Un «aboutissement» avec l'ouverture de l'école secondaire de la Nouvelle-Ère

La coupe du ruban inaugural. 

Mardi était un jour historique alors qu'était inaugurée la toute première école secondaire en l'espace de 19 ans en Outaouais, un établissement qui de surcroît était plus qu'impatiemment attendu en raison de la croissance démographique dans l'ouest de Gatineau.


Du ministre Mathieu Lacombe qui a dit qu'il y avait plus de fenêtres dans la seule bibliothèque que dans toute l'école secondaire de sa jeunesse en passant par la mairesse France Bélisle qui s'est remémorée les «murs bruns» de son école de l'époque — l'école secondaire Mont-Bleu — en apercevant la luminosité et le blanc, la classe politique s'est émerveillée devant l'école secondaire de la Nouvelle-Ère, qui accueille près de 600 élèves dans le secteur Aylmer depuis la fin novembre. 

«Moi, je n'aurais pas pu espérer avoir une terrasse sur le toit, alors je trouve que c'est next level (le niveau suivant), vraiment. [...] Au-delà du fait que c'est une belle école, c'est une évidence, tout le monde s'entend pour dire ça, et qu'elle va répondre à un besoin qui est disons criant, les beaux espaces comme l'école ici, ça suscite autre chose que seulement de l'émerveillement. Ça suscite la créativité, la productivité, on a envie de se dépasser. Qu'on soit jeune à l'école ou adulte aussi dans nos vies professionnelles, quand on est dans de beaux endroits, ça nous donne envie de donner notre 110% même», a lancé Mathieu Lacombe, ministre responsable de la région, avouant à la blague ressentir une pointe de jalousie envers les élèves. 

Spécifiant qu'une foule de souvenirs se forgent à cet endroit dans notre vie et ce, de génération en génération, le député de Pontiac, André Fortin, estime que cette nouvelle école aura un «impact immense» dans la communauté du secteur.

«J'ai une pensée aussi pour les élèves de Grande-Rivière (qui était en surpopulation depuis quelques années) qui peuvent à travers cette nouvelle école se réapproprier leur propre école, avoir de la place pour bien vivre leur expérience. Ça va leur faire énormément de bien», a-t-il mentionné. 

Décrivant l'école secondaire de la Nouvelle-Ère comme un lieu inspirant à la fois pour les élèves et le personnel, la directrice générale du CSSPO, Nadine Peterson, croit qu'on vient de passer à une autre étape. 

«C'était plus que nécessaire d'avoir une nouvelle école. [...] On se sent fiers. C'est un aboutissement car c'est depuis 2016 qu'on travaille ce dossier de près. Enfin, la patience a porté fruit», dit-elle.

Québec a accordé une somme de 43,2 millions $ pour la construction de cet édifice sis sur le chemin Fraser qui a ouvert avec plus d'un an de retard sur l'échéancier initial. 

L'établissement dont la capacité d'accueil est de 810 élèves comprend entre autres 27 salles de classe, quatre locaux spécialisés pour les élèves ayant un trouble du spectre de l'autisme (TSA), six laboratoires, trois classes d'art, un gymnase double et une classe d'informatique / robotique.


L'école secondaire de la Nouvelle-Ère accueille près de 600 élèves dans le secteur Aylmer depuis la fin novembre.

Une forte pression, d'autres demandes

Par ailleurs, face à la croissance qui est loin de ralentir, Mme Peterson n'a pas manqué de souligner que le CSSPO va continuer de cogner à la porte à la fois de la Ville pour des terrains et du gouvernement pour agrandir ou construire des établissements.

Alors qu'une quinzaine de projets ont été soumis au ministère par les différents centres de services scolaires de la région cet automne et que l'Outaouais s'est butée à des refus pour toutes ses demandes cette année, cette dernière estime que Québec devra tendre l'oreille.

«C'est un incontournable, on le voit avec la croissance de la clientèle. Il faut que les différents paliers de gouvernement soient au rendez-vous car il y a des besoins criants. À un moment donné, on a beau se tasser, les gens ont besoin d'un environnement propice, de respirer», plaide-t-elle, ajoutant souhaiter également que les mécanismes avec les instances municipales soient accélérés pour la cession de terrains pour des écoles malgré «la belle collaboration». 

