«J’aime aider le monde, dit-il. C’est dans ma nature. Quand j’ai aperçu cette clinique mobile, je me suis dit: “pourquoi pas? Si je peux aider quelqu’un, allons-y”. Alors j’ai donné du sang et, en sortant, je me suis dit que je venais probablement de sauver une vie. Ça m’a rendu heureux.»
Martin est aujourd’hui âgé de 53 ans. Père de quatre enfants, il est chargé de projet en informatique à l’Université du Québec en Outaouais (UQO) depuis les 30 dernières années.
Lundi, le 13 décembre, il a quitté son poste sur l’heure du midi pour aller faire un don de plasma au centre Plasmavie de la rue Bellehumeur, à Gatineau.
Il s’agissait de son 300e don de sang et/ou de plasma à vie. Son 300e. Et ce don l’a rendu aussi heureux que le tout premier qu’il a fait il y a 34 ans, dans une clinique mobile de Rouyn-Noranda.
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J’ai fait mon 100e don de sang dans une clinique mobile de Gatineau en janvier 2016. Ça m’a pris plusieurs années pour me rendre à ce 100e don puisqu’il faut attendre au moins 56 jours entre chaque don de sang.
«Mais ce jour-là, alors que je donnais pour la 100e fois, un bénévole m’a parlé des dons de plasma et que le besoin était très grand. Et la période d’attente entre chaque don de plasma n’est que de six jours. Donc ma transition vers le plasma s’est effectuée au printemps 2016, lors de l’ouverture du centre Plasmavie à Gatineau. J’ai fait mon 100e don de plasma en décembre 2018. Et aujourd’hui (lundi), j’ai donné pour la 300e fois (100 dons de sang, 200 dons de plasma). Ça me motive d’aider des gens malades à améliorer leur qualité de vie en échange d’une petite heure de mon temps une fois par semaine. Ça me fait du bien de savoir que je fais du bien. C’est un don de soi qui, en plus de nous donner un temps d’arrêt et de calme dans nos vies effrénées, sauve des vies.»
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Martin Tousignant a grandi dans le village de Beaudry, à une vingtaine de kilomètres de Rouyn-Noranda, en Abitibi. Sa mère, raconte-t-il, était «infirmière de colonie».
«Comme Blanche Pronovost des Filles de Caleb était infirmière de colonie, lance-t-il. Ma mère a commencé à pratiquer en 1954 en Abitibi. Elle allait dans les maisons privées pour soigner les gens ou aider les femmes à accoucher. Les gens malades venaient chez nous pour se faire soigner ou pour se faire arracher une dent. Ceux qui avaient peur des piqûres aimaient mieux se faire arracher une dent à froid plutôt que d’aller chez le dentiste à Rouyn. Ma mère était vraiment l’infirmière du village. Elle allait dans les écoles pour donner des vaccins aux élèves, elle faisait un peu de tout. Si une femme accouchait, le voisin attelait ses chevaux à sa carriole et ma mère partait avec lui pour se rendre dans le fond du rang, chez la femme qui accouchait. Donc d’aider autrui me vient un peu d’elle, je l’ai hérité de ma mère. C’est dans ma nature. Aider quelqu’un m’amène une satisfaction personnelle. Ça me rend heureux.»
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Martin aurait pu effectuer son 300e don la semaine dernière. Mais il a préféré attendre cette semaine afin que ce 300e corresponde au tout premier don à vie de son fils cadet, Jacob, qui a fêté lundi ses 18 ans, soit l’âge requis pour pouvoir donner du sang et du plasma.
«Ça fait longtemps que Jacob me dit qu’il veut donner, reprend son père. Mes enfants m’ont souvent accompagné chez Plasmavie et dans les cliniques mobiles. Ils ont été sensibilisés très jeunes à l’importance du don de sang. Ils savent qu’on peut aider et sauver des vies en donnant un peu de notre temps.»
«Ça fait donc un an et demi que je m’assure de faire des dons pour en arriver à mon 300e lorsque Jacob fêtera ses 18 ans. Le timing était parfait. J’ai donné mon 299e il y a deux semaines. Mais je n’en ai pas donné la semaine dernière afin de pouvoir en donner lundi avec lui, le jour de sa fête. C’est donc un don de soi, père et fils. On a célébré sa fête au centre Plasmavie en donnant.»
— Jacob pourrait bien battre votre record un jour, que je lui lance.
— (Rires). Peut-être. Je le souhaite. Chaque don est si important.