En point de presse vendredi avant-midi, le Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Outaouais (CISSSO) a fait savoir que 128 patients infectés par la COVID-19 occupaient un lit dans ses différents hôpitaux, dont quatre aux soins intensifs. Les hospitalisations ont donc plus que doublé dans la région en une semaine.
Ce ne sont toutefois pas tous ces patients dits «rouges» qui souffrent de complications du coronavirus. Le CISSSO a dévoilé pour une première fois, vendredi, la proportion de patients COVID qui sont hospitalisés directement à cause du virus, qui s’établit à 42% - ce qui représente 54 personnes. Les 58% restants se retrouvent sur un lit à l’hôpital «pour une autre raison secondaire» tout en étant infectés par le virus, a expliqué la directrice des soins infirmiers du CISSSO, Marie-Ève Cloutier, en donnant l’exemple de patients qui viennent de subir une fracture de la hanche ou qui doivent subir une intervention chirurgicale d’urgence à l’abdomen.
Statut vaccinal
Le CISSSO a aussi fait savoir que 28% des patients «rouges» présentement hospitalisés dans la région ne sont pas adéquatement vaccinés contre la COVID-19. Cette donnée n’était toutefois pas disponible spécifiquement pour ceux qui se trouvent à l’hôpital à cause de complications du virus.
La présidente-directrice générale adjointe du CISSSO, France Dumont, reconnaît que la région vit «une cinquième vague plutôt difficile en ce moment au niveau des hospitalisations». «La situation ne s’améliore pas, du moins pas encore, et les hospitalisations sont en hausse constante». La Dre Brigitte Pinard, directrice régionale de la santé publique, a indiqué que l’âge moyen des patients infectés ayant été admis dans les hôpitaux de la région au cours des deux dernières semaines s’est établi à 63 ans.
Le CISSSO n’a pas intensifié son délestage pour l’instant, qui demeure au même niveau tant pour les cliniques externes que pour les blocs opératoires. L’organisation s’attend toutefois à ce que les admissions continuent d’augmenter au cours des prochains jours, a indiqué Mme Dumont.
En même temps, le CISSSO doit fonctionner avec environ 100 lits fermés à cause de la pénurie de main-d'oeuvre.
«Évidemment, on est aux aguets, alors on pense qu'il va y en avoir d'autres, a-t-elle mentionné. On ne le sait pas trop, mais on se prépare à ce qu'il y en ait d'autres. […] En regardant les courbes qui sont faites par l'INESSS [Institut national d'excellence en santé et services sociaux], le ministère nous a donné une cible potentielle de 150 admissions COVID, […] donc on peut penser qu'on n'a pas atteint le pic.»
En parallèle, le CISSSO surveille de près 60 éclosions actives dans des milieux de soins et d’hébergement, dont le tiers dans des résidences privées pour aînés. Bien que les restrictions pour l’accès aux tests de dépistage PCR empêchent les autorités de connaître le portrait réel de la situation épidémiologique, la Dre Pinard affirme que les autres indicateurs démontrent qu’il y a encore une transmission communautaire «très soutenue» en Outaouais.
À l'heure actuelle, huit centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) et une vingtaine de RPA de la région comptent des cas actifs parmi leurs résidents. Dans certains cas, des dizaines de résidents sont infectés.
Tout cela survient alors que de nombreux employés du CISSSO sont encore absents du travail à cause de la pandémie. Mme Dumont a indiqué que 341 employés de l'organisation sont présentement infectés par la COVID-19, et que le nombre de travailleurs absents à cause du virus grimpe à 525 en considérant ceux qui sont en isolement à cause d'un contact avec un cas confirmé.
Retour à l’école
Dans ce contexte où un certain flou entoure la situation épidémiologique, les écoliers de la région retourneront sur les bancs d’école lundi. La Dre Pinard a insisté sur l’importance d’agir dès l’apparition d’un symptôme compatible avec la COVID-19, aussi faible soit-il.
«Le mot-clé pour comprendre la gestion qui va être en place à la réouverture des classes, c’est la vigie des symptômes, a-t-elle mentionné. […] On demande aux parents et au milieu scolaire d’agir très, très rapidement lorsque des symptômes apparaissent. Ça veut dire quoi? Ça veut dire que les parents doivent garder à la maison les enfants, les jeunes, qui ont un début de symptôme. On ne se questionne pas, on les garde à la maison, parce que la tolérance à la présence de symptômes à l’école va être extrêmement faible.»
Comme c’était le cas avant les Fêtes, les écoles pourront faire passer des tests rapides aux élèves qui développeront des symptômes en classe. Mais même si le résultat est négatif, l’enfant devra s’isoler à la maison, a précisé la Dre Pinard. L’isolement de cinq jours à la maison s’appliquera aussi pour la fratrie et les autres contacts domiciliaires.
Afin de sortir de l’isolement après cinq jours, les enfants devront connaître une amélioration de leurs symptômes, ne pas avoir fait de fièvre pendant au moins 24 heures et, dans le cas des élèves du primaire, obtenir un résultat négatif à un test rapide de dépistage.