Dans une sortie publique effectuée jeudi par le biais d’un communiqué de presse, le SPUQO fait valoir que 10 postes de professeurs ont été supprimés à l’UQO depuis 2019.
Le syndicat indique que le conseil d’administration doit prendre position sur l’abolition de trois postes supplémentaires de professeurs, le 6 décembre prochain, à la suite d’une recommandation du vice-recteur à l’enseignement et à la réussite de l’UQO.
Vote très serré
Cette recommandation découle d’un vote de la Commission des études qui s’est soldé favorablement par un résultat très serré de 6 contre 5 contre, tenu le 11 novembre dernier. Une personne s’est abstenue de voter, précise le SPUQO.
Si le conseil d’administration de l’université donne son aval au projet, cela portera «un dur coup à la communauté universitaire de l’Outaouais et des Laurentides», insiste le SPUQO qui a fait parvenir une lettre aux administrateurs afin de les convaincre de ne pas endosser cette recommandation. L’organisation dit avoir également interpellé la rectrice de l'université, Murielle Laberge, le 24 novembre dernier, sur la question.
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«Nous avons consenti des efforts énormes durant la pandémie pour maintenir une offre de service de qualité. Cela a entraîné une surcharge de travail importante pour la gestion de l’enseignement à distance, des inscriptions ou encore de l’évaluation de la qualité de l’enseignement. Nous avons assumé de nombreuses tâches qui n’étaient prévues dans aucun document institutionnel parce que nous avons à cœur la qualité des services et le rayonnement de l’institution universitaire. Mais en retour, nous constatons le peu de reconnaissance offerte par l’employeur. Les coupes de postes sont ressenties comme une gifle par le corps professoral. On se tire dans le pied avec une telle décision», déplore le président par intérim du SPUQO, Vincent Boutonnet, dans le communiqué de presse.
Impacts sur l’attraction et la rétention des étudiants
Dans la lettre qui a été envoyée aux membres du conseil d’administration par le SPUQO, et qui a été diffusée publiquement jeudi, le syndicat soutient que cette nouvelle série de coupes dans le corps professoral aura pour effet de limiter les «efforts collectifs pour attirer et retenir nos étudiant·es».
«Certes, la baisse des inscriptions est une tendance qui se maintient depuis quelques années, mais la coupe de postes n’aidera pas à corriger la situation. Elle contribue plutôt à diminuer l’attrait de l’institution auprès des étudiant·es. D’autre part, les mesures mises en place d’urgence cet automne pour contrer cette baisse n’ont pas encore été évaluées et nous n’en connaissons pas les effets. La coupe des postes désavoue toutes les actions visant à augmenter les inscriptions», peut-on notamment lire dans la missive.
On ajoute que l’abolition de postes met l’UQO à risque, car de nombreux sièges deviennent vacants.
«Ces sièges vides assurent un certain surplus budgétaire, mais accentuent aussi la surcharge de travail en nuisant de façon tangible au développement», écrit le SPUQO, qui mentionne que «les professeur·es sont déjà épuisé·es par le contexte pandémique».
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Réaction de la rectrice de l'UQO
Invitée par Le Droit à réagir, la rectrice de l’UQO, Murielle Laberge a affirmé jeudi que cette suppression de postes anticipée n’était que le résultat de l’application de la convention collective des professeurs de l’établissement.
Le nombre d’étudiants à temps plein qui fréquentent l’université est en baisse ces dernières années. Pour cet automne seulement, l’UQO a enregistré une baisse de 6% de ses effectifs, en comparaison avec l'automne 2020.
«À l’article 8 de la convention des professeurs, il y a une formule de détermination du nombre de postes des professeurs qui est basée sur l’effectif étudiant équivalent à temps plein. Chaque année, on adopte le nombre de postes issus de l’application de cette formule de détermination. Donc, on n’a fait qu’appliquer la convention collective», se défend Mme Laberge.
Ce ne sont d’ailleurs pas trois, mais bien quatre postes de professeurs qui seront abolis l’an prochain, si le conseil d’administration entérine la recommandation, précise Mme Laberge.
La rectrice confirme avoir rencontré le syndicat. Elle dit avoir demandé des suggestions afin de proposer des options au conseil d’administration pour ne pas avoir à supprimer les postes, mais Mme Laberge avance n’avoir eu aucun retour de la part du SPUQO.
«J’ai besoin de propositions pour démontrer que c’est un risque calculé si on maintient le nombre de postes, note Mme Laberge. S’ils veulent venir cogner à ma porte, elle est ouverte. [...] Je dois être capable d’arriver, comme bon administrateur, devant mon conseil administrateur, puis être capable de dire ‘‘voici ce qu’on a convenu pour gérer le risque’’. Parce que si on vote contre la coupure de postes, on va embaucher des gens, ils vont obtenir la sécurité d’emploi, il n’y pas de retour en arrière, mais on comprend que le financement qu’on va recevoir 2022-2023 va être moindre parce qu’on a moins d’étudiants.»
La masse salariale représente 72% du budget de l’UQO, selon les chiffres fournis par Mme Laberge.