Une première clinique interdisciplinaire en droit social en Outaouais

Emmanuelle Bernheim, professeure à la section de droit civil à l’Université d’Ottawa et responsable du projet de la CIDSO, Jean-Daniel Jacob, directeur en sciences infirmières à l’Université d’Ottawa et directeur du conseil d’administration de Droit-Accès Outaouais, et Anne Thibault, coordonnatrice de la CIDSO et avocate.

La Clinique interdisciplinaire en droit social de l’Outaouais (CIDSO) lancera ses activités mercredi dans les locaux de la Soupe populaire de Hull pour offrir des consultations sans rendez-vous aux personnes marginalisées pour les accompagner dans leurs démarches dans le système de justice, de santé et de services sociaux.


Des stagiaires de ces trois disciplines vont travailler de concert pour accompagner et conseiller les personnes vivant avec des troubles de santé mentale et en situation d’itinérance.

Première clinique du genre au Québec, l’équipe interdisciplinaire est composée de professeurs et de chercheurs de l’Université d’Ottawa et de l’Université du Québec en Outaouais qui superviseront les étudiants.

«[Le but] c’est vraiment tenter de décloisonner l’enseignement qui est généralement très facultaire en tentant de rejoindre les différentes disciplines et les professionnels», explique Jean-Daniel Jacob, directeur en sciences infirmières à l’Université d’Ottawa et directeur du conseil d’administration de Droit-Accès Outaouais.

Basée sur des résultats de recherches des dernières années, auxquelles la professeure à la section de droit civil à l’Université d’Ottawa et responsable du projet de la CIDSO, Emmanuelle Bernheim, a participé, cette approche tient compte des enjeux dans leur globalité en comprenant les diverses barrières et inégalités auxquelles font face ces gens dans l’accès à la justice et dans le respect de leurs droits.

C’est la recherche antérieure qui a été faite en clinique juridique qui montre que les gens quand ils viennent avec leurs problèmes juridiques, il y a en réalité beaucoup d’autres problèmes derrière. C’est pas juste du droit. Les professionnels du droit ne sont pas nécessairement bien placés pour répondre à ces besoins. On échappe un ensemble de choses dans ces consultations. L’autre élément qu’on a constaté, c’est le bénéfice de l’accompagnement.

Ce soutien à la personne peut aller de l’écoute active à l’information et aux conseils, mais peut aussi lui apporter une aide dans la recherche de logement, dans les démarches administratives et un accompagnement aux rendez-vous médicaux et à la cour.

Le croisement des différentes disciplines permet également aux étudiants de comprendre leur pratique de façon différente, croit M. Jacob.

«Par exemple, il y a des ordonnances qui sont émises en matière de non-consommation à une personne et si elle ne se conforme pas, elle va être en bris de probation, renchérit Anne Thibault, coordonnatrice de la CIDSO et avocate. Malheureusement, ce n’est pas nécessairement conforme à ce que la santé recommande. Ça demande de ne pas travailler en silo pour aider ces personnes. […]Si on ne se parle pas tous ensemble, ça crée des problématiques de santé publique.»

«L’ambition qu’on avait au départ, c’est de faire en sorte qu’on ait une formation axée sur la défense des droits, poursuit Mme Bernheim. Ce qu’on constate dans les trois disciplines, c’est que la défense des droits n’est pas nécessairement valorisée dans la formation de base et que donc, on souhaite aussi intégrer cette approche pour que les professionnels puissent l’intégrer ensuite dans leur pratique.»

Les consultations se font tous les mercredis de 12h à 16h au 297, boulevard des Allumettières.

Le projet de la CIDSO a reçu une aide financière de plus de 300 000 $ de la Chambre des notaires du Québec par le biais du Fonds d’études notariales.