Le rapport de 39 pages, fruit d’un groupe de travail piloté par l’ancien juge de la Cour suprême Michel Bastarache, fait suite aux controverses qui ont entaché l’Université au cours de la dernière année, soit la suspension de la professeure Verushka Lieutenant-Duval l’automne dernier après que certains étudiants se soient plaints qu’elle ait prononcé le mot en «N» et ce, dans le cadre d’un cours, et la controverse entourant les propos du professeur Amir Attaran qui avait traité la société québécoise de raciste dans une série de gazouillis sur sa page Twitter personnelle. Le recteur de l'U de O, Jacques Frémont, avait été critiqué dans la gestion de ces deux controverses.
Liberté d'expression et la liberté académique
Le rapport, qui défend la liberté d'expression et la liberté académique, et qui se dit en désaccord avec «l’exclusion de termes, d’ouvrages ou d’idées dans le contexte d’une présentation ou d’une discussion respectueuse de nature universitaire et dans un but pédagogique et de diffusion des savoirs», peut-on y lire, entre autres, a fait sept recommandations en ce sens.
«Pour les prochaines années [le rapport] peut donner un standard, des barèmes et c’est un peu ça que tout le monde voulait», a indiqué au Droit le vice-président l’APTPUO, Luc Angers.
Professeurs à temps partiel exclus
Mais là où le bât blesse, selon le syndicat, c’est l'exclusion des professeurs à temps partiel des plus hautes instances de gouvernance universitaire. «[Cela signifie] qu'il est impossible pour eux de participer à ces discussions et à la prise de décisions importantes et collégiales entourant la mise en œuvre des recommandations du rapport, et ce, même si les professeurs contractuels enseignent la moitié des cours et à plus de 60% des étudiants au cours d'une année universitaire», écrit l’APTPUO dans un communiqué.
«Le syndicat n'a pas de siège au sénat, pas de siège au bureau des gouverneurs, alors que tous les autres corps de travail en ont un et peuvent faire des recommandations et ont la possibilité de s’exprimer sur les différents points, pas nous», croit M. Angers. «On est exclu de ces instances décisionnelles qui permettent au rapport de cheminer de façon convenable.»
Il doute également du fait qu’il n’y a pas de budget associé aux recommandations. «Ce sont des vœux très nobles, mais il n’y a pas de budget. Il y a toutes les questions qui font en sorte qu’on est perplexes face à l’aboutissement de ce qui est [élaboré] dans le rapport.»
Par courriel, l'Université d'Ottawa indique que «ces derniers ont la possibilité de faire entendre leur voix par de multiples canaux, que ce soit en participant activement au conseil de leur faculté respective ou via leur syndicat qui a des contacts constants avec l’administration de l’Université.»
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«Changement de culture»
En entrevue avec Le Droit lors de la publication du rapport jeudi dernier, Jacques Frémont avait toutefois assuré être heureux de ce rapport et indiqué qu’il servirait d’outils pour mieux gérer «ce genre de circonstance pour faire évoluer la culture interne.»
Il s’était également dit d’attaque pour mettre en œuvre les recommandations du rapport, dans la mesure du possible, qualifiant de «changement de culture» ce qui se déroule à l'Université d’Ottawa.
M. Angers soutient par ailleurs que, d’un «point de vue moral», des excuses seraient de mise. «La haute direction a maintenant l'occasion de faire ce qui est juste à la lumière des conclusions du Comité, c'est-à-dire d’assumer la responsabilité et présenter des excuses, plutôt que de chercher des prétextes», poursuit le syndicat. «Sinon, la recherche de la justice pour des membres comme la professeure Lieutenant-Duval sera un processus inutilement lent, pénible et néfaste.»
M. Frémont avait également indiqué en entrevue avec Le Droit jeudi dernier que des excuses ne peuvent être effectuées pour le moment, car un processus d’arbitrage est en cours entre l’établissement et Mme Lieutenant-Duval.