Le CSSPO, à titre d'exemple, inaugurera une autre école secondaire dans moins d'un an et a demandé l'ajout d'une autre sur son territoire d'ici 2026, en plus d'avoir deux nouvelles écoles primaires bientôt en chantier dans le secteur Aylmer et d'avoir levé la main pour en ouvrir une autre dans le secteur Hull. 

Admettant que la pression est forte «partout» à travers la province, le ministre Lacombe affirme que l'enjeu n'est pas simplement de réussir à annoncer des projets d'écoles mais aussi d'être en mesure de les livrer dans les délais anticipés.

Le député Fortin, de son côté, est d'avis que la région ne pourra pas de nouveau être laissée sur les lignes de côté en 2022 et qu'il devra y avoir un inévitable «rattrapage» 

«Ce n'est pas un luxe de construire des écoles, c'est parce qu'il y a des enfants qui ont besoin de ces services-là, c'est parce que des écoles actuelles débordent, c'est parce qu'il y a des quartiers complets où il n'y a pas d'école et où les gens doivent se rendre à l'extérieur de leur quartier. Moi, je m'attends à ce que dès l'an prochain, dès la prochaine annonce, l'Outaouais n'ait pas juste sa part normale mais une compensation pour l'oubli qui a été fait cette année», dit-il.

Le Centre de services scolaire au Coeur-des-Vallées réitère sa demande pour agrandir l'école secondaire Hormidas-Gamelin, un projet de 65 M$.

Face à la réponse négative de Québec l'été dernier, l'organisation avait d'ores et déjà souligné que l'achat de classes modulaires  pour palier au surpeuplement dans l'édifice du secteur Buckingham était dans les cartons dès 2022.

Le CSSCV réclame aussi l'agrandissement (11 classes et un gymnase) de l'école du Sacré-Coeur, dans le secteur Masson-Angers, où la croissance est telle que la capacité d'accueil est de loin dépassée. Un projet dont le coût est évalué à 19 M$. 

L'organisation réitère également ses demandes pour un projet de construction d'une école (12 classes) dédiée uniquement à la maternelle 4 ans dans le secteur Buckingham (21 M$), le remplacement complet de l'école St-Pie-X à Papineauville pour une reconstruction (14 classes) sur les terrains adjacents à l'école secondaire Louis-Joseph-Papineau, de même que l'agrandissement (4 classes et un gymnase) de l'école St-Coeur-de-Marie, à Ripon (13 M$).

«Point de rupture atteint»

En entrevue, le directeur général du CSSCV Daniel Bellemare a indiqué il y a quelques semaines que «le point de rupture avait été atteint». 

Au Centre de services scolaire des Draveurs (CSSD), où la croissance est plus modérée, on a acheminé au ministère ces dernières semaines deux projets d'agrandissement pour l'ajout de places pour la maternelle 4 ans, soit l'un pour l'école de la Traversée (édifice Ste-Maria-Goretti) et l'autre pour l'école l'Oiseau-Bleu. Ces deux projets ont une facture estimée respectivement à 10,8 et 4,4 millions. 

L'Outaouais a reçu une réponse négative pour l'ensemble de ses projets d'infrastructures scolaires cette année, une situation que la députée Maryse Gaudreault avait qualifié en septembre «d'inadmissible» et de «déconnexion» en entrevue avec Le Droit. Le ministre régional Mathieu Lacombe avait répliqué que la majorité des régions n'avaient pas obtenu de projets et qu'il était faux de prétendre que l'Outaouais avait laissée «sur le banc». 

«Ce n'est pas une question d'opinion, de préférence ou d'avis personnel sur la question. C'est une question de chiffres, regardons les données de croissance partout au Québec et analysons ensuite la situation. Qu'est-ce qu'on dit aux parents d'ailleurs où les besoins sont deux ou trois fois plus importants que chez nous? À un certain moment, des choix doivent être faits», avait-il plaidé.