Les conséquences de la faillite éthique de l’Occident

À VOUS LA PAROLE / Noël est annulé. Ou tout comme. Pendant que plusieurs se désespèrent de ne pouvoir célébrer la fin de l’année 2021 dans la joie et l’allégresse, la géopolitique du monde bascule, et ce durablement. En Amérique du Nord, nous vivons dans un tel confort que nous en arrivons à oublier à quel point notre vie est confortable, nos désagréments passant même pour de la souffrance. Pourtant, la pandémie de la Covid-19 est révélatrice de la faillite éthique de l’Occident. Une faillite éthique dont les conséquences se feront sentir longtemps.


La première de ces conséquences est celle d’un bris de confiance entre les nations. Puisant dans ce réflexe quasi primitif de défendre sa tribu au détriment des autres, mus par leur égoïsme national, les dirigeants politiques des pays riches ont choisi de sécuriser leurs citoyens plutôt que de penser combattre le virus à l’échelle de l’humanité. Négligeant du même coup une réalité implacable : dans notre monde hyperconnecté et interdépendant, le virus et ses variants n’ont plus de frontières. Alors qu’ils avaient l’opportunité de faire preuve d’une réelle solidarité, rachetant des décennies de discours creux, ils ont plutôt pathétiquement agi de la manière la plus inéquitable qui soit en s’accaparant massivement les doses de vaccins. Devant cette nouvelle désillusion, comment blâmer les pays moins nantis de ne plus croire aux promesses de solidarité?

Pendant ce temps, d’autres nations ont tendu la main. Pensons notamment à la Chine. S’il est permis de questionner le degré réel d’altruisme derrière ce geste – le pays ambitionnant une influence croissante dans le monde – il n’empêche qu’à la question : « Qui vous a aidé à vaincre la Covid-19 ? » la réponse sera la Chine et non pas l’Occident.



Cette main tendue sera-t-elle assortie d’une attente de redevabilité? Il nous est permis de le penser. Il n’est pas impossible non plus d’imaginer que de nouvelles alliances entre pays donateurs et pays bénéficiaires pourraient en découler. Quelle sera l’influence de ces nouvelles alliances sur le fonctionnement des organisations internationales? Sur les négociations des traités internationaux? Quelle place réelle laisseront-elles à l’Occident?

Tous les paris sont ouverts.

Sophie Hamel-Dufour, Québec