Ces témoignages, faits à visière levée, font partie du site dusoutien.ca, une plateforme créée «par et pour les étudiants» dans une volonté manifeste de fournir un soutien psychologique à ceux qui vivent une détresse psychologique sur le campus depuis que la crise sanitaire et le confinement ont frappé, il y a un an et demi.
Le lancement du site, doublé d’une campagne de sensibilisation, a eu lieu lundi matin, à l’occasion d’une conférence de presse regroupant des représentants de la Confédération des associations d’étudiants et d’étudiantes de l’Université Laval (CADEUL) et de l’Association des étudiantes et des étudiants de Laval inscrits aux études supérieures (AELIÉS).
Pour la présidente de la CADEUL, Cyndelle Gagnon, il y a urgence d’agir. À 60 %, le niveau de détresse psychologique chez les étudiants serait trois fois plus important que dans la population, selon une étude réalisée en 2019 par l’Union étudiante du Québec. À l’automne 2020, 51 % d’entre eux vivaient une détresse psychologique élevée. «À (l’université) Laval, c’est un étudiant sur 14 qui pense au suicide. La problématique est réelle, présente.»
Slogans accrocheurs
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Reste à rejoindre ces jeunes qui en arrachent, ce qui n’est pas tâche facile. À peine un sur quatre va chercher de l’aide. «Le but de la campagne, c’est de normaliser la demande d’aide à tous les niveaux. On veut que la communauté sache qu’il faut être parfaitement à l’aise de le faire», insiste Cyndelle Gagnon.
Des slogans accrocheurs ont été affichés, ici et là, dans des lieux très fréquentés par la communauté étudiante. Impossible de les rater, que ce soit devant son casier («Tu peux pas tout garder en-dedans»), face à un miroir de la salle de toilettes («T’arrives plus à te reconnaître?») ou au moment d’ouvrir une porte («Quand ça va pas, s’ouvrir c’est la seule façon de s’en sortir.»)
Une fois sur le site, outre les témoignages de pairs, l’étudiant a accès à des programmes d’aide, à des initiatives organisées sur le campus pour briser la solitude et à des calendriers d’activités.
Présente à la conférence de presse, la rectrice Sophie D’Amours se réjouit de ce «projet rassembleur» axé sur la prévention. «La pandémie a exacerbé des problèmes. L’isolement a fait souffrir de nombreuses personnes. Les experts nous avertissent que cette pandémie pourrait laisser des marques à long terme, ce qui est très préoccupant.»
Fatigue cognitive
Depuis la fin du mois d’août, ce sont 721 étudiants qui se sont manifestés auprès du Centre d’aide aux étudiants de l’Université Laval. Sa directrice Louise Carreau, confirme l’augmentation des cas liés à la crise sanitaire. «Il y a beaucoup d’isolement, d’anxiété de performance, de fatigue cognitive aussi. Les cours en ligne demandent une attention qui est différente d’un cours en présentiel.»
Grâce à une équipe de 13 psychologues et de six intervenants psychosociaux, le centre est en mesure de répondre rapidement aux étudiants en crise. «Quand il envoie son formulaire, on en prend connaissance la journée même. S’il y a un drapeau qui se lève, si on voit que sa sécurité est menacée, il est rappelé la journée même. Sinon, il se peut se passer un délai de 10 à 15 jours avant la première intervention.»
Ne pas souffrir en silence
Pour le secrétaire exécutif de l’AELIÉS, Louis-Xavier Lamy, les étudiants de deuxième et troisième cycle sont également nombreux à broyer du noir, évoluant à «un niveau de recherche extrêmement compétitif». L’isolement lors de la rédaction des thèses et des situations financières souvent précaires contribuent à l’augmentation de la détresse psychologique.
«Il n’y a aucun avantage à rester isolé. Personne ne doit souffrir en silence. Vous ne serez jamais jugés si vous allez chercher de l’aide», résume-t-il, dans un cri du coeur à l’endroit de ses pairs.