.
Je suis prêt à parier qu’il est lui-même surpris, dans une certaine mesure, d’avoir franchi toutes les étapes pour se rendre jusque-là.
Les gens de l’Outaouais, qui connaissent Brière depuis toujours, savent à quel point il est humble.
Il pourrait être l’homme le plus compétent, pour le job, qu’il aurait du mal à se l’avouer.
Je parie que les gens seront encore plus étonnés, dans les prochains jours, si Brière finit par décrocher le job.
Je répète: pas moi.
Brière se prépare depuis longtemps à relever un défi comme celui-là. À ma connaissance, ça fait au moins 10 ans.
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À l’automne 2012, mon patron a eu pitié de moi. Il était fatigué de me voir tourner en rond, dans la salle de rédaction du Droit, tandis qu’un lock-out paralysait les activités de la Ligue nationale de hockey.
Le patron m’a acheté un billet d’avion pour l’Europe. Il m’a demandé de visiter les vedettes qui s’étaient exilées en attendant la fin du conflit.
J’ai décidé de commencer mon voyage à Berlin, où le Gatinois Brière et le Franco-Ontarien Claude Giroux brûlaient la Deutsche Eishockey Liga.
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Le premier soir, après mon arrivée, je me suis retrouvé dans un restaurant italien de Berlin Est, en compagnie du numéro 48.
J’ai compris, assez vite, ce qu’il faisait là. À l’automne 2012, il venait de fêter ses 35 ans. Il était encore un joueur dominant, mais pour combien de temps? Il n’était certainement pas question, pour lui, de gâcher une de ses dernières «belles» années en se tournant les pouces à la maison.
On avait parlé d’un paquet de trucs qui n’avaient pas grand-chose à voir avec le hockey. Mais on avait parlé beaucoup de hockey, évidemment.
Je me souviens entre autres de lui avoir posé la grosse question.
Seras-tu capable d’accepter un rôle moins important, quand le temps sera venu? Seras-tu capable de jouer une douzaine de minutes par match, au centre d’un quatrième trio, pour étirer ta carrière de quelques années?
«Je ne sais pas», avait-il répondu avec toute la franchise du monde.
C’est là qu’il avait commencé à me parler de ses «grands» projets pour la suite des choses.
Les médias lui feraient sans doute de l’oeil, mais une deuxième carrière à la télévision, ça ne l’intéressait pas tant que ça.
Brière avait un faible pour la gestion. Il avait déjà commencé à élaborer quelques projets pour se lancer en affaires avec sa nouvelle conjointe.
Mais la «vraie» gestion, celle qui l’intéressait le plus, était celle d’une club de hockey. Les contrats. Les bonis de signature. Les individus.
Occuper un poste de direction, dans la Ligue nationale, ça pourrait être cool.
Les hockeyeurs qui ont des projets comme celui-là sont toujours prudents. Il y a plus de 700 joueurs actifs, dans la LNH, mais seulement 32 directeurs généraux.
On peut se permettre de rêver... jusqu’à un certain point.
Ce soir-là, à l’automne 2012, à Berlin, on a complété la soirée en jasant de stratégies. Quels types de joueurs ça prend, pour construire une organisation gagnante?
Je ne me souviens pas de tout, mais je peux quand même vous dire que Daniel Brière se prépare à relever des gros défis depuis très longtemps.
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Brière est un type humble. Parce qu’il est humble, il n’a pas pris sa transition de carrière à la légère.
Quand d’autres jeunes retraités du hockey acceptaient des petits boulots de dépisteurs, dans l’espoir de lentement gravir les échelons, il a choisi de prendre le chemin de l’université. Il s’est inscrit à la prestigieuse école de finance Wharton de l’Université de Pennsylvanie.
S’il doit un jour s’asseoir avec les agents les plus influents de l’industrie, pour négocier des lucratifs contrats, il sera capable de parler le même langage.
Parce que Brière est humble, il n’a pas hésité à retourner au bas de l’échelle.
La ECHL a gagné en crédibilité, ces dernières années. Les joueurs de très haut niveau, qui ont disputé près de 1000 matches dans la LNH, ne se précipitent quand même pas à Greenville, Wichita ou Kalamazoo pour relever des défis professionnels.
Par respect - et par amour - pour la game, Brière a décidé de chausser les patins, cet automne. Il donne quelques heures de son temps, chaque mois, aux responsables du développement des espoirs de l’organisation des Flyers de Philadelphie.
Les meilleurs dirigeants d’entreprise sont ceux qui savent comment tous les départements fonctionnent.
Dans la vie comme au hockey, on n’a jamais assez de cordes à son arc.
Tout ça ne sera peut-être pas suffisant. Jeff Gorton pourrait fort bien convaincre Geoff Molson de confier le gros job à son vieil ami Kent Hughes.
Il y aura peut-être un autre poste, au sein de l’organisation du Canadien, pour Brière.
Peut-être pas.
Le Gatinois devra peut-être patienter, encore un peu. Une année ou deux de plus, ça ne fera pas une grosse différence...