Le e-Sports arrive en Outaouais 

Carlos-Julian Torres-Ovalle, est l’un des étudiants du programme embryonnaire au Cégep de l’Outaouais en plus d’être étudiant à temps plein.

Le Cégep de l’Outaouais accueille trois nouvelles équipes sous l’effigie des Griffons. Mais, ces «athlètes» n’iront pas rivaliser sur un terrain de sport, mais plutôt devant leurs écrans alors qu’est né le programme de sport électronique (e-Sports).


Ce projet lancé en août dernier devait initialement accueillir 54 étudiants intéressés à devenir cyberathlètes pour le programme des Griffons, mais il y a finalement eu 40 candidatures sérieuses. De ce nombre, seulement 16 ont été retenues pour le programme des Griffons.

Ces 16 étudiants, divisés en trois équipes, évoluent donc dans la Ligue collégiale de sports électroniques (LCSE). Cette ligue compte 34 équipes provinciales, dont trois proviennent du Cégep de l’Outaouais, qui s’affrontent au populaire jeu Rocket League.

Le processus de sélection des étudiants s’est déroulé sur deux soirées, où les joueurs ont été évalués sur leurs aptitudes au jeu Rocket League, l’un des trois jeux joués dans la LCSE.

Rocket League est un jeu auquel les joueurs s’affrontent, au volant d’une voiture avec pour but de marquer des buts, comme au soccer, dans des parties d’une durée de 5 minutes.

Carlos-Julian Torres-Ovalle, 18 ans, est l’un des étudiants du programme embryonnaire. En plus d’avoir environ six heures de jeu attitrées avec ses collègues chaque semaine, il doit également consacrer des heures d’activités physiques et d’entraînement, directement au Cégep. Plusieurs heures par semaine sont consacrées à la forme physique, en dehors des heures de jeu sur console ou ordinateur avec des entraîneurs de l’Académie e-Sports Canada.

Jesse Clermont est étudiant en intégration multimédia et il fait également partie du programme e-Sports.

«C’est très logique, nous dit d’emblée Carlos-Julian. Si tu n’es pas assez bien physiquement et en santé, t’as pas une assez bonne concentration pendant que tu joues».

Carlos-Julian réussit également à gérer à la fois une charge de cours à temps plein au Cégep, en plus de travailler à temps partiel et de faire partie du nouveau programme e-Sports, lui consacrant environ 8 à 10 heures de jeu par semaine.

«Je sacrifie beaucoup de temps libre, s’exclame-t-il en riant. […] Je trouve que ça ne va pas vraiment être critique et changer mes notes (scolaires)».

Le jeune homme se dit tout de même «fier» de pouvoir représenter son cégep dans la LCSE et dans de futures compétitions inter-collégiales.

«Il faut montrer aux autres cégeps que le nôtre est le meilleur», annonce-t-il, sans fausse modestie.

Cyberdépendance

Jesse Clermont, 17 ans, est étudiant en intégration multimédia. Il fait également partie de la première cohorte de sport électronique des Griffons. Faire partie de ce programme lui permet d’avoir de saines habitudes lorsqu’il est question de jouer à Rocket League. Il se dit sensibilisé au phénomène de cyberdépendance, qui en inquiète plusieurs, dont plusieurs parents.

«À chaque heure de jeu, on prend 15 minutes de pause obligatoire […] ça m’aide, ça devient une habitude quand je joue avec mes amis», note-t-il.

S’il consacre un certain nombre d’heures à ses activités en lien avec l’e-Sports, Jesse s’est créé une routine afin de ne pas empiéter sur ses priorités.

«J’ai des temps libres entre chaque cours, ça je les consacre à faire mes devoirs […] Dès que j’arrive chez moi, je me consacre aux jeux vidéo. Ça me permet de gérer mon temps et de ne pas être en retard dans mes cours.»

Avant son arrivée avec les Griffons, il n’avait jamais «envisagé» la possibilité de faire partie d’une équipe, encore moins de représenter son institution d’enseignement dans la discipline de sport électronique.

Le jeune homme a aussi voulu passer un message aux détracteurs, qui croient que le sport électronique n’a pas sa place dans les cégeps.

«Il faut que tu prouves au monde que ça a le mérite d’être là. On a des entrainements physiques comme les autres équipes, on a les mêmes traitements que les autres équipes, donc pourquoi ce ne serait pas (considéré comme) un sport».

Accessible à tous

La conseillère à la vie étudiante et responsable du programme de sport électronique, Alexandra, Roy, décrit un programme qui est «accessible», puisqu’il ne faut pas payer, entres autres, pour devenir meilleur à ce jeu, ce qui aurait pu procurer un avantage à certains étudiants.

«Les jeux qui sont choisis sont gratuits, puis les étudiants n’ont pas besoin d’acheter d’outils pour augmenter leur niveau […] Plus tu joues, plus tu fais des exploits dans le jeu vidéo, plus tu as des choses qui s’ajoutent à ton personnage et tu changes de niveau […] l’accessibilité est très importante.»

Il n’y a pas encore d’installations physiques au Cégep de l’Outaouais pour accommoder les cyberathlètes, donc ceux-ci jouent à partir de la maison.

«Le Cégep manque de locaux pour donner des cours […] et on n’avait pas la possibilité de monopoliser un laboratoire pour le jeu», a déclaré Mme Roy.

Toutefois, les étudiants sont conviés en présentiel au Cégep, sur une base hebdomadaire, pour les entraînements physiques en groupe, puis pour suivre des ateliers sur la nutrition et l’ergonomie, afin de «favoriser l’appartenance à l’équipe».

Dans les prochaines années, on pense à aménager des locaux pour les cyberathlètes, à l’intérieur des murs du Cégep.

«Quand nos étudiants sont sur place (au Cégep) […], ça favorise la réussite scolaire», estime Mme Roy.

Cette dernière tenait également à souligner que le programme est mixte et qu’il est «ouvert» autant aux garçons qu’aux filles, même si l’entièreté des étudiants du programme cette année sont des hommes.

La sélection des cyberathlètes basée sur la «stratégie»

Les cyberathlètes choisis pour représenter les Griffons sont majoritairement des étudiants à temps plein. 

Les critères de sélection qui ont guidé le choix des représentants outaouais étaient le talent et les aptitudes au jeu Rocket League, mais aussi pour la «stratégie de jeu», selon Mme Roy.  

Ces critères ont été évalués par des entraîneurs spécialisés de l’Académie e-Sports Canada, lors de deux soirées de sélection, qui se sont déroulées sous la forme d’un tournoi. C’est ce qui a ultimement permis au Cégep de l’Outaouais de sélectionner 16 cyberathlètes sur les 40 personnes qui ont démontré un intérêt particulier pour le nouveau programme. 

Les joutes électroniques de la LCSE sont parfois diffusées en direct via YouTube, ce qui permettrait au public de suivre les prouesses des Griffons du Cégep de l’Outaouais.  

Par contre, le Cégep de l’Outaouais n’a pas encore de compte YouTube attitré à la diffusion des activités entourant le sport électronique chez les Griffons.

Les Griffons

La première édition des Griffons est composée de Sébastien Girard, Cédric Chartrand, Mattis Hotte, Alex Beauséjour, Nicolas Roussel, Mathias St-Pierre, Nicolas Audet, Nathaniel Tardif, Jacob Lamarche, Mathis Bouchard, Louis-Mathieu Fournier, Carlos-Julian Torres-Ovalle, Jesse Clermont, William Rusenstrom et Tommy Charles. Il reste un poste qui n’est toujours pas comblé dans l’équipe.