Ken Villeneuve, le fondateur de la plateforme de récompenses monétaires Freebees, propose une nouvelle vision de la carte de fidélisation. Né en Abitibi, M. Villeneuve a commencé à travailler dès l’âge de 11 ans et distribuait des journaux dans sa région d’origine. La flamme du marketing l’habitait déjà car il cherchait toujours des stratégies pour augmenter ses ventes.
«Je partais de chez moi en plein hiver quand il faisait -20, j’enlevais mes mitaines et je dézippais mon manteau. Quand un enfant arrive à ta porte pour te donner le journal avec les mains gelées, ça fait plus de pourboire!», raconte-t-il en entrevue avec Le Droit AFFAIRES.
L’application Freebees s’adresse à deux types de clientèle: les commerçants et les clients de magasins.
«On permet aux commerçants d’augmenter leurs revenus, mais on offre aussi un pouvoir d’achat aux consommateurs de redépenser localement», explique M. Villeneuve.
Actuellement, près d’une soixantaine de commerces de Gatineau sont inscrits sur l’application et plusieurs centaines le sont à l’échelle du Québec.
La technologie de Freebees permet aux commerçants d’établir leur propre programme de remise.
Au lieu de faire un rabais, un commerçant peut vendre à plein prix puis remettre de l’argent à dépenser plus tard dans le magasin. C’est le principe “je te paie pour que tu dépenses plus”.
«Par exemple, si un client entre dans une boutique de vêtements, le commerçant peut lui annoncer comme spécial que s’il achète deux paires de jeans, il reçoit 25$ au magasin».
Chaque établissement peut alors avoir sa propre monnaie électronique ne pouvant être utilisée que dans le commerce.
«Avant notre arrivée, les paiements électroniques en magasin passaient par les cartes de débit ou de crédit. Ces modes de paiement ont comme point commun que le solde sur notre compte peut être dépensé partout où il est accepté, poursuit Ken Villeneuve. Avec Freebees, si tu paies avec ta carte de crédit chez un magasin qui utilise l’application, le système va s’en rendre compte et la remise va se mettre dans ton compte pour ce magasin».
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Le travail dans l’ombre
C’est en 2014, lors de sa tournée pancanadienne de conférences sur le marketing, que Ken Villeneuve s’est fait approcher par un des spectateurs, aujourd’hui actionnaire de Freebees, qui souhaitait lui parler de ses idées pour améliorer l’achat local et la fidélisation de la clientèle.
«C’est un domaine auquel je n’avais pas pensé avant, mais en creusant et en faisant des recherches, on y a vu une belle opportunité.»
Déjà associé à son ami Philippe Londei, Ken Villeneuve reçoit l’aide de son oncle, Pierre Gaudreault, pour la gestion des aspects administratifs de la nouvelle entreprise. Toujours la même année, l’équipe recrute son directeur de la technologie, Hassen Khalifa, qui leur apprend l’existence d’un programme de bourse de Microsoft visant à soutenir des entreprises technologiques innovantes, un programme auquel Freebees aura finalement accès.
Par la suite, Freebees se lance dans la recherche et le développement (R&D) afin de concevoir son application.
«Nous avons fait de nombreuses rondes auprès d’investisseurs pour payer le R&D qui coûte très cher. On a rencontré plusieurs centaines d’entreprises durant le processus pour valider ce qu’on était en train de développer et on a modifié des aspects du projet selon ce que les gens voulaient avoir», se souvient l’entrepreneur. La période de R&D s’est étalée sur cinq ans avant l’entrée sur le marché en 2019.
Le succès cogne à la porte
Une boucherie de Rouyn Noranda a été la première entreprise à faire appel aux services de Freebees. Depuis, l’entreprise connaît une croissance importante alors que de nombreux commerçants la réfèrent.
«En étant référencé, on a la consécration qu’on a vraiment aidé des commerçants. Ils ont vraiment bénéficié de notre plateforme», se réjouit Ken Villeneuve.
La gestion de la croissance de cette entreprise qui participe au programme de mentorat Atteindre mon premier million d’ID Gatineau est désormais un défi pour Freebees. Alors que l’entreprise en est à sa première année de rentabilité, Ken Villeneuve raconte vivre des journées où il y gagne autant de clients que durant les 12 premiers mois de la compagnie.
Cette situation fait en sorte que l’entreprise est actuellement en période de recrutement et vise à passer de huit à 12 ou 15 employés.
«Il faut carburer aux défis. Chaque fois qu’une embûche arrive, il faut voir comment elle apporte des opportunités. Comme une balle de pinball, si elle frappe quelque chose, elle s’en va à d’autres places», conclut M. Villeneuve.